20 septembre 2007

Lire sur les traits

En voilà un, de jeu passionnant… c’est un véritable défi que de décrypter sur le visage d’une personne connue ou inconnue ses motivations et ses décisions. Evidemment, ça n’a d’intérêt que lorsqu’on peut en tirer un fou rire sincère, ou tout du moins une réaction judicieusement accompagnée d’un mot d’esprit.

Coupons court à toute idée saugrenue : loin de moi l’idée d’aller observer des larmes ou des visages fermés par la douleur, là il s’agit simplement de comprendre ce que la vie courante nous offre comme portraits. Prenez un miroir, il est supposé être le reflet de l’âme, alors que souvent il n’est le reflet que de la platitude et du néant intérieur de chacun. Parfois il arrive tout de même que l’œil glauque marquant une soirée trop arrosée et les joues creusées par une fatigue excessive puissent être la marque indélébile d’un surplus fêtard ainsi que d’une passion dévorante pour la boisson. Ainsi, l’observateur un rien malin pourra en déduire que la fête fut plutôt réussie et que le sommeil s’en retrouvera être trop court.

Pourquoi aborder une telle analyse ? Et bien ceci fait juste suite à un de ces évènements ineptes mais jouissifs qui ponctuent parfois le quotidien. Je m’explique et précise le contexte : un collègue débarque, le sourire aux lèvres, et m’annonçant avec une certaine fierté qu’il a un entretien avec un haut responsable. Allez savoir pourquoi, mais j’en ai déduit qu’il démissionnait, chose qu’il confirma dans une demi hilarité s’accompagnant d’une hilarité totale de mon côté. Epris d’esprit je ne pus alors pas me retenir d’ajouter avec malice que « Oui, c’était évident : on ne vient pas voir un patron avec le sourire aux lèvres pour autre chose qu’une démission… » Cynisme, quand tu nous tiens tu ne nous lâches plus…

Bref, l’humour peut s’avérer un moyen radicalement efficace pour effacer la grisaille d’un après-midi sans relief. Rire de l’absurdité d’un raisonnement rend toute chose bien plus futile et surtout désacralise cette notion imbécile d’urgence. Ici, il ne s’agit pas de soigner des âmes ou des corps, mais juste de rectifier des défauts d’outils informatiques, chose qui, on doit bien le reconnaître malgré tout le tintamarre fait autour de ma profession, n’a rien de si critique que ça. Attendre deux heures ou deux heures et demie pour récupérer un programme défaillant, ça n’est pas soigner un blessé grave tout de même…
En fait, lire sur le visage des autres ce qu’ils ressentent amène aussi à se critiquer soi-même car voir un regard courroucé accompagné d’un silence appuyé doit inévitablement inviter à se demander « où est ce que j’ai bien pu merder ? » et, tant qu’à faire, « Bon… je répare ma connerie comment, moi ? ». Pour ma part, je suis d’une maladresse chronique est tout à fait à la hauteur de ma diplomatie de bulldozer. Hélas, j’ignore souvent le principe qui énonce que le silence permet de passer pour un con, parler permet par contre de ne plus laisser de doutes à ce sujet. Bien évidemment, nous sommes tous le con de quelqu’un…

Le visage parle souvent plus que les mots ne veulent bien le dire. Prenez votre compagnon (ou compagne, tout dépend qui me lit) et surveillez ces joues, ces yeux et ces lèvres qui s’agitent tandis que vous abordez un sujet : vous y trouverez autant, si ce n’est plus que la simple réponse verbale et bien souvent formatée pour ne pas vous vexer ou vous peiner. Quoi que parfois les mots sont suffisamment riches pour ne pas se turlupiner outre mesure. Mesdemoiselles, si un homme vous dit qu’il vous trouve belle malgré les bigoudis ou le masque de beauté, ne le mettez pas en doute, il est sincère. Messieurs, si une femme vous dit non… c’est non pour toujours… Enfin bref je digresse un peu du propos principal qui était que tous nous serions avisés de regarder l’autre et y trouver des clés pour, tant qu’à faire, essayer de faire moins pire que d’habitude.

A bon entendeur…

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