09 février 2007

Croissance (première partie)

(Ce texte fait suite à une discussion avec une amie dont je tairai le nom)

La thématique de l’enfance est sans cesse reprise quelque soit le sujet abordé. C’est à se demander si nous en tant qu’adultes nous ne serions pas tentés de nous dédouaner de nos comportements en cherchant une interprétation lâche dans une quelconque raison antérieure. Ne dit t’on pas par exemple « il se comporte comme un enfant » ou bien pire encore « il est resté jeune dans sa tête » ? pourquoi l’enfant serait-il notre bouc-émissaire principal alors que nous sommes par essence les responsables de nos actes ?

On aura tôt fait de me dire que je suis cynique et que je défends vertement l’innocence infantile, et je répondrai à cette remarque que j’affirme que le gosse vaut mieux que dix adultes. C’est bien simple, si l’on plaçait un mioche au pouvoir, il trouverait soit le moyen de tous nous contenter en se mettant d’accord avec ses homologues, soit on serait tous atomisés au bout de quelques minutes de pratique du pouvoir. Le bac à sable est phénoménal d’un point de vue social puisque tout enfant y trouve sa place, quelque soit son ethnie ou même son handicap. Le regard discriminant chez les enfants n’est pas inné, mais un acquis que les parents se font fort de leur offrir en guise de cadeau de bienvenue en ce monde. Regardez donc cette marmaille se prêtant pelle, râteau et seau sans se poser de question sur le principe de propriété, ne sont ils pas attendrissant ? Ne grognez pas en prétextant les disputes et violences inhérentes au « c’est MON joujou » ou bien « Pas maintenant je joue avec », ils ne sont que le reflet d’utilisation temporaire et l’enseignement parental primaire sur les préceptes d’égo et surtout d’égoïsme bien placé. « Tu ne prêteras pas ton jouet à un inconnu », n’est-ce pas là une des règles d’or inculquée en bas âge ?

Depuis la naissance l’enfant est un scientifique alors que nous sommes des êtres dotés d’une masochiste sensiblerie : si l’on tend un hochet à un nourrisson celui-ci va procéder par ordre et ce d’une manière non pas empirique mais plutôt digne d’un laboratoire du CNRS ! en mains, forme agréable et toucher acceptable ; taper sur la tête, provoque douleur donc trop dur pour être utilisé avec force ; couleur perceptibles interprétées pour retrouver rapidement l’objet ; mis en bouche c’est non comestible donc rejet ; agitation, bruit intéressant mais surtout réaction béate de l’entourage proche. C’est donc ainsi que les parents s’extasient et que l’enfant lui secoue le jouet, hilare de voir des adultes se laisser abêtir par un bruit de grelots. Seulement l’adulte lui a un pouvoir vengeur, cruel et sans appel : il détient les clés de la nourriture et peut imposer des décisions incompréhensibles pour le mode de fonctionnement infantile primitif. Depuis la tétine enfoncée d’autorité dans la bouche de la petite victime en passant par la gamme des infections nommées « nourriture » (si si c’est marqué dessus) dont l’odeur répulsive fait même fuir les insectes les plus téméraires, l’adulte a un champ d’action et d’action de rétorsion évolué. Qui ne s’est pas posé la question de savoir si la couche n’est pas l’objet le plus intolérable pour la peau d’un enfant ? ne doit-on pas les rougeurs et irritations communes à ce carcan textile informe et finalement malodorant ?

Il est donc clair que dès l’âge le plus tendre on emprisonne notre progéniture pour mieux la contrôler.

Après, tel le plat froid dégusté de la vengeance sourdement fomentée, l’adulte expulse sa colère par des rites non seulement insupportables pour le gamin mais surtout totalement arbitraires. Que de nuits sans sommeil qu’on fait payer à sa descendance ! que de moments d’angoisse pour un simple rhume rendus au centuple ! le temps joue contre l’épanouissement et le mot « retard » est largement aspergé sur nos analyses : il parle « en retard », elle marche « en retard », ils sont « en retard », alors qu’en définitive ce n’est que nos méthodes par trop sadiques qui font que les enfants trainent au lieu de progresser. La mère qui cavale après les soldes ne traine t’elle pas son gosse d’un bras nonchalant au lieu de lui prêter une attention indispensable ? qui n’a pas râlé contre cette petite tête qui vient de découvrir à son corps défendant que le verre n’aime pas les chutes ? insidieusement on leur fait payer les soi disant misères des moments postnataux.

Et pardessus tout cela n’oublions pas ce comportement Pygmalion que chaque adulte a lors du choix des vêtements, des jouets ou pire encore du repas.

La suite au prochain article…

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