16 juillet 2007

Peine de mort

Le vieux débat, celui qui choque au moins autant qu’il enflamme les esprits. L’image de la guillotine, du peloton d’exécution, de la chaise électrique, de l’injection létale. Qui ne s’est jamais posé la question existentielle sur la moralité ou notre capacité à dispenser une peine extrême en guise de sanction pour un criminel, enfin du moins une personne jugée comme tel ? La nature même de la question réside sur plus d’un terrain contrairement à ce que peuvent prétendre ceux qui l’appellent de leurs vœux que ceux qui trouvent son principe intolérable.

L’aspect juridique.
D’une certaine manière c’est le terrain où il y a le moins de difficultés à appréhender. Le législateur doit choisir entre autoriser ou non l’usage de la peine de mort ainsi que déterminer son cadre exclusif d’utilisation. De fait, si l’Etat décrète la légalité de l’usage de la guillotine, il ne statue absolument pas sur sa part morale lors de l’exécution de la sentence. La Loi a force de décision et non d’analyse sociologique. On ne dit pas si c’est bien ou mal, on dit si c’est autorisé ou interdit. Distinguer ces deux aspects est essentiel pour mieux comprendre la difficulté à légiférer. En effet, tout débat sur la justice est toujours partisan et empreint d’une sensibilité morale fort peu pratique pour agir avec précision et sans engagement autre que de servir avec justice le peuple. De fait, la pression exercée sur les gouvernements proviendra toujours de groupes engagés dans des croisades d’opinions, bien souvent guidées par des réactions plus hostiles au gouvernement en place qu’à l’idée par elle-même. Prenons la constitution européenne : elle a été refusée non pour son contenu mais pour sanctionner les hommes et femmes en place. De ce fait la peine de mort pourrait bien être remise en place, sous couvert que la rue ne se mette pas à battre le pavé pour refuser la restauration d’une telle méthodologie exécutoire.

L’aspect moral
Distinguons morale et religion : la morale est présente chez toute personne avec plus ou moins de sens et de notions de valeurs, alors que la religion est affaire de croyances personnelles et donc uniques à chaque être humain. La morale voudrait qu’on ne tue pas un homme, même sous couvert de se débarrasser d’une vie trop dangereuse pour la communauté. Par dérivation c’est le concept d’éliminer le chien qui a la rage… seulement dans quelle mesure peut on toujours croire que préserver la vie est possible ? L’invasion d’un pays étranger n’impose t’il pas la levée des masses dans des troupes armées, prêtes à l’affrontement et donc à la mort ? La morale est faite de paradoxes impossibles à accorder dès qu’on aborde la question du droit de vie et de mort. Qui décide ? Les jurés susceptibles de se tromper ou d’avoir des opinions partisanes ? Le juge ? Homme de loi mais homme de convictions ? Le chef d’état pas plus qu’un autre ne saura être toujours le meilleur juge. L’inégalité est humaine tout autant que la justice idéale ne l’est pas. D’un côté on revendiquera la nécessité de protéger la communauté, quitte à encourir le risque de la fameuse erreur judiciaire, de l’autre la protection à tout prix d’une vie… C’est donc un débat moral et non juridique qui est son point de blocage.

L’aspect religieux
On entend souvent dire que les groupes de pressions sont areligieux, chose qui à mon sens est un mensonge éhonté. La pression menée sur un gouvernement quand cela touche de si près à la Vie ou à la Famille (au sens large du terme) provient systématiquement de congrégations et d’unions fortement politisées par la religion. De fait, si un groupe lance que « Dieu est seul à pouvoir avoir le droit de Vie et de Mort », tout est dit ! A-t-on seulement idée du danger d’un tel discours ? Les choses terrestres que sont la justice et l’ordre ne doivent pas appartenir à la foi, ce n’est pas en vain que les gouvernements se sont peu à peu dissociés de l’église pour mieux prendre le contrôle des institutions. Pourquoi un gouvernement devrait avaliser ses lois par une instance basée sur la Foi et non sur la Loi ? Dans le même schéma mais en parfaite opposition certains pays ont repris des exécutions par lapidation, méthode barbare qui n’est qu’une survivance de rites auxquels des religieux s’attachent à donner une dimension spirituelle. Oter la vie n’a rien de spirituel, c’est plus un acte soit réfléchi et déterminé par les circonstances, soit un accident dramatique qui aura un impact démesuré.

L’aspect répressif
Vaste débat : la peur de la mort suffirait-elle à réduire les crimes ou bien les criminels ne craindront pas ce procédé ? Les USA peuvent être un exemple : cela sert aussi bien à faire peur qu’à techniquement réduire la population carcérale. Dans un cas comme dans l’autre personne ne peut prétendre à démontrer ou infirmer ces allégations. Je suis plus que circonspect sur l’aspect propagande de la peine de mort. Pas un pays ne peut se targuer de meilleurs résultats par une répression plus sanglante. A contrario des pays ayant abandonné la peine de mort semblent voir réduire la délinquance grâce à la prévention…

Pour ou contre la peine capitale… la question est si délicate qu’elle provoque en moi des réactions contradictoires. Si c’est un tueur d’enfant, vais-je le condamner plus facilement qu’un trafiquant de drogue (la Thaïlande applique la peine de mort pour le trafic de stupéfiants, quelque soit la quantité transportée…) ? Si les preuves sont insuffisantes, dois je être clément ou bien maintenir ma décision d’envoyer le détenu à l’échafaud ? Quelle sera ma responsabilité en cas d’erreur judiciaire ? Va-t-on juger le vrai coupable, et lui aussi l’envoyer à l’échafaud ? Trop de questions méritant des réponses auxquelles nul ne peut répondre sans prendre un parti personnel et non celui de la population. Les pro guillotine sont souvent ceux qui estiment que la mort serait le seul remède pou les criminels sexuels ou « barbares ». Notons avec ironie que l’estimation de la violence d’un crime varie selon les cultures et les personnes impliquées. On pardonne plus facilement un crime passionnel si violent soit-il qu’un braqueur ayant eu à tirer sur la police pour couvrir sa fuite. Qui est le plus coupable des deux ?

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