09 juillet 2008

Esclavage moderne.

Comme il est facile de taire ce que l’on n’a pas envie de voir ! Aujourd’hui l’esclavage est banni des législations et dans les principes de nos démocraties nous sommes supposés être égaux et libres. Bien sûr, tous nous savons qu’il s’agit là d’utopies bonnes pour bercer l’enfant ou au mieux estampiller des revendications libertaires sur quelques maillots qui deviendront tôt ou tard icônes de modes éphémères, mais l’esclavage lui perdure, continue son œuvre d’avilissement de l’homme et personne ou presque ne semble s’y intéresser, en particulier quand c’est hors du territoire français. C’est sûr, il n’est pas suffisamment inquiétant de voir un pays qui soumet ses enfants au travail forcé dès huit ans, il est autrement plus suspect de devoir payer le juste prix d’une paire de chaussures parce que le salaire des ouvriers est devenu décent.

Somme toute, quand on parle d’esclavage on ne voit plus que les fers, les images et autres peintures remontant au XVIIIème siècle, et personne ne croit plus à la traite des êtres humains. Demandez à n’importe quel passant, il vous affirmera sans frémir que l’esclavage a été aboli et que nul humain ne peut s’accorder le droit de soumettre d’autres humains pour en faire des marchandises. Foutaises ! Ignorance et voile sur les yeux, voilà ce qui fait de ce passant ignare le pire des messagers et le meilleur des alliés pour les esclavagistes modernes. Non en effet on ne déporte plus ouvertement par navire, non effectivement on n’a plus de marché public avec un prix fixé aux enchères, mais la prostitution organisée de filles de l’est, le montage d’ateliers clandestins où les ouvriers travaillent, mangent, dorment, en bref vivent sans jamais sortir pour se payer le droit de rester en France, c’est quoi alors ? Les honnêtes gens sont des aveugles qui se contentent de râler quand cela devient trop visible. C’est sûr, le bruit d’une machine à coudre ça dérange dans la cave quand il est trois heures du matin, par contre le sort de cet esclave moderne produisant les chemises que portent ces honnêtes gens, nul n’en a cure. Pire encore, on ira jusqu’à les conspuer en déclarant qu’ils tuent le travail français. Foutaises ! Mensonge ! Bonne conscience puante ! En se plaignant des prix, en cherchant le moindre coût la société légitime l’emploi de main d’œuvre forcée, en estimant que tout doit être extrêmement abordable nous cautionnons l’esclavage des enfants au Bengladesh.

Aussi dégueulasse que cela puisse paraître nous savons très bien détourner le regard quand cela nous arrange. Un homme qui réduit en esclavage une femme pour qu’elle fasse le trottoir et il sera simplement inculpé pour proxénétisme, un « commerçant au-dessus de tout soupçon » qui fera de ses frères des larbins dans son pressing sera condamné pour avoir prêté assistance à des sans papiers, et au pire s’il y a torture physique (menant à la mort), alors peut-être une enquête sera diligentée, mise sur une pile déjà trop grande pour un seul inspecteur, et se noiera dans les procédures et le temps du fait que « La mort d’un clandestin, bah c’est hélas pas aussi grave que celle d’un bon payeur des impôts ». N’allez pas voir une responsabilité ni une volonté de mal faire de l’inspecteur en question, c’est de plus haut que la consigne est donnée : il ne faut pas agiter le bocal de l’esclavage car il rapporte des milliards à tout le monde, et permet une consommation à vil prix. Le bilan est atroce : usines délocalisées employant des gosses à la pelle, métiers à risque où les esclaves se ruinent la santé pour quelques centimes, production de masse où les mots repos et vacances sont des fantasmes, tout est esclavage dès qu’on y regarde de plus près. Vous n’y croyez pas ? Le recyclage des plastiques est fait par des enfants qui trient les plastiques en les brûlant et en reniflant l’odeur. Pas mal les vapeurs pour leurs poumons fragiles ! Des hommes qui descendent dans des soufrières sans protection, qui ont leurs poumons tapissés par la vapeur jaune et la peau rongée par l’acide sulfurique se créant par mélange de leur sueur avec les poussières, c’est de la science-fiction ? Que dire des ballons de football, des chaussures, des vêtements tous estampillés de grandes marques qui proviennent de pays où le sens du mot liberté est « survivre ».

Je suis révolté par l’attentisme des politiques, par le manque d’honnêteté de ceux-ci quand ils déclarent « la guerre contre l’esclavage » alors qu’ils ouvrent en même temps des marchés publics avec les mêmes pays. Les USA emploient une main d’œuvre esclave de mexicains dans les états du sud, les salariés locaux étant à leur goût trop cher. La France a de véritables négriers qui embauchent temporairement des maghrébins à vil prix pour faire les récoltes, les vendanges ou les moissons. Il est tellement plus simple de les payer au prix du pays d’origine à peine amélioré plutôt qu’aux conditions salariales locales ! Bien sûr tous ne font pas ça, mais il suffit d’un seul toléré pour que ce soit déjà une honte pour tous. Cautionner, ne pas contester ces méthodes c’est donc accepter par déni de prise de position. Que dire des pays africains où les grands pétroliers usent et abusent des ouvriers locaux, des détenus fournis par les « républiques » (bananières) pour défricher les forêts, transporter les équipements au péril de leur vie et souvent sans rémunération. Qui récolte ces bénéfices, qui ramasse l’argent nécessaire pour financer ces hordes d’esclaves ? Les mêmes qui les enferment… donc des esclavagistes digne de la traite des noirs.

J’abordais la question de la traite des blanches : nous savons que cela existe et personne ou presque ne semble s’en offusquer. On ira dire que la prostituée agit par « nécessité » et non par contrainte. Ah, parce que vous êtes convaincus que la gosse de 17 ans qui arrive fraîchement à Paris a envie de faire le tapin ? C’est plutôt la menace qui pèse sur ses parents au pays qui lui fait accepter la situation aussi sordide soit-elle ! Nombre de bourreaux en France sont armés d’un sésame légal, un bout de carton maintenant quelques feuilles imprimées… un passeport diplomatique. Est-ce légitime de laisser ces esclavagistes s’implanter ici, dans le pays qui revendique une éthique et une morale concernant les droits de l’Homme. Encore une fois : Foutaises ! Aucun passeport ne devrait permettre d’agir en toute impunité, de violer des droits fondamentaux, d’autoriser les châtiments corporels ou d’acheter et vendre des êtres humains. Je ne suis pas un humaniste paraît-il. Oui c’est vrai je n’ai pas la fibre de l’humaniste rêveur et utopiste qui croit que la propreté de l’âme suffit à rendre les choses meilleures. Pour le coup, je crois aux vertus du peloton d’exécution pour ce genre de monstres, je crois à l’utilité de la corde pour nous débarrasser de ces oppresseurs et par voie de conséquence terrifier ceux qui oseraient tenter la même chose. Mais là on va venir m’engueuler en disant que la peine de mort est complexe, délicate et j’en passe… Alors, on va tergiverser alors que des mômes feront vos Nike à bas prix ?

Désolé pour les sous-titres en Espagnol, je n'ai pas trouvé la vidéo originale... Mais écoutez les paroles avec attention. (Oui je sais, c'est du rap, ça en gonflera plus d'un, mais là c'est un chanteur que j'apprécie pour sa clairvoyance alors merci de ne pas cracher dans la soupe avant de l'avoir goûtée)


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