18 septembre 2008

La mort

Elle est toujours présente, à proximité de chacun de nous telle une épée que l’on aurait laissée pendre au-dessus de nos têtes par inadvertance. Pour cruelle qu’elle semble être la Mort est un service unique en son genre car elle est prompte à répondre à toute chose dans l’univers et ce à tel point qu’on la respecte que l’on soit athée ou bien fermement convaincu de l’autorité divine. Ce qui m’horripile d’ailleurs avec la Mort c’est son omnipotence : pas moyen de lui échapper, aucune chance de se cacher elle sait vous retrouver où que vous soyez. Personne n’irait dire « Je me suis caché de la Mort » si ce n’est pour en faire une licence littéraire quelconque pour un sous héros de roman de gare. Non, vraiment, la Mort n’est pas une chose à prendre à la légère.

Après mûre réflexion on pourrait donc en déduire qu’il faut fatalement dévorer la Vie tel un fruit savoureux avant de se taper sa platée d’orties car contrairement à la Vie qui a pour principale caractéristique d’être d’une durée limitée la Mort est éternelle, solennelle dans sa durée et qui plus est définitive. Revenir d’entre les morts c’est réservé à une élite, et encore le copinage familial n’est hélas pas étranger à l’affaire (du moins pour les catholiques). Alors, sur le terrain de la métaphysique on se rassure par la renaissance de l’âme dans l’éternité d’un paradis céleste, ou bien dans la peu ragoûtante mais fort rassurante possibilité qu’offre la réincarnation. Mouais, moi qui suis né dans un pays en paix avec une richesse pécuniaire suffisante pour m’accorder l’accès aux loisirs, je me vois guère tolérer un retour parmi les vivants dans une nation déchirée par la guerre civile ou bien de devoir supporter la lénifiante sous culture américaine. Enfin bref, la renaissance comme solution ? Votre serviteur n’est pas vraiment convaincu.

Alors, que faire ? L’insouciance est tout de même confortable : ne nous faisons pas de souci la faucheuse fera son office tôt ou tard. Une telle attitude fortement connotée hippie sous LSD me laisse tout aussi perplexe. Je doute qu’un pauvre erre cloué au poteau pour avoir eu le malheur de dire « Je pense que » aurait bien du mal à envisager la sérénité face au peloton d’exécution. L’innocence est vertu d’enfance et la connaissance poison d’adulte... De ce fait ayant pris le parti de comprendre plus que de subir il me sera absolument impossible de laisser mes neurones au vestiaire au profit des gambades dans les champs fleuris de la naïveté. Et puis, à force d’avoir l’air béat, n’a-t-on pas l’air profondément idiot ? Le regard hagard de la plénitude du cœur est souvent synonyme, hélas, de néant intérieur. Qu’on se rassure pour eux, la Mort les embarquera comme chacun d’entre nous. C’est un peu une vengeance personnelle contre celles et ceux qui supposent à tort que tous nous pourrions vivre en bonne harmonie, mais là c’est mon côté cynique qui s’exprime.

En quoi la Mort a la prérogative de la cruauté ? Nous sommes bien assez fourbes pour nous entretuer pour des icônes divines ou terrestres, nous préparer un avenir aussi sinistre que probable et au bout du compte on colle notre incurie sur le dos d’une obligation scientifique ? Facile, le bouc émissaire ne gueulera pas, il ne se plaindra pas d’avoir le mauvais rôle dans la comédie de la Vie, et puis aucune chance de quitter la scène car à moins de voir l’humanité se réduire enfin au silence la Mort est et restera aussi concrète qu’elle est froidement mathématique. L’Homme naît, il vieillit, il meurt. Rien de tragique là-dedans, c’est un cycle fiable et parfaitement au point. Il n’y a que nous, bétail convaincu de notre importance pour nous plaindre de notre sort de mortel. La Mort passe, fauche les grands, les petits, les vieux, les jeunes et ce sans distinction xénophobe. Où serait l’immuabilité de la Fin de l’existence si la Mort était raciste ? Serait-ce vraiment si cruel que cela de maintenir définitivement en vie une couleur de peau au détriment des autres ? L’injustice n’est pas la Mort, c’est l’homme qui l’est.

Après tout, c’est le macabre de la Mort qui nous dérange. L’image, l’idée préconçue de la pourriture d’un corps nous terrifie au moins autant que l’absence de Vie qui en découle. On éteint la lumière, on s’assoupit à jamais et voilà que cela nous fout la pire trouille qui soit. J’en conviens, se savoir déjà condamné alors que l’on s’enivre au pichet de nos illusions n’est pas attirant, mais somme toute n’est-ce pas là un piment à coller dans notre nourriture spirituelle de plus en plus fade ? Et puis si le paradis existe, m’est avis qu’y retrouver quelques personnages d’anthologie pourrait bien compenser l’éternité de la situation. Moi qui ait raté le dernier passage de Ray Charles en France, ce serait alors une opportunité de savourer ce génie lors d’une infinité de concerts où son esprit innoverait pour toujours. Et que dire des peintures inspirées, des sculptures, des pièces de théâtre, des nouveaux romans qui fleurissent dans les esprits de ces génies logés aux cieux ! Ah, le fantasme de l’érudit qui s’en va savourer son destin...

Mais tout de même : Richard Wright du groupe Pink Floyd est décédé le 16 Septembre 2008 des suites d’un cancer. Il arrive parfois que la Mort soit tout de même une foutue emmerdeuse...

Shine on you, crazy diamond...

1 commentaire:

Anonyme a dit…

la faucheuse frappe ceux que nous aimons et un jour , on les retrouvera et on contuera les conversations ..dans la sérénité
que la faucheuse me frappe le plus tard possible ... pour élever ma descendance ....
ici la mort est riste , noire et notamment en Indonesie , c'est une fête joyeuse .. pour qu'il parte , sans retrouver sa maison ..
mes tantes vietamiennes porte du blanc pour accompagner la faucheuse
un jour , oui , on ira ...
corrine