17 octobre 2008

Les russes à la bourre ?

Depuis le temps que je répète que les ours sont des mammifères peu commodes... On n’a cessé de m’asticoter les tympans de la déchéance russe et ce depuis la chute du mur de Berlin, et en ajoutant à cela avec tout le fiel de l’incompétence nourrie par les médias que « La Russie est dorénavant condamnée à un rôle de second plan ». Tiens donc. Je suis particulièrement amusé et ravi que les pronostics les plus sombres se soient avérés non seulement faux mais pardessus le marché totalement opposés à la réalité. Aujourd’hui les grands argentiers du monde sont en passe de devenir russes et chinois. Belle démonstration de retour de manivelle pour les USA et même pour l’Europe !

Bien que je ne sois pas fondamentalement pour les systèmes proches de la dictature, il faut tout de même admettre et surtout convenir que le système russe fonctionne, qu’il a fait d’énormes progrès et qu’à l’heure actuelle la Russie s’avère être un compagnon économique des plus fréquentables. Certains hurleront bien entendu concernant la liberté de la presse qui est des plus précaires ainsi que l’obscurantisme d’état concernant bien des dossiers (dont celui de l’armement et des décisions militaires), mais somme toute l’état y a une place que bien des pays lui envient. Dénigrer le système ? Lorsque c’est fait ce n’est pas sur des peccadilles ou des détails de finance, non c’est sur des fondamentaux méritant analyse, alors que dans les nations se proclamant démocratiques le jeu est de presser sur des incongruités globalement sans impact notable sur notre quotidien. De là je pense qu’il faut savoir respecter ce qu’est un drapeau, un pays et donc par voie de conséquence constater que les russes ne sont pas chauvins mais nationalistes, donc totalement le contraire des français.

Face à la Russie l’ambiguïté est de mise pour nombre de membres de la communauté internationale : l’ours soviétique reste dans les mémoires, les actions en Tchétchénie et en Géorgie sont d’actualité et soutenir ouvertement Poutine puis maintenant Medvedev reste délicat même pour le plus éclairé des analystes. Un seul terme me vient à l’esprit : lâcheté. On ne peut décemment pas rejeter l’efficacité sous prétexte de craindre que l’ex URSS réapparaisse. D’ailleurs, pourquoi refuser à la Russie sa place dans le monde ? N’est-ce pas une puissance nucléaire, une puissance économique et un gigantesque territoire ? Ce besoin maladif de rabaisser les anciennes nations communistes me semble des plus suspect, d’autant plus quand il s’agit de négocier les équilibres dans le monde actuel. Qu’on ait craint une action débile des croulants ayant été secrétaires général du parti du temps de l’étoile rouge, je le comprends, mais refuser le droit de citer à un président démocratiquement élu et visiblement soutenu par sa population, là j’ai bien plus du mal. Mais cela doit être un de ces honteux reliquats de la guerre froide...

Si l’on parle de Russie aux européens force est de constater que l’immense majorité d’entres eux ne voient que la vodka, les poètes suicidaires et les forces de l’armée rouge. Soit. Ce sont des symboles forts de cette nation ainsi qu’une imagerie volontairement entretenue à des fins de propagande, mais la réduire à cela c’est oublier sa place comme producteur de matière première, sa position prépondérante dans les relations avec les anciennes républiques du pacte de Varsovie, ainsi qu’un allié (si si !) face à l’envahissante Chine qui ne cesse de monter. Il serait donc intéressant de voir le monde se mettre à la raison et non à la péroraison qui est encore sa façon de communiquer avec Moscou. Notez tout de même que bien que faisant preuve d’arrogance et même de défiance à l’encontre du Kremlin force est de constater que toute décision ferme et résolue prise par le gouvernement russe se voit mise en œuvre sans réelle réaction internationale. Tout au plus entendra-t-on quelques grincements de dents et commentaires cinglants, mais sans action réelle derrière. Je rebondis sur ce point en constatant avec amusement que la Russie s’est retirée de Géorgie quand elle l’a décidé, non quand l’ONU l’a enjoint de le faire. Ce retard a-t-il donné lieu à des représailles quelconques ? Certainement pas, on ne donne pas un coup de pied dans les fesses d’un ours sans risquer de se faire méchamment chahuter, ou pire encore.

Sont-ils donc en retard sur nous ? Economiquement parlant non, la transition est dorénavant effective et l’économie de marché fonctionne à plein. Techniquement ? Le changement d’orientation politique du pays permet à présent l’entrée des technologies étrangères, l’investissement dans des sciences jusqu’à présent indisponibles, et il est surtout impressionnant de constater que le modernisme n’est pas absente du « jeune » état russe. Alors où seraient-ils à la bourre, ces russes alcooliques et rois de la chanson mélancolique ? Nulle part si ce n’est peut-être dans les droits de l’homme. L’héritage dictatorial et l’obligation (hélas) d’imposer un système fort où l’état est unanimement respecté fait que ce grand pays est encore affublé de tares dont il se départira au fur et à mesure de son développement. Plus une nation est riche plus elle tend à avoir une éducation efficace, donc plus elle tend vers la démocratie par la présence d’esprits éduqués et éclairés. Sans doctrine politique mélangée à l’enseignement, force est d’espérer que la Russie ne sera probablement plus un pays émergeant du marasme provoqué par la fin de l’ère communiste, mais une nation forte, riche et présente sur la scène internationale... donc à la place qui lui est due !

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