03 juin 2008

Ironie du paternalisme à outrance.

Le paternalisme semble être, d’après la population toujours vaillante pour prétendre défendre l’héritage de 68, quelque chose de superflu et même pénible dans la société dite « moderne ». Assimilant paternalisme à dogmatisme à outrance, le quidam exige donc que l’omnipotence du symbole du « supérieur » soit abandonnée. Soit. Admettons que subir un paternalisme étouffant est intolérable, que devoir se plier aux règles dictées par l’autorité supérieure et immuable mérite d’être démantelée, mais alors chers « cons » citoyens, pourquoi exiger des gouvernements de prendre part à vos frasques et de demander son arbitrage à tout bout de champ ? Il y a un truc qui cloche, non ?

Commençons une rétrospective du paternalisme à peine voilé qui est demandé par les citoyens à nos dirigeants, ou du moins une partie de l’inventaire qui semble devoir se rallonger chaque jour au rythme des opinions aussi stupides que nuisibles aux libertés individuelles. Une petite note en passant : si vous en voyez d’autres, n’hésitez pas les commentaires sont faits pour vous offrir une tribune !
Revenons à nos moutons (non, pas les français, c’est une formule consacrée, suivez bordel !). Le grand mal du siècle est et sera à mon sens l’éducation de nos descendants. Sujet subissant sans cesse l’assaut des associations d’élèves, de parents et même des fonctionnaires du dit domaine, l’éducation nationale se voit autant vilipendée que glorifiée selon qu’on est côté instituteur ou de l’étudiant. Pourquoi diable y a-t-il une incompréhension aussi profonde entre les décideurs des ministères et ceux qui vivent au quotidien le fonctionnement de l’école ? Peut-être vivons nous là le paradoxe typique d’une administration : d’un côté un terrain mouvant et variant énormément d’un établissement à un autre, et de l’autre un modèle de gestion que l’on tente péniblement d’instaurer à l’échelle nationale. Conséquence inévitable : disparité de moyens, classes surchargées chez les uns et vides chez les autres, disparition d’écoles dans les petites communes et manque de personnel dans les grandes villes. A l’échelle locale on a donc forcément du mal à comprendre qu’un système centralisé puisse agir avec aussi peu de considérations pour les réalités du quotidien. De là, nous avons donc des professeurs qui rêvent que le paternel ministère soit plus lucide, voire même extralucide pour obtenir au moment le bon équipement, le bon budget ou la bonne rénovation indispensable. Maintenant côté parents, c’est encore pire. A force de confondre éducation et enseignement, nombre de géniteurs espèrent que l’école se chargera à leur place d’inculquer les fondamentaux de la politesse et de la vie en société à leurs gosses, comme si un maître d’école pouvait faire de chaque élève un bon citoyen. La démission parentale est pour beaucoup tant dans la délinquance que dans la perte de confiance dans les institutions de notre nation, d’autant plus qu’à force de dénigrer ce qui ne va pas sans rien proposer en échange on en vient à voir le système honni pourrir sans espoir de sauvetage.

J’en conclue donc que l’école se vérole tant parce que l’état central n’a pas de moyen direct de voir ce qui s’y passe point par point que parce que les acteurs du système éducatif sont dans l’optique de désirer une administration parfaitement clairvoyante… Anti paternalistes les gauchistes des lycées ? Tout à coup cela ressemble plus au paternalisme stalinien, non ?

Posons maintenant notre regard sur le paternalisme juridique. Je suppose que nombre d’entres vous ont eu l’occasion d’entendre parler du procès en annulation d’un divorce pour la raison que l’épouse n’était plus vierge (malgré son engagement de l’être) au moment du mariage. Amusante situation pour certains, scandaleuse prise de position pour d’autres, mais pour moi je suis dans une troisième optique. Je m’explique : pourquoi taxer l’état de s’être ingéré dans les affaires privées alors que la demande de jugement émane des justiciables ? Comprenons nous bien : devoir analyser cette situation confine au ridicule, mais hélas je dois rappeler le fonctionnement d’une justice équitable. La justice équitable se doit de répondre sans différence de traitement à toute demande des citoyens du pays. De fait, il y a obligatoirement décision en fin de procès puisque, finalement, la question n’était pas tant de savoir si c’était légitime de se plaindre de ce « mensonge » sur la virginité, mais plutôt de savoir si cela pouvait mener à une rupture administrative du mariage. Vous suivez le raisonnement ? Si le juge s’était d’entrée de jeu déclaré incompétent, qui aurait pu rompre le mariage ? Personne, cela aurait été donc une mauvaise décision. Qui plus est, si l’on partait du principe que le juge peut systématiquement décréter que le jugement n’est pas nécessaire, nous aurions donc droit à une justice sélective totalement subjective et dépendante du bon vouloir de quelques fonctionnaires. Je doute que les deux voisins se disputant un même bout de terrain seraient ravis de s’entendre dire « ça ne nous concerne pas, démerdez vous ». Dans ces conditions, le législateur n’est pas paternaliste, c’est de notre exigence de juger nos relations qu’il apparaît clairement que la nation n’est pas foutue de se prendre en main pour avancer et donc nous épargner l’engorgement imbécile des tribunaux.

Troisième terrain où, malgré le discours libertaire de bon nombre de français l’état est expressément tenu d’être paternaliste, c’est dans l’aspect social au sens large du terme. Entre l’intervention pour sauver les entreprises en difficultés et par exemple la demande d’une prime de noël par les chômeurs, il y a de quoi douter de l’envie des français d’être autonomes. Pourtant les règles sont simples (si l’on était en véritable état capitaliste s’entend) : encaissez, si vous n’y arrivez pas… bonne chance. Il y a de quoi faire : allocations diverses et parfois injustifiées, avantages sociaux indénombrables tant ils sont divers et complexes, prise en charge de toutes les situations même les plus ubuesques… Sans rire, si ce n’est pas le rôle d’un père de famille aimant et trop patient avec sa progéniture je ne sais pas ce dont il s’agit alors ! Prenons un exemple très concret que je trouve par ailleurs scandaleux : la faillite personnelle et le surendettement. Globalement l’idée est de faire disparaître les dettes prenant à la gorge les familles au point de les voir être insolvables. Soit. C’est une démarche sociale qui se comprend, mais sur un plan plus moral et logique je n’arrive pas à tolérer que l’on passe l’éponge sur des situations lamentables. En quoi est-ce à l’état de dire que l’idiot ayant pris dix crédits pour en vrac la voiture, la cuisine équipée ou la télévision plasma peut être sauvé ? Le crédit est un mal nécessaire pour certains cas, pas pour vivre dessus indéfiniment ! Avant même de curer les poches des citoyens stupides, curons les lois qui autorisent des taux d’usure innommables ainsi que l’obtention de crédits sans le moindre contrôle bancaire ! Les Sofinchose et autres organismes de crédits vivent et s’engraissent sur le désir matérialiste des gens, et là pourtant on permet donc à ces sociétés de fleurir et de prospérer en réduisant à néant des familles. Certains profitent déjà du système de la manière la plus outrancière qui soit, c'est-à-dire en faisant en sorte de s’offrir le meilleur des produits, de les faire … disparaître puis de demander l’aide de l’état. C’est du social ça ? C’est un paternalisme stupide qui n’a pas lieu d’être et j’estime même qu’à ce titre il est hors de question d’annuler les dettes de qui que ce soit. Celui qui signe doit en assumer les conséquences, CA ça serait une attitude adulte non ?

Dernier terrain et non des moindres, les gens veulent savoir tout en étant rassurés. Aussi paradoxal que cela puisse paraître la population se fait curieuse sur les « affaires », les malversations mais cela ne la choque pas plus que cela que l’on puisse faire passer des lois sans l’en informer. « Du moment que les chefs savent ce qu’ils font, tout va bien » vous dira l’idiot du village convaincu de la bonne foi de son politicien préféré. Pauvre bougre, avant de vouloir regarder au 20H un ministre faire des excuses ou se défendre sur un dossier, écoute un peu ce qui vient d’être signé dans ton dos : réduction des libertés, politique d’immigration durcie, sanctions pénales plus dures pour énormément de faits généralement admis comme étant de la petite délinquance, enfin bref, à trop lorgner sur l’argent et non sur l’indispensable, te voilà encore et encore materné à tes dépends… Et après ça râle que les politiciens ne respectent pas leurs promesses…

2 commentaires:

Anonyme a dit…

"On ne devrait pas parler de ministère de l'Education nationale mais de ministère de l'Instruction nationale"

JeFaisPeurALaFoule a dit…

Remarque pertinente...