19 octobre 2007

Prenons un cliché…

Non malheureusement, il ne s’agira pas de s’ébahir face à la beauté de photographies faites sur le vif par un reporter assez fougueux ou fou pour traverser une zone de guerre, ou sur le portrait mal cadré de la petite dernière, mais simplement de discuter l’esprit du « cliché » qu’on utilise régulièrement dans le langage et l’imagerie populaire. C’est un phénomène typiquement humain : on tente de simplifier toute réflexion à l’aide d’un raccourci plus ou moins probant, et si possible dénaturant tant que faire se peut la réalité au profit d’un résumé mensonger et parfois même fleurant bon le racisme…

Tenez, il y a toujours quelqu’un pour lancer que « l’arabe c’est un voleur ». En quoi un arabe est-il plus enclin à la fauche qu’un fils de notable non basané ? Certains vous rétorqueront que c’est une question d’éducation, de mœurs ou de situation sociale favorable, mais dans l’absolu réduire les différences entre les peuples du Maghreb ou le Moyen-Orient est à la limite de l’insultant : Perses, Berbères ou toute autre population de ces régions ne se reconnaissent pas dans ce résumé trompeur et qui plus est devenu péjoratif. Alors au surplus cumuler le « arabe » et « voleur », il y a de quoi se sentir plutôt dénigré, non ? Enfin toujours est-il qu’il est plus que courant de passer outre les limites de la politesse et d’accepter tacitement de telles insultes…

En même temps, je viens de prendre un exemple plutôt malsain, car le cliché existe aussi de façon plus amusante, comme typiquement l’image que se font les peuples les uns des autres. Nous Français nous voyons les Américains comme des incultes obèses gavés de nationalisme et de hamburgers, et eux s’imaginent que tous les Français sont équipés d’un béret et d’une baguette de pain et roulant en 2Cv. Amusant dans l’absolu, pénible à la longue. De toute manière le cinéma ne se prive pas de distribuer ces idioties par wagons entiers de pellicules : le méchant Portoricain dans les séries policières, le brave paysan contre les Indiens, le salaud en vert de gris contre le héros en uniforme vert olive… En soi c’est quelque chose qui survit à toutes les époques, et rares sont les films qui outrepassent la décence en allant s’attaquer à ces clichés inusables. 60 ans après, on peut dire que les Allemands n’ont plus rien des envahisseurs Nazis, mais non, les gosses s’entendront encore dire « les Boches », ou bien se gaveront de mauvais films où les clichés sont plus que légion.

Quelle pitié ! On va jusqu'à créer des postes dédiés aux clichés : le personnage « comique de répétition », la « ménagère de moins de 50 ans » servant de point de repère pour la publicité, mais aussi « l’enfant en bas âge » ainsi que l’inusable « fonctionnaire fainéant », tous nous pouvons coller à un cliché fort désagréable. Au demeurant nous sommes coupables de les maintenir mordicus sous couvert de nous simplifier l’existence : n’est-ce pas cliché de dire « Tous pourris » ? N’est-ce pas une contre vérité que de dire « Les riches sont des salauds » ? Objectivement je me plais à espérer qu’il faut avoir un minimum de Foi dans l’Humain…

Comment ça je ne suis pas crédible ? J’admets ne pas avoir une once de pitié pour les Hommes du fait qu’ils justifient certaines affirmations. L’Homme est « un loup pour l’Homme » et ça, nous pouvons le vérifier tous les jours. Dire qu’on pourrait faire mieux est un euphémisme, mais c’est alors espérer que l’égocentrisme naturel cèderait la place au comportement communautaire. Personnellement l’espoir d’une telle évolution tient plus du rêve d’un pas sur Mars que d’une possibilité tangible.

Est-ce donc par cynisme qu’il m’arrive d’aller affirmer sans complexe qu’au fond les clichés sont le reflet de notre Humanité ? Nous réduisons tout à des rapports de forces manichéens, nous prônons des solutions pathétiques à des problèmes qui, en principe, n’auraient pas lieu d’exister. Entre le con en rouge et l’abruti en vert j’estime qu’ils sont également crétins de se coller des beignes, tout ça pour un ballon. C’est cliché ? Oui en effet, c’est cliché de dire que les supporters de football sont foncièrement violents…. Mais parlez en aux spectateurs du Heysel en 1985… ils sauront vous en dire le plus grand bien.

En parlant finalement de cliché, il s'avère que cette note est la numéro 173... pour les supersticieux... passez votre chemin!!! (ah oui pardon je vous le dis en fin de note... je suis une pourriture...)

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