06 novembre 2008

Le non-sens

La langue permet de faire et de décrire des choses qui n’ont pas de sens, et pour autant que je sache il n’existe rien de plus puissant que le langage sur le terrain du non-sens. Si j’affirme par exemple qu’il est possible de faire tenir un éléphant en équilibre dans le vide, simplement accroché par sa queue à une pâquerette plantée au bord d’une falaise ça n’a pas la moindre logique ni le moindre intérêt, mais pourtant vous pouvez visualiser l’image du pachyderme terrifié flottant au-dessus du vide. De fait, nous avons donc une arme redoutable qui est chargée de mots et arrive à mettre en déroute les pires maux de l’humanité : le racisme, la haine, la violence, bref rien ne saurait survivre à l’avancée triomphale du langage.

On me dit dans l’oreillette que je m’avance un peu en affirmant ce genre de choses. Certes, je dois admettre que bien des personnes survivent sans difficulté alors que leur vocabulaire tient sur l’étiquette d’une bouteille de bière, mais tout de même reconnaissez de votre côté qu’avec les mots on peut faire tomber des dictatu... comment ça non ? On n’a jamais vu un état totalitaire s’effondrer face à la force des écrits ? Bah merde alors ! Oui c’est vrai qu’il est plus spectaculaire de voir défiler des centaines de milliers de civils en colère que de les voir bouquiner un livre sur l’éthique révolutionnaire, mais tout de même n’allez pas renier que les slogans... bon d’accord je me tais et remballe ma thématique guerrière !

Alors, le non-sens ? C’est donc détourner la réalité et la rendre totalement improbable au point même d’en dire qu’il s’agit d’une folie. Une baleine avec des ailes ça n’a pas de sens, alors qu’un poisson rouge avec un vélo, si ! Ah non, en y réfléchissant bien je ne vois pas l’intérêt pour un poisson d’avoir un vélo à moins qu’il soit d’Avril. Bref, encore des choses qui n’ont pas de sens. Ni envers ni endroit, bien qu’à l’endroit où je suis ce n’est pas Anvers. Ca va vous suivez toujours ? Toute notion de règle et de logique doit de dissiper si l’on veut côtoyer le non-sens, bien que celui-ci ne soit pas très favorable à la promiscuité des esprits faibles. Prenez une porte. Non ! C’est une image, inutile de dégonder la vôtre de toute façon je ne vous vois pas le faire ! Donc, je disais prenons une porte COMME EXEMPLE. La porte est une forme avancée de non-sens car elle symbolise tant le passage que la clôture. Ouvrir la porte des enfers ou bien fermer les portes du paradis aux humains, ça a plus de classe que de s’engueuler parce que « Pauvre con ! Tu as encore oublié de fermer la porte d’entrée ! » et puis quitte à s’enfermer autant que ce soit derrière la porte de la chambre à coucher.

Ca me reprend. Je divague plutôt que onze, je raconte n’importe quoi sous prétexte que mes neurones se déroulent comme de la laine sous le nez d’un chat impatient et puis j’embourbe mes lecteurs dans le vague bordel qui me sert d’esprit. Revenons au non-sens : il est fait d’images, de calembours, de jeux de mots et au bout du compte il fait d’une réalité un chemin amusant ou terrifiant. Alice, quand elle est tombée dans le « monde des merveilles », n’a-t-elle pas rencontrée une chenille toxicomane, un monomaniaque de l’heure, une reine génocide ainsi qu’une foule de personnages aussi dingues qu’effrayants ? Toujours amusant le non-sens ? Pardonnez ma cruauté mais quoi de plus inepte qu’une peluche armée d’un couteau de cuisine, ou d’une baignoire cannibale ? Ah là votre vieille baignoire en fonte vous semble déjà moins amicale, hein ?!

Non toubib, pas besoin de me ligoter je tiens très bien tout seul sur ma chaise et puis de toute manière ceux qui me lisent sont de l’autre côté du grillage. J’aime bien cette idée, c’est vous qui êtes prisonniers et moi libre... LIBRE ! LI... (BONK !) Et merde, les murs c’est plus dur quand c’est réel que quand on les fantasme faits en guimauve...

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