27 février 2009

Les odeurs

Tout d’abord veuillez excuser ces deux jours muets, le travail étant parfois prioritaire sur les loisirs j’ai du choisir entre rédiger une note (et donc rester encore un peu plus tard à mon clavier au bureau), ou bien finir le maximum de boulot puis rentrer (tard tout de même). Bref me revoilà sur le pont pour pouvoir lâcher une de mes innombrables élucubrations si possible quotidiennes.

A quoi songez-vous quand vous entendez le mot odeur ? C’est amusant comme ce mot peut avoir deux connotations totalement opposées, à tel point que, selon le tempérament de l’interrogé vous aurez le droit à « odeur de pieds » ou bien « l’odeur du pain qui cuit lentement ». Impressionnant, d’autant plus quand on constate que rien ou presque n’est fait pour éduquer le sens olfactif dans l’éducation des enfants. C’est donc à l’expérience que l’on se rattrape alors qu’il serait amusant, interactif et surtout enrichissant d’enseigner aux enfants la variété des senteurs du monde. Pour moi, c’est ainsi que doit être la vie : pleine d’odeurs, du aigre au sucré en passant au capiteux, peu importe, l’existence doit sentir ou ne pas être.

Là où l’odeur pose encore plus de problème c’est au sujet de sa subjectivité. Prenons un exemple tiré d’une expérience (authentique, je tiens à le souligner) pratiquée sur un échantillon de personnes. Le but était classer statistiquement les pires odeurs dans un lot d’une dizaine de « parfums » plus exécrables les uns que les autres. Bien entendu les résultats n’eurent rien de très passionnants si ce n’est une réponse particulièrement inattendue de la part d’un homme assez âgé. Celui-ci avait en effet classé une odeur infecte dans « agréable ». Surpris et supposant qu’il s’agissait d’une erreur, nos chers laborantins prirent rendez-vous avec l’hurluberlu qui leur répondit tout sourire que la dite senteur « ressemblait énormément à l’odeur qu’il a connu en grandissant dans le quartier des tanneurs ». En effet, le parfum dégagé par le tube à essai s’approchait étrangement de celui du cuir pendant son tannage au chrome ! Comme quoi, pour lui cette infection évoquait le passé, l’enfance et les jeux dans les ruelles alors que pour d’autres elles n’évoquèrent que dégoût et désagrément.

Si j’évoque les odeurs c’est avant tout parce que les locaux qui accueillent mes frasques sont en cours de rénovation, du moins pour les sanitaires. Je fus saisi par les vapeurs de peinture, de ces solvants pétroliers si familiers à mes naseaux déformés. Tous râlent encore de cette puanteur donnant mal à la tête, alors que moi elle vient gentiment caresser mes souvenirs d’adolescent cavalant sur les chantiers. On ne se refait pas : tout comme l’odeur des produits pour peintre l’odeur d’essence me laisse rêveur, j’en soupire d’aise même. Je dois passer pour un fou mais franchement, pour moi la senteur d’une pièce fraîchement repeinte m’évoque énormément de souvenirs aussi douloureux qu’agréables. Nostalgie aidant j’oublie bien entendu la poussière, la fatigue, le labeur et les scènes à mettre au placard pour ne retenir que la satisfaction du travail bien fait...

Et puis tous nous avons quelque chose dans le même genre : la gamine qui salivait à l’odeur du pain grillé, le gosse qui, au parfum de l’épandage de lisier se souvient des fruits de la campagne, ou bien encore cette personne âgée qui sourit béatement à la mémoire des vapeurs d’huile d’une voiture de collection. Pourquoi alors classer puisque chacun nous jugeons différemment les odeurs ? Certaines choses m’insupportent et rien n’y fait tandis que d’autres se délectent de la présence des dites effluves ! Cerveau, comment es-tu fait pour créer de tels désaccords sur des choses aussi simples ?

Quoique : il y a une chose sur laquelle tous les humains sont apparemment d’accord... les relents gastriques des voisins sentent toujours plus mauvaises que le sien, la preuve en est que rarement nous nous plaignons de nos propres odeurs alors que nos voisins eux... en profitent en hurlant au scandale olfactif. Quand je vous disais que c’est subjectif !

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