07 mai 2008

Que faut-il faire pour atteindre la célébrité ?

Question épineuse n’est-ce pas ? Dans un monde où le paraître a plus de poids que la compétence ou le talent, devenir une vedette, être connu et surtout reconnu me semble ne plus avoir aucune véritable valeur. Difficile en effet de parler de compétence ou de talent pour les braillards qui nous tiennent lieu de chanson française, tout comme il serait inconvenant d’élever les scribouillards vendeurs sur l’estrade de l’écrivain. Entre brouillon et bouffonnerie j’ai dans l’idée qu’il n’y a que peu de place pour l’émergence d’un autre chose, d’une vraie vedette méritant son statut et son chèque.

Musique, mélodies qui viennent me chatouiller les sens à travers mes oreilles, tu n’es plus respectée que par des autochtones taxés de ringardises quand on leur annonce qu’on écoute encore du Bécaud ou du Brel. Que voulez-vous : il est plus simple de reprendre une soupe et de la réchauffer que de se taper tout le travail d’épluchage des légumes, de cuisson de ceux-ci et d’offrir un service valable pour une prestation de talent. Un chanteur à voix ? La plupart m’irritent les tympans comme si l’on écoutait le bêlement d’une chèvre dans un pré plus que de l’expression des cordes vocales d’un nouveau chanteur. Et que dire de la chanson dite féminine : l’immense majorité se contentent de pousser des hurlantes déchirantes hésitant entre un accident de voiture et le tabassage en règle. Sans rire, si l’on excepte le rythme sans imagination et les paroles insipides autant que mielleuses, les jeunes gosses (souvent typées pour faire plus « intégration réussie ») s’échinent à montrer plus de compétence dans le déhanchement que dans le chant à proprement parler. Si l’on ajoute dessus l’élevage en batteries des poulains remuants sur lesquels le voyeurisme est devenu culture, j’ai de quoi frémir de honte. Certains me sortiront le talent textuel d’un tel, ou bien la voix exceptionnelle d’un autre… tiens donc, c’est étrange mais à mon sens ça n’est rien de plus que des minauderies enfantines faciles à retenir et surtout bien consensuelles. Petit défi : trouvez un seul chanteur suffisamment gonflé pour nous sortir un truc aussi pamphlétaire que « Les bourgeois c’est comme les cochons… » Fantasme, quand tu nous tiens.

Après, il y a évidemment d’autres méthodes que celles de correspondre à un cliché/format parfait pour les médias, il y aussi la méthode de la boîte à cirage. Prenez une boîte de cirage, un chiffon doux et échinez vous à faire briller les grolles d’une pointure des grandes chaînes. Au surplus, pensez bien à toujours remercier le producteur, le régisseur, vos trente sponsors aussi glauques que vendeurs puis enfin félicitez vous d’avoir eu une chance de percer. Qui me fera avaler que la plupart des pseudos groupes à la mode ont réussi par talent ? C’est une plaisanterie j’espère ! Vous voulez des noms ? Prenez les catalogues et le top des ventes et trouvez moi quoi que ce soit qui ne semble pas tout droit sorti du même moule aux bords bien arrondis. Alors, dans la compétition du « A qui réussira à plaire au producteur », il sera indispensable de savoir comment attraper la savonnette… No comment.

Il y a pire encore si j’ose parler ainsi. Si l’on se bornait à faire les bonnes poires avec le patron, il y a ceux qui finissent par l’horizontale avec ce même patron. Ca, c’est d’autant plus glauque que tôt ou tard nous avons le droit à des photos compromettantes (pour qui d’ailleurs ? On s’en fout, en tout cas moi je m’en fous totalement !) ainsi que des commentaires acerbes des différents joueurs dans la partie de dupes. Quelle infamie ! Comme si je me complaisais à lire et surtout à admirer telle ou telle vedette pour son statut et sa réussite aussi fulgurante qu’éphémère. A mon sens, la vedette se doit de respecter quelqu’un avant toute chose : nous. A ce jour, l’immense majorité des vedettes se foutent de savoir si l’on aime ou non, de savoir ce que nous pensons non de sa vie mais de ses morceaux… Bref ils et elles se moquent bien de comprendre qu’une proportion de gens ne demandent pas à danser en boîte de nuit mais à écouter des textes bâtis avec sérieux et de la musique qui a besoin plus que d’un synthétiseur Bontempi. C’est quand même tout sauf la mer à boire, non ?

Bon, je sais j’ai l’exigence de celui qui a aimé les textes anticonformistes qui furent la panacée des groupes punk, qui aime la musique « anar » parce qu’elle ose aborder des terrains en jachère et qui se targue d’apprécier toute musique du moment qu’elle sort des tripes. Je n’ai pas la prétention de vouloir que de l’intellectuel, mais merde, un peu d’innovation, pas forcément des assiettes de soupe prête à grailler (et accessoirement à jeter) qui me sortira de la tête au bout d’une semaine. Petit défi (un autre) : tentez de vous souvenir de ce qui est sorti l’année dernière et qui fut au top des ventes. Essayez de réitérer l’exploit de vous souvenir des cinq meilleurs de l’année précédente ; Pas de triche, faites le avec sérieux puis allez vérifier sur le réseau… Alors, déçu ou irrité de ne pas vous rappeler ? Tout est dit par ce légitime agacement.

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