01 octobre 2007

La futilité de l’indispensable

Tout ce qui n’est pas indispensable est prétendu inutile selon les minimalistes… Pourtant, j’ai du mal à suivre le raisonnement de ces ermites en puissance qui, sous couvert d’écologie-protection de l’être humain-protections des mœurs (rayer les mentions inutiles) s’octroient le droit de déterminer si oui ou non l’Homme, dans son ensemble, a besoin de quelque chose. Je suis curieux de comprendre cette analyse tant il est vrai que nous tous nous avons des critères dissemblables et même s’opposant les uns les autres !

Un des troubles du langage courant est de parler de la « création d’un besoin » quand une nouvelle technologie apparaît et s’impose. On a prononcé cette horreur linguistique à l’émergence du téléphone portable, comme si l’appareil pouvait créer par sa fonction un nouveau besoin. Il n’y a pas de nouveaux besoins, il n’y a qu’une réponse nouvelle à un besoin ancestral. Reprenons le portable (et merci de ne pas appeler pendant que je parle, ça me désoblige) : si c’est un besoin « créé », alors à quoi servaient la poste, à quoi bon le télégraphe, inutiles les signaux de fumée ? Voyons, le portable n’a fait que répondre techniquement à un souhait évident : pouvoir être joint et inversement pouvoir joindre n’importe qui sans nécessairement faire usage d’un outil soit long (courrier) soit géographiquement localisé (téléphone filaire). Si l’on me dit donc que le portable n’est pas « indispensable » donc inutile, c’est qu’il y a non sens : il est indispensable pour ceux qui lui ont trouvé une fonction totalement insérée soit dans la vie privée ou la vie professionnelle. Tentez de séparer un artisan plombier de son téléphone… vous m’en direz des nouvelles.

Bien entendu cet exemple est une caricature du comportement consumériste, d’autant plus qu’on se passait fort bien du mobile et qu’à présent il semble totalement impossible de faire sans. En vérité, toute la finesse résulte de la mutation de nos sociétés car aujourd’hui nous sommes tous branchés sur internet, disponibles n’importe où, et l’on va même jusqu’à jouer la convergence en faisant du MSN sur un téléphone ! Si ce n’est pas l’extrême dans le concept c’est qu’il me manque une information… Enfin bref, parler dans ce cas d’inutilité c’est oublier toute la nécessité qu’on y trouve au bon moment.

Ne poussons pas trop non plus, les sciences, l’industrie, la technologie nous offre aujourd’hui un étalage invraisemblable de produits tous moins utiles et plus futiles les uns que les autres. La fonction première d’une paire de chaussures est de protéger les pieds et de pouvoir marcher à l’aise, non de scintiller d’une diode rouge clignotante. Et pourtant le concept a marché ! Comme quoi on peut vendre tout au gogo du moment qu’il s’en sent différent. Je n’aborderai pas Apple avec son I Pod, on va finir par croire que je hais personnellement Steve Jobs…

Bref, nos chers minimalistes sont-ils vêtus de peau de bête ? Grands dieux non, le costume est de rigueur chez les penseurs (caricature quand tu nous tiens…) et l’alpaga indispensable. Donnez-moi l’occasion de les mettre en conditions minimalistes comme par exemple survivre seuls sur une barque au milieu de l’atlantique nord, et on verra s’ils prennent la combinaison de survie pour un luxe et non une obligation. Bien sûr je serais taxé de brute en faisant cela, mais dans le fond, la brutalité du procédé de rejet ne mériterait pas un peu une sanction en proportion ?

Les autophobes sont les pires égoïstes qui soient car au lieu de proposer une amélioration écologique nécessaire ils veulent voir « la voiture danger » disparaître des routes. Et la mère de famille en campagne ? Et le médecin ? Et celui qui bosse loin ? On leur fait quoi, on les vire ? Ces imbéciles sont foncièrement les pires exemples du rejet du progrès sous prétexte que « la voiture ? ça sert rien qu’à polluer et à me gêner quand je suis à vélo »…

No comment.

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