02 juillet 2008

Armement

Toute la question qui se pose encore et encore concernant la détention des armes est la compétence ainsi que le bon sens de ceux qui veulent en posséder une. Techniquement, rien ne vaudrait un monde dénué d’armes, rien ne saurait être plus rassurant qu’un pays où les armes (notamment les armes à feu) seraient reléguées au rang de reliques d’un passé honteux. Pourtant, on constate une constante augmentation de la demande, ainsi que le maintien de lois qui autorisent jusqu’au port d’arme (USA notamment), alors que nombre de nations se sont lancées, en vain, dans des politiques de suppression de ces objets dangereux. Posons nous quelques questions sur ce que représente ce marché du « flingue » dans nos cités où la guerre n’est qu’une vague image coincée dans un écran réducteur de réalités.

Pourquoi s’armer ? Essentiellement par crainte, la réponse est aussi simple que la question semble l’être, mais peur de quoi après tout ? La ville est-elle donc une jungle où chaque coin de rue s’avère être le lieu d’un potentiel guet-apens ? La sinistrose et l’exagération du mal-être amènent nombre de personnes à croire que toute chose les entourant est une menace au point de les rendre paranoïaques. S’il est une chose qui ne prévient pas, c’est bien la violence. Elle peut apparaître n’importe où, n’importe quand, et la bourgade tranquille perdue dans la lande peut tout aussi bien être le théâtre d’une agression que la cage d’un escalier sombre d’un quartier mal famé. Dans ces conditions et cet aspect de la vie quotidienne où l’on nous abreuve de haine et de violence gratuite, il n’est pas difficile d’imaginer la femme seule, l’artisan fatigué d’être ennuyé par des jeunes turbulents ou bien la grand-mère craintive envisageant l’achat et l’usage préventif d’une arme à feu. Cependant, mettre une arme entre les mains de n’importe qui c’est aussi s’exposer à des bavures dramatiques : la jeune femme mère de famille qui voit son jeune enfant jouer avec le 22, mémé qui laisse à portée de crocs du bichon les munitions, ou bien l’artisan qui oublie bêtement son automatique sous son siège de voiture… ça semble caricatural, mais il y a plus de chance d’avoir un mort par accident que par légitime défense, c’est bien là le problème majeur !

En France, la catégorisation des armes est supposée en interdire (du moins restreindre) la prolifération, ce qui se dément d’une part à cause de la grande disponibilité d’armes en provenance de pays en guerre, d’autre part à cause de l’idée clichée qui suppose qu’une fois armé il est plus facile d’imposer sa volonté ou de générer de la crainte chez l’autre. Dans tous les cas, l’apparition d’armes de guerre (de type fusil d’assaut) dans les rues n’a rien d’étonnant par le phénomène d’escalade : ils ont des matraques, je sors le grenaille ; ils ont des grenailles, je sors le 22 ; ils me menacent au 22, je débarque avec le 38 … et ainsi de suite. Conséquence directe du besoin d’être supérieur, c’est donc tout autant l’interdiction que le sentiment de force qui font que le calibre et la puissance de feu augmente sans arrêt. C’est un désastre en puissance, tout le monde en est conscient, mais comment empêcher l’importation illégale de AK47 quand ceux-ci sont disponibles à moins de 400 euros ?

Si j’aborde la question du danger des armes à feu, c’est aussi en songeant que le Canada est en tête du nombre d’armes par habitant (et non les USA comme beaucoup l’énoncent à tort), mais aussi un des pays où le taux d’accidents par arme à feu est le plus faible. Il vaut toutefois se souvenir que la majorité des dites armes sont de chasse et non de poing, donc des fusils stockés correctement et entretenus avec soin. On est donc loin des rues sombres et glauques de L.A ou de Paris… Bref, c’est aussi une question d’éducation de toutes les générations, car si les américains estiment de par la constitution qu’être armé est un droit, j’estime qu’il me paraît aujourd’hui incongru d’avoir un pistolet dans la boîte à gant de ma voiture. Le Far west n’est plus qu’une image d’Epinal qu’on distille dans de vieux westerns aux couleurs passées, et c’est la violence qui a pris le pas sur le besoin physique de protection.

Dernier point, c’est concernant le drame de Carcassonne. Quoi qu’il puisse être dit sur les faits, ce qui me pose le plus grand problème c’est que le tireur est un professionnel vivant au contact des armes depuis des années. Ne pas différencier une munition à blanc et une munition de guerre me semble inacceptable de sa part, quant bien même l’on pourrait prétendre à l’erreur humaine. Je ne le chargerai pas plus que cela (en l’insultant ou en fustigeant l’armée comme beaucoup se sont déjà donnée la peine de le faire…), vivre la culpabilité qui va peser sur ses épaules me semble bien assez dur à supporter comme ça. Espérons que tous vont survivre à ce drame et ce sans séquelle, histoire qu’il puisse, un jour, pouvoir dormir à nouveau à peu près tranquillement, et que surtout cela n’arrive plus jamais.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Ouaip! Surtout qu'avec un lance-pierre et des glaçons, on peut faire autant de dégâts... Et sans port d'arme, en plus... Je plaisante!
Si, un peu...