27 septembre 2007

Mensonges

Allez comprendre pourquoi, mais les gens qui se disent honnêtes oublient vertement de vous avouer leurs petites combines, tricheries, arnaques, baratins, mensonges… sous couvert de rester dans une vertu autrement plus valorisante qu’un costume de bagnard à qui l’on peut mettre tous les oripeaux de la monstruosité ordinaire. Notre honnêteté se mesure non à notre morale mais à nos lois, et de ce point de vue on a beau jeu de prétendre être propres, puisque les mensonges du quotidien ne prêtent que rarement à conséquence. Quoique…

Pourquoi prétend-on que le mensonge n’est pas un acte naturel et réfléchi de l’être humain ? C’est avouer qu’on en a usé qui provoque un tel rejet de l’acte ? C’est amusant tout de même quand on rapporte cette pseudo moralité à l’enfant. Lui, il n’a pas encore ce carcan moraliste et il n’est pas empêtré dans les considérations philosophico baratinesques où l’on se cherche les pires excuses possibles. L’enfant est nature : quand il ment, il le fait dans son seul intérêt, et dans l’intérêt de l’instant présent. Jamais il ne planifiera son acte, et ce sera avec une désarmante sincérité que « C’est pas moi le vase a mamy ! » alors que vous êtes vous-même témoin de l’accident. Il est donc intéressant que, bien qu’on n’ait pas encore enseigné le concept de vérité mensonge à l’enfant, celui-ci le maitrise aussi bien que n’importe quel adulte, sinon mieux. De là à dire que le mensonge est génétique...

Ne me regardez pas avec ces yeux inquisiteurs, vous êtes tous coupables, et moi avec ! On a tous mentis : sur notre âge pour entrer en boîte de nuit, menti au compagnon pour obtenir ses faveurs (puis dans la foulée les perdre en se faisant prendre), menti au dragueur en disant « je suis déjà casée » et j’en passe. L’usage veut qu’on soit parfaitement limpides et honnêtes en toute occasion… comme si nous étions conçus avec l’esprit de perfection et de netteté de l’âme ! C’est tout de même fort qu’on aille bourrer le mou à nos gosses alors que nous sommes infoutus de respecter ces règles ! Ca me fait songer à l’ado qu’on sermonne pour une cigarette fumée en cachette et qui répond très justement « Oui, mais toi aussi tu fumes ! ». Quelle ironie ! On n’est donc de bon conseil que pour soi, les autres devant suivre nos préceptes sans qu’on en soit pour autant tenus à les respecter. C’est un concept assez proche de la politique somme toute… « Faites ce que je dis, pas ce que je fais »

L’hypocrisie c’est mentir pour la paix des ménages dira le sociologue, moi je dis que l’hypocrisie c’est la flemme et la lâcheté d’assumer ses responsabilités. « Ah mais tu es humm… magnifique ! » lancera votre compagne en vous voyant débarquer dans un costume avec un col pelle à tarte et pattes d’éléphant. Faux derche ! Pourquoi ne pas dire sincèrement « Vire moi cette horreur, maman va nous lyncher ». Réciproquement, c’est tordant de voir un homme s’échiner à jouer les hypocrites en disant « tu es la plus belle » tandis que ses yeux lorgnent les passantes avec avidité. Dites ce que vous pensez et puis qu’on en finisse ! Le mensonge c’est donc aussi l’omission, la compromission de ses opinions avec pour ultime rempart sa propre sécurité. Que ne ferait-on pas pour le confort…

Ne voyez rien de sexiste dans mes propos, tout le monde est à la même enseigne à mes yeux : nous sommes tous des spécialistes du faux semblant, et le travail est le royaume du baratin. Qui n’a pas payé son café à ce « gros con de responsable » ? Qui ne s’est pas abaissé à dire « mais vous avez raison monsieur le directeur », en pensant naturellement le contraire ? On peut bien entendu justifier l’obséquiosité par le risque de perdre son emploi, mais en même temps… nous ne sommes pas payés pour plaire mais pour faire un travail. Evidemment il faut savoir y mettre les formes, comme dans tous les cas d’ailleurs. Je déconseille l’utilisation de la dialectique vulgaire, elle est bonne pour le bistrot pour le voisin, mais sûrement pas pour le supérieur hiérarchique. Remplacer les « gros con » par « faire des progrès » peut être judicieux. Par exemple, on ne dira pas « tu es un gros con, ça peut pas marcher ton plan là ! » mais plutôt « Je pense qu’il serait judicieux d’améliorer ce plan, il me semble receler quelques failles graves ». Pointer du doigt n’est pas provoquer, et insulter n’est pas construire. Mais j’avoue… qu’est ce que ça peut me démanger parfois !

Allons, je vais être sincère : j’aime l’Homme, je crois en son avenir et son intelligence… Comment ça, ça se voit ? Ah ? Ca se voit tant que ça que je suis en train de … mentir ? Et merde…

1 commentaire:

Anonyme a dit…

on s'y retrouve, c'est énorme
Didine