25 janvier 2007

Le vedettariat religieux.

La médiatisation des hommes et femmes d’église n’est pas un phénomène récent, surtout d’un point de vue revendicatif (pour ne pas dire vindicatif) de ces personnes ayant vouées leurs vies à Dieu. J’avoue, et ce non sans une pointe d’ironie sous-jacente que ça me fait sourire et même parfois rire jaune et pas uniquement à cause de mon addiction à la nicotine frelatant peu à peu mes organes respiratoires de constater qu’on puisse voir s’étaler sur les mêmes papiers (journaux) une toge ornée d’un crucifix et la dernière robe délurée d’une starlette en quête des appareils photos. Non que je sois contre la prise de position (sinon je ne serais pas présent ici à déblatérer ma bile glaireuse aux yeux de mes lecteurs), mais je trouve qu’il est fatalement difficile de tenir une position quand on parle de la Foi et non des choses bassement terres à terres. A chacun son boulot prétend-on dans les troquets au bord des comptoirs élimés par les chopes déposées négligemment par les serveurs épuisés, alors pourquoi la personne convaincue par la foi irait nous ressasser sa manière de voir sur la politique intérieure de sa nation ? n’a-t-il pas choisi comme emploi de soigner les âmes et non les portefeuilles. Bon… il est vrai que l’aumône sous la voûte assombrie et la légère pénombre méditative incite à la générosité, mais tout de même, peut-on demander au prélat de juger des impôts, des taxes foncières et autres prélèvements ?

Si je prends ce discours râleur concernant l’engagement politique et par conséquent médiatique des religieux c’est que je songe au décès de l’abbé Pierre. Vaste sujet que cet homme qui a, une fois n’est pas coutume au cours de son existence, rejoint paisiblement une demeure où nulle personne n’aura à lui faire de remontrance. Brave homme s’il en est, humble face à Dieu et courageux face aux hommes, il s’est battu pour la protection des faible, ces sans logis et sans espoir qu’on classifie aujourd’hui sous le trigramme SDF. Grâce à lui la mort d’un homme sur le bitume parisien n’est plus « normale », elle est simplement devenue « triste mais banale ». J’exagère à peine, mais ne doit-on pas les prises de consciences collectives grâce à ceux qui bougent de leur retraite (qu’elle soit dorée ou bien camisolée) ? C’est le portrait type de l’homme que j’apprécie, revendicatif et fier de ses opinions.

Là évidemment, vous allez me dire que c’est un non sens, je gueule à tue tête qu'un cureton ça n’a pas à foutre son nez dans les gamelles des politicards, puis que d’un autre côté j’admire la grande gueule de l’abbé Pierre. Non sens, reniement de mes opinions ? Pas le moins du monde, laissez moi finir (et par la même occasion écraser mon mégot)! Reprenons le fil de mes propos : l’âme oui, la politique non. C’est pourtant évident ! l’homme a bien agi en protégeant, en créant la fondation Emmaüs, en montrant à la face égoïste des français farcis de préjugés et d’indifférence que la rue n’est jamais plus éloignée du foyer que de quelques loyers en retard ou bien de la faillite d’une entreprise. Là où je vilipende le personnage (toute proportion gardée) c’est sur sa propension à vouloir amener le débat face aux parasites que sont nos experts en langue de bois. Voilà l’homme d’église, vêtu de son éternel pardessus et de son fidèle béret faisant remontrance aux hommes cachés derrière des cravates de soie aux motifs improbables. Le débat est-il seulement crédible ? Hélas non, d’une oreille distraite on a bien voulu entendre mais certainement pas écouter, et de fait plus l’abbé a braillé plus la caméra a flouée son image. Que nous reste t’il de lui si ce n’est ses interviews tonitruantes à la télévision, ses coups de gueule à tout propos, on est sûrement allé le chercher pour ses pronostics sur les coupes du monde depuis ces 30 dernières années…

Dramatique mon pauvre abbé, vous avez servi la cause médiatique au lieu de celle de Dieu. Qu’il me soit donné de vous offrir un épitaphe et je le ferais en ces termes :
« A vous homme de foi qui avez choisi l’image comme moteur pour sauver les hommes, à vous qui avez représenté la volonté inébranlable d’être humain, je vous dédie ces regrets pour vos actions charitables et ces remontrances pour vous être mêlé à la crasse politicienne ». Ca n’a rien de bien tendre de ma part, mais franchement, n’était il pas mieux à sa place, à aider et faire preuve de ce qu’il était dans le fond : un homme pas très loin d’être un saint.

Bon voyage au paradis Monsieur (majuscule) l’abbé Pierre.

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