19 mars 2007

Je reviens à la charge!

Je reviens à la charge sur mon propos concernant Monsieur S. et sur mon analyse qui semble avoir été quelque peu polémique… j’entends bien, il est vrai que le parallèle était on ne peut plus osé mais le week-end fut riche en enseignements.

Je me dois de citer une phrase qui m’a tout particulièrement choqué alors qu’elle est mise paradoxalement en avant dans tous les médias français. Je cite « Je ne crois pas à une politique de la jeunesse mais je crois à une politique qui permette à la jeunesse de se construire un avenir à la hauteur de ses espérances et de ses rêves. Je ne veux pas vous aider à rester jeunes, je veux vous aider à devenir des adultes qui accomplissent leurs rêves de jeunesse. » Suis-je le seul à être surpris du propos, suis-je donc le seul à être littéralement outré par le procédé ? Bien évidemment on va me taxer d’être anti S. mais soyons francs, dans sa bouche, surtout vu les méthodes employées jusqu’à présent dans sa communication ne laissent que peu de doutes sur ses relations avec ce qu’il appelle «la jeunesse française ».

Tout d’abord, se rend-il compte qu’il s’adresse là qu’à une part favorisée des auditeurs ? le jeunisme populiste n’a d’autre cible que les enfants de ceux qui sont convaincus par la politique nationaliste de cet homme, et d’autre part ceux qui jeunes adultes ont déjà avalés les ferments d’une « haute idée » de la France. Dans l’absolu, il est regrettable que le sujet soit donc assujetti aux nantis et autres bobos pour qui le terme de cité regroupe pèle mêle la violence urbaine, la montée du sectarisme et l’héritage architectural de le Corbusier. Pour les autres, l’incitation reste donc pathétiquement plate et dénuée de toute considération sociale concrète. Quid de la réhabilitation des quartiers défavorisés ? oubliées les promesses sur l’embauche des français d’origines immigrées ? Ca laisse tout de même pas mal de monde sur le trottoir !

Ensuite, là où j’explose de colère c’est que tant sur le fond que sur la forme il s’agit visiblement d’une méthode de propagandiste, et étrangement je lui trouve des relents rances de national socialisme. Les enfants et adolescents embrigadés n’écoutaient-ils pas des discours enflammés sur la haute valeur de leur avenir au sein de la Nation ? Je crie au scandale ! la jeunesse se fout d’une éventualité, d’une perspective, elle demande tout d’abord qu’on ne la considère pas comme quantité négligeable : un pays ne se bâtit pas que sur les grandes entreprises, elle se fonde surtout sur la formation de ses enfants. N’allez pas ressasser que le système scolaire saura nous doter d’une élite intellectuelle et morale en quelques années, c’est une chose qui d’une part est impossible et d’autre part totalement dénuée d’intérêt. Ce qui compte pardessus tout c’est de préserver tant la haute valeur de nos diplômes, c'est-à-dire de par exemple ne pas solder le BAC pour se targuer d’avoir de bons résultats, d’ouvrir les portes des hautes écoles à tout le monde et ainsi interdire les sélections au nom ou à l’adresse postale, que de s’assurer de la pérennité des entreprises en évitant les délocalisations ou faillites frauduleuses. La plupart de nos politiques ne voient qu’un avenir fait de sociétés de service, mais n’oublierait-on pas rapidement que l’égalité intellectuelle n’est qu’une utopie et que par conséquent il faudra savoir, et ce très rapidement, former des jeunes aux métiers manuels ou aux technologies de la production ? pourquoi avoir dénigré des années durant l’artisan plombier ou le maçon ?

Le dernier point qui me révulse c’est qu’au fond la phrase sent la rhétorique de bistrot, le genre de propos que pourrait tenir n’importe quel vindicatif accoudé au zinc serrant le demi dans ses doigts devenus arthritiques avec l’âge. « Moi j’propose que… », c’est fou comme poser l’image d’un braillard ne saurait dénaturer le fond et la forme de ce discours. En guise d’invitation aux jeunes à s’impliquer Monsieur S. a fini par inviter SON électorat (en fait les jeunes votants aisés débarrassés des opinions gauchistes d’adolescents révoltés) à le soutenir sans pour autant proposer quoi que ce soit de fédérateur pour les autres.

Et vous vous demandez encore pourquoi bon nombre de jeunes se moquent de la carte d’électeur ? à ce jour je n’ai encore rien vu qui saurait m’inviter à réagir favorablement pour quelque présidentiable que ce soit, surtout sur le thème des jeunes

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