14 août 2006

Conformisme moral

Ce n’est pas tant qu’il y a des barrières dressées par l’éducation et les bonnes mœurs qui me gênent, c’est surtout qu’aujourd’hui je constate avec dépit et crainte que l’immense majorité de notre chère population applique les préceptes de la « bonne conscience ». Qu’est ce donc que cet animal polymorphe qui s’adapte à son milieu tel un caméléon avide de se fondre dans la végétation ? en réalité je suppose que c’est simplement une méthode quasi infaillible permettant de se rassurer et surtout de s’assurer une tranquillité morale particulièrement pratique en société :
- Oui madame moi aussi j’ai donné pour la croix rouge.
- Oh mon dieu quel drame ces africains affamés et mourant à la télévision ?
- Quelle horreur ces bombes, donnons pour les sauver.
Quelle infection ! Quelle hypocrisie ! Combien se préoccupent des tenants et aboutissants, savent ils seulement pourquoi la guerre existe dans ces pays si loin et trop proches grâce à la lucarne télévisuelle ? L’infâme dispute sa place aux résultats du football dans les conversations et bon nombre de personnes semblent plus attirées par la protection personnelle par le sauf conduit du don volontaire.

Quel malheur que de voir qu’on s’autorise à être fier d’un don alors qu’il devrait être un acte de générosité ! Le don n’est PAS une marque de qualité humaine quand il est revendiqué. Le don est une facette de soi où c’est la générosité et l’unité générale qui doit être l’essence même de l’acte.

Prenons l’exemple de monsieur X ( convention décriée par M. Desproges ) : donneur pathologique aux bonnes œuvres déduites de ses feuilles d’impôt, X pratique sans vergogne le « détournement involontaire du regard en situation de sollicitation SDF-ienne ». Autrement dit, monsieur x (minuscule) n’a jamais prêté la moindre attention à ces gens qui font la manche. Se sent il coupable ? En vertu du « je donne déjà à plein de trucs légaux et faisant étalage dans les médias », x déterminera que sa moralité est sauve.

Par ces périodes estivales où la chaleur ne provoque que la mort des anciens (eux aussi abandonnés par leurs héritiers bien trop contents de goûter les joies de la côte ou des bains de boue en thalassothérapie) on pourra alors renier tout droit de quémander aux exclus de tout bord.
Coluche disait qu’il serait fier que les restaurants du cœur ne servent plus et qu’ils ferment. C’est une évidence : on ne peut pas être fier qu’une solution palliative à l’égoïsme généralisé soit en train de progresser. Doit-on se féliciter que ces associations fassent salles combles ?

Donner. Toujours donner, encore et toujours être mis à contribution. Cela peut évidemment être pénible, mais au fond l’erreur magistrale de ce scénario typiquement capitaliste n’est elle pas justement qu’on devrait trouver un moyen de fédérer et non d’exclure ? Par quel moyen ? Le TRAVAIL ! Pardi mais c’est pourtant simple… quoique… l’idée serait alors de reprendre les plans de relance comme il a été fait aux USA après le krach. Honnêtement, je doute qu’aligner des ouvriers aux frais de l’état pour construire des routes et des canaux soit aujourd’hui la solution miracle. Seule l’Allemagne nazie a réussi ce genre de tour de magie… en relançant la production militaire et l’engagement des forces vives de la nation dans les corps d’armées.

Moralité : seule la guerre génère suffisamment de dépenses et de bénéfices pour relancer réellement une économie et offrir une solution à moyen terme de plein emploi.

Quelle plaie cette humanité …

Aucun commentaire: