08 mars 2007

Et si Murphy avait finalement raison ?

Pour qui ne connaît pas la loi de Murphy, en voici un résumé :« Tout ce qui ne doit pas merder merdera forcément au plus mauvais moment ». A partir d’un tel postulat on pourrait feindre d’ignorer le cumul des malchances et se dire que ça fonctionnera, que pour une fois l’aléatoire jouera en notre faveur à tous (si possible). Et pourtant !

Qui n’a pas poussé un hurlement de colère contre l’assiette ayant respectée les lois de Newton est soit un nourrisson incapable d’atteindre le placard soit un muet, et j’ajoute au surplus qu’aussi étonnant que cela puisse paraître certains lieux sont favorables à Murphy : la salle de bains avec ce … de savon de Marseille, à la cuisine avec cette saleté de casserole qui n’avait pas à être pendue là et j’en passe. Quoi qu’on fasse, qu’on tente ou non de placer des sécurités préventives et même de s’équiper en conséquence cette satanée loi nous rattrape ! C’est singulier de devoir tolérer l’incertitude douloureuse du risque avéré de la chute d’un pot de géranium juste au moment où l’on passe dessous ou bien la probabilité invraisemblable d’être attaqué par un gorille en plein Paris.

De fait, la plaisanterie a très mauvais goût - souvent de sang - quand il s’agit de vie courante. Combien d’accidents sont ils provoqués non pas par l’inconscience mais par le « pas de bol » ? Chaque jour, chaque seconde qui court sur la trotteuse implacable des goussets du ciel nous devons accepter un sort des plus pathétiques. N’est ce pas risible de survivre à un bombardement et de mourir tué par une simple grippe, tout comme l’homme ayant réchappé à un naufrage et s’empoisonnant en mangeant trop vite du sucre, et pire encore le pauvre mineur qui sort de l’enfer en un seul morceau fauché le jour même par un chauffard… tous ont en commun un destin qui d’un côté est douloureux et de l’autre qui laisse une image faussée par l’esprit tordu des gens.

Ce qui est terrifiant c’est le côté systématique de la chose, car tout ce qui peut et doit rester en marche se fera une joie de tomber en panne au moment le moins propice. Le petit matin frileux avec cette insupportable voiture qui se refuse à s’ébrouer au coup de clé alors que la veille, par un temps dix fois plus maussade elle avait été héroïque face aux éléments, qui n’en a pas appelé aux forces du mal pour réduire l’engeance mécanique en tas de tôles broyées ? Comme le tout à chacun c’est une force supérieure qui domine les débats par sa sûreté dans ses faits. Depuis l’antiquité avec un Pompéi réduite à néant jusqu’au Pinatubo s’esclaffant sur les villes et contrées aux alentours, c’est en premier lieu la nature qui prend son plus gros tribu pour l’offrir aux pieds d’un Murphy fort satisfait de la faucheuse écologique.

Il est vrai que le monde seul ne se suffit pas à lui-même pour éliminer une quantité invariable de pas chanceux : il n’est pas évident de mourir d’une chute d’arbre en plein Paris tout comme il est difficile de recevoir une rivéria sur la tête en pleine forêt équatoriale. Nous sommes générateurs d’évènements tout aussi grotesques qu’imprévus qui ne se limitent pas à nos actes mais également à nos idées. La démocratie est une sublimation de l’obsolescence des relations sociales tant il est vrai qu’un bon réformateur se doit paradoxalement d’instaurer une dictature pour réussir, et qu’un socialiste fier de ses opinions pour et par le peuple revendiquera la paternité de lois interdisant par exemple l’avortement ou le mariage gay.

Le modernisme est un facteur essentiel car à mieux enclaver les hommes on leur ôte finalement tout esprit stable et toute fiabilité de jugement. Le moyen âge avait suffisamment de calamités pour que le peuple ne s’essaye pas à voler ou bien à descendre une cascade enfermé dans un tonneau. C’est la modernité qui est facteur aggravant des dégâts de la loi de Murphy : et oui le parapente qui est soufflé contre la paroi, le parachute qui ne s’ouvre pas, la voiture qui n’a plus de freins, la personne bloquée dans l’ascenseur le jour de Noël… et j’en passe, tous doivent quelque chose à Murphy ! Les exemples de déterminisme mécanique ou électronique sont légion et sincèrement je ne doute pas un seul instant que c’est un descendant de Murphy qui a travaillé à la conception même de nos outils informatique ! C’est TOUJOURS quand on doit sauvegarder que le système tombe et c’est à chaque nécessité de restaurer une information que l’environnement constate avec effroi que le disque dur est aux abonnés absents.

Finalement Murphy a juste oublié de préciser que la majorité des situations ne sont que la conséquence ou plutôt de l’inconséquence humaine. En ce qui me concerne le type qui se noie pour sauver… un poulet …

je me demande sincèrement si Darwin n’aurait pas été copain avec Murphy.

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