19 novembre 2008

Vies et ressentiments d’en dessous.

Suite à un commentaire amical d’une excellente amie (mais néanmoins aussi peu étanche intellectuellement que moi), la suggestion fut que je rédige un article sur le dessous de ma tenue, en l’espèce le caleçon, slip ou boxer qui vêtit en théorie tout homme ayant une hygiène corporelle normale. Mais au lieu de faire une diatribe sur l’objet textile en question, si nous lui donnions la parole ? Somme toute, les objets ont peu le loisir de s’exprimer, et même d’exprimer leurs frustrations vis-à-vis de l’usage que nous en faisons (à l’exception des armes qui, elles, parlent régulièrement de vengeance contre l’engeance humaine). Alors, toi le slip kangourou, perdu dans le tiroir du bas de la commode, que penses tu de nous autres les « mâles » ?

Hé !

Bordel il fait noir ici, et puis ça sent la chaussette.

Fais suer tout ça, ça commence à me tendre les coutures qu’on ne me réponde pas ! Ouais je sais que les vêtements de Madame me snobent de par ma basse extraction dénuée de dentelles et autres falbalas ridicules, mais tout de même que les chaussettes ou que les boxers soient muets, là il y a comme du racisme ! D’abord je n’ai pas demandé à être un slip blanc ordinaire, à la base j’étais prévu pour entrer dans la fabrication de chemises bon marché. C’est plus classe de couvrir les épaules d’un smicard que de soutenir les balloches d’un bourgeois ! Bon alors où que c’est qu’on allume ici, et puis cette chaleur ! Faudrait que je repousse la porte, mais où que c’est qu’elle est cette foutue sortie ?

Bon les mecs là, y a quelqu’un ? Allez quoi, répondez, c’est frustrant de se savoir entouré mais sans pouvoir communiquer avec quiconque. Comme dirait l’autre, la vie est dégueulasse et je peux vous dire que la mienne n’est pas enviable. Dès que ça commence au mieux on vous emballe dans un cellophane qui schlingue le plastoc fondu, ensuite on vous suspend dans des rayonnages éclairés au néon qui vous refait la rétine façon Ray Charles et pour finir l’entrée en matière on vous balance dans une benne en fil de fer pour conclure sur le passage au tapis roulant caoutchouc où vous entendez un Bip des plus sinistres. Et hop ! La bagnole et déjà le premier stockage à l’ombre, à croire q’un slip est un éternel bagnard. D’ailleurs les constructeurs de voitures, vous pourriez rembourrer les tapis de sol, c’est vraiment la misère de finir la gueule contre une plaque à dix centimètres du bidon d’huile. Ce n’est pas du snobisme mais un peu de confort ne saurait nuire !

Et allez, déjà que ça commence comme un polar où vous êtes la victime désignée, faut qu’ensuite on vous foute dans une machine qui vibre, tourne et vous noie dans une bouillasse infecte à base de savons et autres tensioactifs de mes deux. On frôle la noyade et les autres cons eux semblent blasé dans le grand tonneau en inox. Blub, burp, encore un tour... et vous croyez que c’est fini ? MEUH NON ! Cette pourriture accélère et tourne à vous en filer la gerbe tout ça pour virer la flotte qui est venue vous refaire les jointures. Alors torchonné, essoré, lessivé, puis finalement pendu par les miches à un fil au soleil, si ce n’est pas de la torture c’est quoi alors ? Je connais plus d’un t-shirt qui n’a pas survécu à ce traitement de faveur... Bref, si encore c’était tout passerait encore vu qu’on embaume la lavande de synthèse, mais voilà que bobonne dans sa grande générosité se pointe avec le fer brûlant, vous asperge d’une saleté supposée vous rendre confortable et plaf sur la gueule le fer ! Ca fume, vous braillez mais on ne vous entend pas là haut, trop occupés à regarder les feux de l’amour la grognasse ! Et voilà qu’on achève la besogne en vous pliant et en vous collant dans le tiroir.

Fais chier, ils dorment tous. Fait nuit dehors ? Fait jour ? J’ai pas entendu le réveil pour le moment, donc le Bernard Menez de madame dort encore. Sûr qu’il ronfle comme à son habitude en se grattant périodiquement les sacoches. Mon pauvre frangin d’infortune, toi aussi tu as le droit au coup de l’élastique distendu !

Ah mais vous pensiez qu’il n’y a que ça comme supplice ? Mais pensez donc ! Déjà c’est peu ragoûtant d’être un sous vêtement, mais imaginez la réalité de la chose ! Enfoncez vous dans le crâne qu’on se paie tous les travers de ces messieurs : la tite goutte qui déborde et qui vous refait le teint à la chinoise, le lendemain de nuit scabreuse qui vous offrent le loisir du tatouage brun, et puis faut pas oublier le soin que certains ont à ne pas nous remettre en état par la torture de la machine, ce qui vous donne le loisir de découvrir qu’un bouc est un animal qui sent particulièrement bon finalement. Sans aller dans le fond des choses j’ai une envie de révolte rien qu’en y songeant. A la longue on dit qu’on se fait à tout, moi je ne suis pas encore fait à la panne de papier toilette ! Salaud ! Je ne suis pas un torche miche ! Merde alors !

Ah, tiens ça bouge. Ils se planquent tous les lâches... ah non, pas moi, fais chier j’ai déjà donné la semaine dernière ! Non ! Lâche moi ! Laisse moi prendre une pause, l’autre calebut’ là, il n’a pas fait son office depuis deux quinzaines ! Mais qu’on me foute la paix !!!

2 commentaires:

Anonyme a dit…

une tuerie cet article !!!! pour un peu la trace jaune aurais été ici à clermont mdrrr :)
un pur délice...de rigolade
Didine

Anonyme a dit…

Merci pour cet article bien sympatique au milieu de cette journée de taf intense.
Liline.