15 mai 2007

Je ne suis pas à plaindre

Si bon nombre de gens acceptaient de regarder en face cette réalité alors peut-être pourrions nous vivre en meilleure harmonie… quelle triste vérité que de savoir que les plus braillards, les plus plaintifs de nos con-citoyens ont des situations sociales stables, des vies privées on ne peut plus normales et qu’au fond ce dont ils se plaignent est toujours que le voisin est soi-disant mieux loti que lui. A cette constatation je me pose la question suivante : n’est-ce pas finalement le matérialisme qui pourrit notre monde au lieu que ce soit l’imbécillité humaine ? A être trop obnubilé par le possessif et à s’entêter sur le besoin pathologique d’acheter, détenir et acquérir on en arrive donc à craindre de perdre les dits biens ainsi que de jalouser les autres qui ont, allez savoir pourquoi acheté quelque chose de plus performant ou plus récent.

On frôle l’indécence : aujourd’hui la France surproduit et surconsomme de manière hallucinante, les produits frais par exemple n’arrivant sur les étals qu’à 60% environ (voire moins !) le reste étant exclu parce que prétendument de moins bonne qualité. Hallucinant le gâchis annuel alors que le nombre de sans logis lui ne cesse de monter. Mourir de faim en France me semble la pire honte qui soit pour une démocratie moderne et progressiste. Personne ne regarde ces erres qui recherchent en vain la chaleur et un peu de compassion, par contre se plaindre d’un rhume et d’en faire une affaire d’état ça l’on sait faire à loisir !

Je m’estime chanceux : je suis dans une condition physique acceptable, d’un point de vue mental ça semble être relativement supportable bien que je tape sur les nerfs de bien des gens, et au final j’y vois une chance de la Providence. Pourtant, on continue à couiner pour le petit mal de pied après une marche, le bobo à la tête… et le gosse atteint d’une leucémie lui se plaint il sans cesse ? Non il vit, douloureusement, mais c’est sa Vie qu’il défend de son corps meurtri par la chimiothérapie et les injections. Rendons hommage au courage silencieux des malades qui semblent être absents des débats.

Tout le monde peut se trouver un prétexte ou une raison suffisante de dire que sa vie n’est pas parfaite, mais libre à lui de la faire progresser ! L’adulte est libre de ses choix en France, il n’est pas condamné à faire toujours le même boulot, à voir les mêmes gueules tous les jours… C’est un fait : il existe quasiment toujours une solution, même si certains sont effectivement dans une détresse noire, mais comme par magie ceux là on n’en parle qu’en hiver ou quand c’est bon pour une propagande. Le SDF aura autant en été qu’en hiver besoin d’un toit et de deux plats chauds, la fillette atteinte de mucoviscidose ne guérira pas une fois le téléthon parti de sa chambre… La solidarité ce n’est pas une fois l’an, c’est un travail quotidien et difficile.

On peut dire que les pouvoirs publics sont responsables, et dans une certaine mesure ce n’est pas faux, mais quelle est la solution ? Si l’on demande aux gens de payer pour aider ceux qui en ont besoin ça sera toujours « encore nous qui crachons au bassinet ». Bien évidemment qu’il faut payer, mais alors n’est il pas scandaleux que des associations comme les restos du cœur doivent exister pour compenser un manque flagrant dans nos institutions ? Coluche a dit un jour que son plus grand bonheur serait que les restos disparaissent… c’est loin d’être le cas aujourd’hui et ce n’est pas pour demain non plus…

Les choix sont cornéliens : 50% des actifs ne payent pas d’impôts et bon nombre des capitaux fuient la France à cause des surtaxes, ISF en tête. Je ne conteste pas le besoin de ponctionner plus un riche qu’un bas salaire, par contre qu’on m’explique par quelle opération du saint esprit 50% d’actifs ne payent RIEN, ce qui sous-entend que l’autre moitié doit payer pour deux (logique implacable). Il y a urgence dans la réforme de ponction des revenus, urgence dans la révision des dépenses publiques, notamment en ce qui concerne l’aide sociale : qu’on cesse de rembourser des médicaments ou plus justement se qualifiant médicaments en n’étant que des placebos et qu’on utilise alors la différence pour l’aide sociale. Le besoin de logements est aujourd’hui terrible, l’augmentation des tarifs immobiliers rendent invivables certaines situations, il est scandaleux qu’un salarié vive dans sa voiture… parce qu’il ne touche plus assez pour se payer un loyer.

Notre égocentrisme nous pousse à ne voir que nos propres plaies et jamais celles du voisin, et il n’y a que lorsqu’on est confronté à la douleur qu’on apprend à ses dépends qu’il n’y a que peu de gens pour se soucier de vous. Qui s’inquiète de l’accès handicapé dans les restaurants ? Moi, jusqu’à avoir dans mon entourage des amis se déplaçant en fauteuil… jamais. Aujourd’hui ? Pas de rampe pas de restaurant, surtout s’il sont là. C’est un devoir national d’être part active dans le tissu social et communautaire, et l’impératif va se faire sentir de plus en plus fortement dans les prochaines années, car ceux qui vivent mal le silence sur leurs situations finiront par transformer la rue en champ de bataille… ça a parfois commencé mais pour de mauvaises raisons. Soyons prudents, avançons, mais avançons en une nation unie et intelligente, pas en groupes nombrilistes et trop fiers d’être ce qu’ils ne sont pas : une représentation de la France.

Non décidément je ne suis pas à plaindre et ceux qui me lisent là, je doute qu’ils le soient vraiment…

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