29 août 2007

L’ivresse de la bêtise

J’apprécie tout particulièrement de découvrir à quel point la profondeur de la bêtise peut être insondable, à tel point que la fosse des Mariannes passe pour une simple baignoire. S’il est dit qu’on peut être profondément stupide, je crois qu’il y a aussi une certaine ivresse dans l’idiotie. C’est à cette seule condition que je puis comprendre qu’on aille chercher au plus profond de soi les idées les plus saugrenues. Dans l’absolu, nous avons tous un fond ridicule, des idées qui ne méritent pas d’être énoncées, mais d’autres vont jusqu’à nous les jeter à la figure et s’en vanter à qui voudra bien l’écouter.

Etant un fervent nataliste, entendre par là que j’estime qu’enfanter se doit de rester l’acte le plus naturel possible, j’ai découvert qu’il estime une sous-espèce dans la race humaine, celle qui prend le parti d’estimer que la Nature est stupide de nous avoir donnée la reproduction sexuée comme modèle et qui rêve que la technologie puisse un jour nous débarrasser de la relation physique comme moyen de procréer. Présenté ainsi ça semble obscur, mais résumons ceci sous la forme du modèle « grossesse ex vivo », c'est-à-dire le concept d’utérus artificiel. J’avoue, quand j’ai eu le malheur d’entendre ce principe, j’ai hurlé tel le loup devenant fou à l’odeur de la chair fraîche, j’ai désiré déchirer la personne à coups de crocs et offrir sa carcasse aux dieux les plus sanglants.

Précisons le contexte : une jeune personne, semblant saine d’esprit et ma foi intelligente énonce à la plèbe qu’elle ne désire pas enfanter autrement que par fécondation in vitro et que l’idée même d’avoir un père biologique connu à associer à son enfant lui semble intolérable. En essence, j’ai d’abord émis l’opinion qu’il s’agissait là de féminisme caricatural, le genre « Je dispose de mon corps comme je l’entends ». D’une certaine manière je ne saurais être malhonnête en lui refusant un tel droit, mais peu à peu j’ai constaté qu’il s’agissait non pas d’une saine revendication d’équité mais carrément l’exigence de pouvoir se passer d’un être masculin pour toute forme de procréation. « ARGH » ! M’écriais-je en bondissant hors de ma chaise, une cinglée ! car oui j’ai immédiatement supposé que j’avais face à moi un personnage dont la santé mentale était aussi déficiente que… la santé économique de Cuba sous règne Castriste.
Non contente d’exiger le droit à l’emploi sans contrainte de sperme congelé, la voilà partie sur des terrains glissants comme la possibilité de créer des enfants ex vivo à l’aide d’utérus artificiels, la nécessité pour les hommes de pouvoir obtenir des enfants par cette méthode « moderne » (sic), et même en cas d’échec de cette hypothèse l’utilisation intensive de mères porteuses. Là, tout à coup, j’ai cessé mon sourire ironique face l’hystérie féministe pour laisser place à la terreur antinazie primaire. Oui, ça je lui ai dit en substance, ce genre d’idées sont plus à mettre au compte de l’eugénisme du pouvoir du petit brun qu’à la modernisation des assistances à la procréation. Bien entendu j’ai eu le droit à une bordée d’insultes et de noms d’oiseaux, la jeune femme m’affirmant avec froideur que les progrès de la science seraient somme toute une aide énorme au bien-être de l’humanité. Pardon ? Bien-être ? Ce que je vois ma petite c’est surtout la faculté de décider seul(e) de faire un enfant, de ne plus nécessiter de vie sociale pour en avoir un et au surplus de le choisir tel un produit de supermarché.

Peu de choses me font peur, certaines mêmes supposément effrayantes m’apparaissent comme inévitables et parfois même jouissives, car finalement l’inévitable a ceci d’agréable qu’il suffit de s’y préparer pour l’accepter. Accepter la mort, la bombe atomique, la présence d’imbéciles au pouvoir, tout ceci n’a rien de bien difficile à assimiler, mais quand même, se reproduire dans un sac de plastique ou coucher avec un morceau de glace, là je râle et tremble d’effroi. Il est pour moi hors de question de tolérer ne serait-ce qu’une seconde ce genre de procédés, surtout pour des points de vues purement de confort et d’égoïsme, car c’est bien d’égocentrisme qu’il s’agit et non d’une nécessité thérapeutique. « Faire un bébé toute seule »… est-ce là une vie ? Et pour un homme, avoir un enfant à l’aide d’une mère porteuse ? Et pour cette mère, quels sentiments va-t-elle éprouver en donnant l’enfant qu’elle a eu en elle pendant neuf longs mois ? Un enfant n’est pas une télévision que l’on commande via internet ou qu’on vous livre par chronopost bordel !

J’entends déjà les femmes qui me font le procès de l’homme macho qui se croit indispensable. Pas le moins du monde, je ne suis pas plus indispensable que vous ne l’êtes, nous sommes tous des abats au moment de l’équarrissage et quoi qu’il vous en coûte, notre génome est totalement construit de la même manière. Ce que j’entends faire comprendre c’est qu’en dehors des aides qu’apporte la science aux problématiques de fécondité, je n’estime pas nécessaire la possibilité de ne pas passer par la case famille pour élever et faire un enfant. On arguera bien entendu qu’il est parfois préférable d’être seul(e) que d’être en couple mais après tout, l’enfant, lui, il la posera un jour la question « c’est qui mon papa ? ».

Finalement, après en avoir discuté avec plusieurs femmes, toutes ont tenu le même discours : « et l’amour ? ». Elles ont mis le doigt là où ça fait mal : faire un enfant ainsi c’est refuser de donner de l’amour mais aussi refuser d’en recevoir. Voilà une vision bien morne de l’avenir…

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