17 septembre 2008

Eau

« L’eau, c’est la vie. Sans eau, il n’y a pas de vie… » Coupons tout de suite le disque rayé des publicitaires qui tentent de nous faire boire de la flotte en bouteilles qui s’avère tout aussi polluée que celle que vous distribue votre réseau domestique. En l’espèce, ce qui m’intéresse avec l’eau c’est avant toute chose que son aspect miraculeux ne semble pas toucher qui que ce soit dans cette maudite humanité. Miraculeuse, l’eau ? va me rétorquer le type habitué à se baigner dans sa piscine en gaspillant honteusement son patrimoine aqueux. Et oui pauvre idiot, l’eau sous forme liquide est une étrangeté typiquement terrestre étant donné qu’à zéro degré elle se solidifie et à 100 elle s’évapore. Dans le genre faible amplitude thermique on ne fait guère mieux. Je m’explique : atteindre le gel n’est pas spécialement compliqué dans l’univers vu qu’il suffit de s’éloigner un tant soit peu d’une source de chaleur comme une étoile pour que la glace soit la seule règle, et dans la même optique arriver à n’avoir plus que de la vapeur est simple vu qu’un écart minime dans l’autre sens vaporiserait toute eau sur terre. Considérant ce miracle d’un équilibre de distance entre chaleur permanente et permafrost, être humain estime toi heureux de pouvoir boire ton eau !

Et non, l’Homme s’entête, ce bipède prétentieux se moque de sa propre sécurité sanitaire en transformant son sous-sol en décharge à retardement, s’amuse à perdre de l’eau potable à travers bien des activités inutiles comme celle d’arroser les stades de football ou de nettoyer la voiture toutes les semaines. Combien d’eau avons-nous ? Les plus prompts à répondre nous parleront des 75% de la surface du globe noyée sous les mers et autres océans sans horizon. Idiots qu’ils sont, ont-ils seulement réfléchi au fait que l’eau de mer n’est pas spécialement potable et s’avère même être un poison si l’on se contentait de ne boire que cela ? (Merci le sel qui vous bousille les reins plus vite qu’une comédie potache). Alors quoi ? Tout de même, ça fait une foutue différence ! Connaissez-vous quelqu’un qui irait boire l’eau d’un fleuve sans retraitement ? Non ? Alors pourquoi avoir ce genre d’exigence avec le tiers monde ? Il est donc clair que l’eau potable est une ressource autrement plus rare et difficile à préserver que l’on pourrait le penser.

On pointe souvent du doigt les pays industrialisés et notamment les pays riches… Certes ils furent les premiers à user et abuser de leurs ressources. Dans un premier temps le « miracle » industriel du début du XXème siècle vit proliférer les rejets de polluants dans la nature et par infiltration directe l’anéantissement des nappes phréatiques. Une fois le problème compris des efforts furent faits pour éviter un désastre plus profond, mais le relais fut pris par l’agriculture intensive et l’usage délirant des engrais et pesticides. Vu le rythme imposé par la productivité attendue, bien des régions se trouvèrent dans une situation sanitaire incongrue : suffisamment riche pour avoir de l’eau, pas assez enrichi pour pouvoir l’épurer de nos propres déjections. Ce constat est d’ailleurs encore d’actualité en France, c’est dire ! Ceci étant peu à peu la situation s’améliore par une meilleure compréhension des risques liés à la pollution de notre terre. Maintenant regardons le tiers monde : ont-ils les moyens d’avoir une politique écologique sur ce point ? Généralement c’est une économie de subsistance à laquelle l’on peut immédiatement ajouter le cynisme des grandes nations qui y investissent au compte goutte pour profiter du faible coût de la main d’œuvre. Dans ces conditions, comment un pays comme le Bengladesh pourrait-il assainir son eau si nous faisons en sorte de les garder dans une position de miséreux ?

L’eau n’est pas inépuisable, pas plus que la terre à laquelle nous faisons payer le prix fort à coup de folies technologiques. Naguère les Hommes se sont faits la guerre pour les terres cultivables, aujourd’hui les « grands » sponsorisent les conflits pour le gaz et surtout le pétrole… Demain attendons nous à l’apparition de guerres pour le contrôle de l’eau. Ce n’est pas une simple vue de l’esprit stratégique qui a poussé Israël à prendre possession du plateau du Golan, mais bel et bien l’eau, le liquide qui va devenir dès demain l’or translucide, la matière première la moins respectée à ce jour par l’humanité.



Et dire que l’on comptait sur son côté inépuisable !

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