29 février 2008

Un message pour les femmes

Si je prends ma plume ce soir ce ne sera pas pour jouer les poètes ou l’écrivain mielleux lancé dans un spleen déchirant de romantisme faisandé, mais pour une révolte que j’estime aussi légitime que trop ordinaire. Pourquoi est-ce que l’on aborde si rarement la condition des femmes battues ? Pourquoi a-t-il fallu qu’il y ait quatre décès dans la même journée en Espagne pour qu’un battage médiatique puant de bonne conscience daigne traiter la question ? Deux millions de femmes au moins sont maltraitées et environ 400 d’entres elles décèdent chaque année, soit statistiquement plus d’une femme par jour ! Ramener le sordide à des chiffres est pire encore car mine de rien, les gens utilisent ces chiffres pour dédramatiser et minimiser ce scandale social. J’ai honte d’être un homme dans ces conditions, j’ai honte d’avoir le sexe masculin quand je sais que mes congénères se comportent de manière pire que la plupart des animaux. Comment se regarder en face quand on a battu sa femme ? Qu’on m’explique, j’ai du mal à comprendre.

Je suis révolté par l’attitude impassible des passants, elle me mène à la colère la plus noire qui soit. Comment ça, ils ne sont pas au courant ? Comment ça, ça ne se remarque pas une femme qui est battue par son conjoint ? Et les hématomes, ils sont dons occultés, l’œil au beurre noir c’est la divine chute dans les escaliers ? C’est outrageant d’entendre le discours dédouanant qui leur tient lieu d’excuse « Je n’ai pas à me mêler de la vie privée des autres ». Parce que porter assistance à quelqu’un en danger c’est immoral ? J’ai en travers de la gorge cette banalisation qui fait que, chaque jour, une femme finit mise en terre et que son bourreau soit traité sur une base d’homicide involontaire. C’est un meurtre, pur et simple, une épée de Damoclès qui pendait au-dessus de la tête de la victime et que chacun savait être prête à porter l’estocade fatale. Arrêtons de se mentir, nous sommes responsables de la situation à trop laisser faire !

Que les voisins ne s’en mêlent pas est une chose, mais qu’on cherche pardessus le marché des excuses psychologiques, des syndromes bien cadrés dans les livres de psychiatrie analytique l’est encore plus, et surtout je ne tolère pas l’excuse imbuvable du « son père faisait pareil ». Désolé, un fils d’alcoolique n’est pas tenu de boire comme son père, une fille de toxicomane n’a pas l’obligation de se mettre les veines en compote, pas plus que les enfants d’une prostituée auront le malheur de faire le trottoir pour survivre. C’est si simple de résumer des crimes par des antécédents… Ces femmes qui pleurent en silence, qui subissent la violence gratuite d’un homme déchaîné demandent justice, simplement la justice que nous leur devons, nous les concitoyens autant que les pouvoirs publics. N’est-il pas scandaleux qu’une femme battue est accueillie avec suspicion dans les commissariats, qu’elle soit limite refoulée sous couvert d’une faute morale supposée ? Un homme qui bat sa femme n’a pas de prétexte valable, aucune bonne raison n’est suffisamment impérieuse pour expliquer une telle rage. Hors de question de trouver d’une manière ou d’une autre une atténuation dans la sanction.

Depuis quelques temps maintenant la loi a daigné prendre en compte la peur légitime des femmes n’osant pas porter plainte : la procédure prévoit enfin que les pouvoirs publics puissent déclencher la procédure sans même avoir besoin d’une plainte écrite… mais combien de temps aura-t-il fallu ? Combien sont alloués à un tel rôle ? Deux millions… deux millions de femmes, ce n’est pas une quantité négligeable bon sang. Osons toucher à ce problème de société, c’est une priorité tant sanitaire que sociale. Sanitaire au titre que la plupart sont mères et les enfants sont eux aussi en danger, et sociale parce qu’il nous faut absolument marquer la volonté de chacun de faire cesser cette honte nationale. Nos femmes, nos sœurs, nos épouses ne sont pas des souffres douleurs, des exutoires aux frustrations masculines, elles n’ont pas à porter le fardeau de nos petits drames intérieurs. Offrons leur soutien et respect car elles méritent plus qu’un encart dans un vague journal et ce l’espace d’un jour de souvenir aussi pathétique qu’énervant.

Marie Trintignant est morte. On en a parlé, fait tout un battage, mais aussi étrange que cela puisse paraître personne, je dis bien personne n’a fait le moindre rapprochement ni déclenché de médiatisation d’un phénomène dépassant deux vedettes alcoolisées et sous tranquillisants. Un drame reste un drame, pas question d’en minimiser la portée privée, mais pour moi j’ai trouvé de déballage totalement incongru tant on l’a dissocié du fond du problème. Une femme battue qui meurt… on en tient alors compte que si elle est fille d’un acteur célèbre ? Une femme qui souffre un martyr quotidien… on s’en préoccupe alors uniquement quand elle est fille de ou épouse de ? La médiatisation des drames personnels n’est pas le plus indispensable, loin de là, c’est avant tout le thème complet qui mérite une explication à l’échelle du pays. J’estime d’ailleurs que la condition féminine n’a faite que se dégrader ces dernières années : attitudes dénigrantes envers les femmes dans les musiques à la mode (Merci au bimbos classant la femme de tous les jours au rang de « boudin » et merci aux rappeurs d’avoir fait des femmes des « putes »), on ne les voit presque plus comme étant humaines mais comme étant objets de désirs. Désolé, femme ou homme nous devons un respect égal à tous les sexes, et qui plus est il est un devoir qu’on ne saurait remettre en cause : celui d’être droit. Quand je parle de droiture, je parle de respect de l’humanité d’autrui, de la compréhension de son existence et de sa personnalité, pas d’une conscience purement philosophique tout juste bonne à être étalée à un comptoir crasseux.

Bien des femmes ont une attitude qu’on leur a enfoncé dans la tête dès leur plus jeune âge : tu seras comme ci, tu seras comme ça, tu le laisseras dire quoi faire… mais merde ! Une femme n’a pas à se plier à un joug quel qu’il soit, vivre en couple c’est en partager les bons et les mauvais aspects de l’existence. En quoi une femme est-elle tenue d’être la bonne du foyer ? Historiquement c’est, mine de rien, elle qui a toujours géré les finances et la bonne tenue de la maisonnée. J’estime qu’il serait juste que cela devienne un partage équitable et consensuel de ce quotidien, de cette routine à laquelle on tient malgré tout.

Si vous avez une femme que vous savez être battue… appelez. Faites en sorte que son calvaire cesse. On parle souvent en guise de placebo moral qu’elles ont des enfants, que la séparation est dure, que quitter un foyer est un déchirement. Oui, certes, mais ça sera toujours moins difficile pour un enfant de quitter un papa brutal que d’accompagner le cercueil de maman.

A vous de choisir, moi j’ai choisi mon camp.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

une femme ne peut aimer une brute épaisse, l'emprise psycholgique , l'espoir que tout s'arrete .
Que faire pour stopper cette violence envers une femme?
Signaler aux autorités? et une assiistance (frutrée d'ailleurs) rend visite pour constater qu'il n'ya rien d'alarmant.
Faire comme cette femme qui a tué son bourreau, elle est en vie,isolée par sa propre famille