20 février 2008

Je me trouve presque trop sérieux

Bien qu’il soit franchement nécessaire d’être soi et d’assumer ses opinions, je trouve parfois dommage que le sérieux puisse prendre le pas sur le côté rigolard des choses de la Vie. J’aime à me dire que malgré toute l’obscurité dont nous savons faire preuve au jour le jour il existe de bonnes raisons de rire, et surtout de rire de nous-même. Moi qui vous parle je sens le regard amusé de certains de mes lecteurs lorsque je m’emporte sur une question d’histoire ou de politique. Je le vois, le fourbe souriant de mes diatribes en se disant que « Quelle foutue grande gueule celui-là ! ». Bien qu’il me soit parfois pénible d’accepter une telle ironie (puisque je préfère vendre mon rire au plus offrant que prêter moi-même le flanc à la moquerie), je vous donne raison de vous payer ma trogne. Riez ! (Non dieu ne vous le rendra pas eut égard aux différences d’obédiences).

Comique… pourquoi parler de comique ? Parce qu’aujourd’hui je n’ai rien trouvé de très réjouissant dans les informations du monde : Le Kosovo se désagrège au rythme du calcaire sous l’acide chlorhydrique, parce que l’Afrique vit ses génocides sans qu’on s’en préoccupe autrement que par bribes télévisuelles aussi longues qu’une publicité pour un fromage, parce que les finances du monde m’ont l’air tout particulièrement refléter les pires craintes de Marx… et puis parce qu’au fond je trouve que notre monde va bien suffisamment mal pour qu’en plus je me fasse le corbeau attendant les morts des champs de batailles à venir. D’un certain point de vue j’aimerais être l’affichage terrifiant incitant les gens à la pondération et à la réflexion car sous des dehors d’un cynisme bon teint et éduqué à la force des pages des plumes les plus féroces il reste malgré tout en dessous un adulte fantasmant de pouvoir rire de tout et surtout avec tout le monde. Ah, l’unité, la cohésion tant vantée par nos politiques, que n’a-t-elle subie comme camouflets au cours de l’histoire de l’humanité ! Nous lui devons bien quelques excuses, à cette unité utopique, non ?

Remarquez j’ai fort à faire avec les vérités premières des relations humaines. Entre mon rejet de la bêtise et mon intolérance pour les opinions conservatrices (ou voulant se faire étiqueter comme telles), je me retrouve souvent comme serpent dans le jardin d’un jardinier du dimanche. Il paraîtrait que le serpent est utile, mais hélas le dit jardinier fera comme mes détracteurs, c'est-à-dire me clouer à la fourche pour s’assurer de ma non prolifération qui lui semble trop douteuse pour être tolérable. Dans cette ère de banalisation du pire, nous sommes donc sous le coup d’une censure proclamée par nos propres soins. Je trouve ce comportement d’un comique ! Bizarrement ça ne fait rire que moi que la foule appréciât de se tenir coi et de s’enfouir la tête dans le sable. Au fait, pour information, nul n’a jamais constaté qu’une autruche ait planté sa tête dans le sol sous le coup de la frayeur. Ses longues jambes, son corps musclé et son cerveau de la taille d’une arachide l’incitent toujours à prendre la fuite et donc ne pas attendre les mâchoires du prédateur. Les gens n’en font pas autant… peut-être que l’arachide de l’autruche est donc plus grosse que notre boite à neurones.

Au demeurant les thématiques et esthétiques du passé reviennent à la mode. On n’hésite plus à arborer ses opinions dans les discussions, à jouer les gauchos en brandissant exégèses de la bêtise de nos gouvernants, et pourtant je ris de bon cœur. Qui a fait en sorte de les placer au pouvoir si ce n’est le peuple ? Il est un devoir national que de critiquer tout ce qui se dit ou se décide et ce que ce soit justifié ou non. On veut réduire la facture des remboursements médicaux ? SCANDALE ! On envisage de réformer les retraites ? OUTRAGE ! Que cela plaise ou non il faut hélas parfois agir contre l’opprobre populaire pour le bien du peuple. Bon là, je plaisante puisqu’on sait que bien des réformes sont faites pour éviter de toucher à ce qui existe, au point qu’un juriste même zélé s’arrache les cheveux en tentant de naviguer dans l’écheveau des lois, des articles, des ajouts, des réformes et autres décrets d’application. Rions donc de la dramatique complexité que notre système s’est offerte à grands frais. Nous avons des lois riches mais faites pour appauvrir la compréhension de celles-ci. Certains ajouterons que la richesse des uns va en plus inciter la loi à devenir défavorable aux pauvres… mais là n’est pas le propos initial. Quoi qu’il en soit, plus je recherche moins je comprends.

Au final, qui s’en sort le mieux si ce n’est l’idiot ? Il a tout pour lui : la quiétude d’avoir des opinions qui ne sont qu’à lui, l’inusable stoïcisme qui est sien quand on le traite d’idiot et qui plus est sa certitude de pouvoir influer sur le monde de par son droit de voter. En bref, le con est celui qui dirige, l’imbécile celui qui revendique le droit de voter idiot et finalement l’intelligence se perd au profit du médiatique. Observons nos élections et comparons les avec les primaires américaines : votent-ils pour des idées ou pour des marques déposées ? Obama le noir, Clinton Femme de, ou bien Mc Cain le pro Bush ? Je sens que l’Irak va subir pendant quelques années encore le doux ronronnement des missiles, le rire saccadé des mitrailleuses et la caresse délicate de la main des généraux couleurs désert… je vous laisse deviner qui je vois bien arriver au sommet, n’est-ce pas ?

RIONS !

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