17 avril 2007

Impression de déjà-vu.

Nous sommes en 2007 il me semble, et tout bien considéré à l’échelle de l’Histoire non prédécesseurs envisageaient les dates postérieures à 2000 comme étant selon toute probabilités celles de la paix universelle et du règlement des crises internationales. Navré les penseurs, les visionnaires, les écrivains de science-fiction, les années 2000 post-apocalyptiques ne sont guère plus stables que ne l’ont été celles de votre vivant. Que ce soit au 19ème siècle prophétisant l’arrivée de pleins de nouvelles technologies et d’une science toute puissante par delà les gouvernements devant se plier à l’Humanité et non à l’inverse, jusqu’aux penseurs idéalistes hippies croyant dur comme fer que les grandes puissances finiraient par s’entendre pour obtenir une paix durable, j’annonce non sans une pointe d’ironie acide que l’aspect cyclique des coups morbides mondiaux est loin de s’étioler.

Bien des gens se servent de la référence de guerre mondiale pour estimer si, par le malheureux jeu des influences mal maîtrisées le monde suit ou non une voie d’auto destruction. Personnellement il me semble que ce seul critère est bien faible en regard des autres, notamment toute la branche politique qui se doit d’être analysée avec soin. Quelle différence entre les années 60 et aujourd’hui ? Qu’on me parle du communisme de l’est aujourd’hui disparu et je rétorque immédiatement que la Russie s’apprête à riposter diplomatiquement, voire militairement à l’installation de bases militaires sur le territoire de la Pologne et de la République tchèque. Ca ne fait pas songer à la crise Cubaine tout ça ? Poutine ne vit-il pas la menace Américaine avec le même sens aigu du risque de leur proximité que Kennedy lors de la dite crise ? Bis repetita peut lancer sans erreur l’observateur lointain et amusé.

Les chiffres parlent de moins de morts, d’une « amélioration » notable des conditions de vie. Là je fais des bonds ! Quelle amélioration ? Les états du monde sont à présent assujettis au système du marché mondial, et en cas de crise à l’emprise du FMI et par voie de conséquence au destin des USA. A chacune des crises rencontrées dans le monde le fonds est intervenu avec pour seul résultat d’amener des populations entières à vivre avec moins de 2 dollars par habitant et par jour. Ce n’est plus de la pauvreté, c’est de la survie au sens terrible du terme. J’aimerais alors qu’on ne dénombre pas que les morts lors de conflits armés mais aussi ceux par la famine ou par les maladies non endiguées par le manque de moyens et je pense qu’on pourrait avoir tous un regard bien moins condescendants sur la situation mondiale.

L’aspect politique est une chose déjà bien mal soignée par nos grandes puissances, alors que dire des prises de positions militaires ? Les USA sont embourbés dans un conflit que tous ou presque nous prophétisions comme étant un futur Vietnam, la France tente de retirer ses troupes de Côte d’Ivoire avec les risques que cela engendre et les Russes n’en finissent pas de devoir gérer une économie vérolée et un peuple largement mécontent. Aucune grande puissance ne peut prétendre avoir une véritable paix totale et aucune troupe en situation d’alerte permanente voire de combat actif. Si c’est ça l’évolution de l’an 2000…
La Côte d’Ivoire parlons en justement : ça ne rappelle pas tous les pays qui se déchiraient, où les troupes se sont placées pour les séparer puis qui ont recommencés à exploser dès la force d’interposition partie ? Qu’on ne me fasse pas avaler qu’une union nationale va naître par la création d’une armée réunie : tout le monde sait qu’il y aura des rancoeurs, des conflits de compétences et que tôt ou tard le président Bagbo devra soit affronter une armée frondeuse soit une révolte populaire. C’est pour ainsi dire inévitable excepté s’il y a pas de loi pour légiférer sur les responsabilités personnelles durant la guerre civile. Sans pardon national, pas de paix.

Globalement le cliché 2007 est donc tout aussi mauvais que les années précédentes : des guerres dans le tiers monde avec des armes des membres du conseil de sécurité de l’ONU, des interventions tant politiques, économiques que militaires par ces mêmes puissances avec quasi systématiquement un échec latent, des retours en arrière dramatique avec une renaissance mondiale des partis des extrêmes… Non sincèrement il n’y a guère que la relative stabilité européenne qui, pour le moment permet d’être rassuré sur le sort des habitants du vieux continent. Notre dernière guerre remonte à … tiens si l’on réfléchit ainsi l’Ex Yougoslavie ce n’est pas si vieux que ça non et puis Chypre, ça n’est toujours pas entièrement réglé !

Oh rage, oh désespoir, oh Humanité ennemie…

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