05 septembre 2008

Fragrances

Pourquoi sommes-nous si maniaques concernant les odeurs ? C’est en ce qui me concerne quelque chose de particulièrement surprenant étant donné que toute odeur peut rapidement devenir nécessité et qu’au surplus énormément de choses seraient bien moins agréables si l’odeur n’était pas de la partie. Depuis la délicate et légère senteur de fruit qui cuit pour la confiture jusqu’au piquant du soufre, pourquoi faire tout un cirque à propos de ces fragrances alors qu’elles sont la preuve indubitable de l’existence même des choses ? Cela me dépasse.

Aux gens qui n’observent que les odeurs agréables et qui renâclent à l’idée de subir certaines effluves dites agressives, j’aimerais vous expliquer en quelques mots la particulière liaison qu’il y a entre odorat et mémoire. Quand il s’agit de reconnaître la confiture de fraises, la chaleur de la quiche cuisant dans le four ou bien encore la fleur que mettait votre mère dans le vase du salon, tous vous trouverez aisément des choses liées à la mémoire… mais si l’on vous dit que sentir une odeur infecte de déjection peut devenir un bon souvenir, là tous vous vous récriez en braillant que je suis fou à lier ! Et non ! Je m’explique : suite à une étude sérieusement menée par quelques scientifiques anglais, qu’elle ne fut pas leur surprise que de constater dans un questionnaire qu’un homme avait coché comme « agréable » l’odeur de crottin frais. Evidemment la première réaction fut de croire que le personnage se moquait mais après un entretien sérieux il s’avéra qu’il n’en était rien ! Le candidat du test avait grandi dans un quartier populaire où tous les voisins tannaient le cuir et l’odeur caractéristique de ces travaux correspond énormément à celle présentée lors de l’examen. De fait, sa mémoire associait donc les mots enfances, souvenirs, tanneries avec le parfum exécrable (généralement) de déchets organiques. Surprenant non ?

Allons plus loin. Notre maniaquerie hygiénique en est arrivée à pousser la traque aux odeurs jusqu’à la peau même en créant des produits non parfumés mais supposés réduire à néant la senteur de la sueur. Question pour nos vendeurs de stick déodorant qui ne pue pas : à quoi bon se parfumer si ce n’est pas pour sentir quelque chose ? L’absence d’odeur n’est pas bon signe, pas plus que l’excès agressant les narines. Olfactivement parlant quitte à me tartiner les aisselles autant que cela soit avec un produit qui donne une autre perspective de moi que l’absence totale de perspective. Nous aseptisons de plus en plus les choses et nous poussons le vice jusqu’à nous dénaturer ! Comprenne qui pourra ! Ceci étant toute absence crée une carence, et qui dit carence dit excès de réaction. Typiquement, rien n’est plus toxique que l’abondance de nourriture pour quelqu’un ayant vécu des années durant dans un état de faim permanent, et donc par analogie la disparition des odeurs serait alors transformer la moindre émanation en choc olfactif brutal et intolérable. A tout choisir, conservons un peu de parfum dans le monde, cela sera plus sain pour tous.

Continuons dans cette direction je vous prie. Il est évident que le parfum, la fragrance est indispensable… Toujours pas convaincus ? Tentez d’imaginer une orange sentant les pieds ou un bec à gaz ne sentant rien du tout. Le fruit en serait que peu ragoûtant et le bec à gaz particulièrement dangereux puisque le gaz ne marquerait pas sa présence de sa si particulière senteur. L’odeur est nécessité dans la nature : tout animal renifle, cherche et fouille pour connaître ses congénères en fonction du seul sens leur permettant de communiquer à distance. Pour nous cette habitude s’est perdue… quoique, il nous arrive à tous de passer nos narines sur la peau de l’autre, ne serait-ce que pour s’enivrer encore un peu plus au moment de l’extase. Aphrodisiaques alors les odeurs ? Assurément !

Alors, enfin, je me dis que les parfumeurs sont des sagouins : au lieu d’inviter à la satisfaction nasale, la plupart se font la guerre à coups d’épices qui viennent vous rendre insupportable la présence de l’autre. D’ailleurs fait amusant (et pathétique), les jeunes filles ont des produits légers, vaporeux et délicats, alors que les parfums prévus pour les femmes d’un certain âge tirent vers le lourd, le pesant pour ne pas dire l’assommant. C’est injuste et cela semble plus tenir du machisme le plus pervers que de la véritable sélection par l’appréciation de la clientèle ciblée. A ce compte les jeunes hommes se tartinent de menthe et les « vieux » de musc ? Ridicule et insultant. C’est probablement pour cela que je me contente de choisir mon parfum non sur le conseil de quiconque mais juste à l’instinct. Si cela me plaît, je le porte…

Oui essence de violette, je suis un chieur MEME pour le parfum !

Petit Post Scriptum ... du Led Zeppelin pour le plaisir des oreilles.


1 commentaire:

Anonyme a dit…

Et que dire du jeune Homme "patchouli"...ou de la
Femme mature "eau de Roses"??.
Tout un programme.

Quant on sait le carcan olfactif d'un quotidien agressif, le "sens de la vie" étale toute son ampleur. (avec un clin d'oeil aux Monty)
Ca se sent que c'est toi!! Pour Téléphone.

L'odeur d'une peau moite, sèche,ou humide sent tout les parfums du monde, pour celui ou celle qui a du nez. Mais c'est un autre débat, sourire..

Et pour le musc, j'abonde.
L'essence aussi d'ailleurs, comme l'allumette fraichement craquée..
Quant aux parfums plus "personnel", il est utile qu'ils ouvrent certaines portes, sinon à quoi bon?