17 février 2009

Plus je regarde l’écran

Et moins j’aime les hommes. C’est ainsi : plus je passe de temps derrière un dispositif de retransmission de la misère en temps réel, plus je hais de moins en moins cordialement l’humanité. Sans rire, pourquoi devrais-je me rabaisser à lui trouver des excuses alors qu’elle-même n’est pas capable de se pardonner ? En quoi devrais-je devenir un apôtre de la paix tandis que la guerre totale fait rage ? J’en entends qui se gaussent d’une telle remarque, d’autant qu’ils pensent que la guerre c’est loin, que le sang c’est à Gaza qu’il est versé et non à Paris, et puis qu’on s’en fout tant que c’est pas chez nous. Pauvres parasites de notre si belle planète bleue, vous croyez vous donc à l’abri de votre propre barbarie ? Vous mériteriez bien quelques coups de badines, histoire de vous remettre les pendules à l’heure !

Je sais, je reviens sur le terrain de la virulence outrancière qui, bien qu’efficace en théorie ressemble énormément à du brassage de vent. Que nenni ! Brasser du vent reste toujours mieux qu’être oisif face à nos contradictions. En Europe nous sommes tous devenus des « Je consomme donc je suis »… Soit. Admettons que ce mode d’existence soit tolérable et qu’il profite à chacun, mais alors, pourquoi pour un obèse il y a dix affamés ? Cela semble complètement ridicule non ? D’autant que personnellement je ne vois pas vraiment pourquoi nous nous empiffrons alors que la simple vue du téléviseur suffit généralement à me couper l’appétit. Nous nous pensons donc bien au chaud, préservés des désastres et autres fusillades… J’avoue, je ris en prononçant cette phrase à haute voix : tous nous allons découvrir à nos dépends que la violence n’est pas nécessairement faite au fusil ou au mortier, elle peut être perverse et insidieuse, à l’instar de ce conflit mondial à coups de milliards de dollars. Les nouveaux soldats sont les fantassins des usines à bas prix, leurs généraux des capitaines d’entreprises en cols blancs. Choisissez : périssez étouffés par la concurrence, ou bien apprenez à vous restreindre en devenant leurs vassaux. Guère facile comme choix je trouve !

Globalement les gens tant qu’ils ont un travail pensent que la sécurité commence par l’emploi, puis qu’ensuite l’on peut éventuellement se préoccuper de son voisin. Amusant, d’autant que le dit voisin est le fameux client dont chaque entreprise a besoin pour survivre. C’est paradoxalement drôle de voir les grands « enrichis » se retrouver fauchés à cause de malversations d’un autre plus tordu qu’eux, et puis de les écouter se plaindre de la déconfiture de leurs actions. C’est ce que militairement on peut appeler les blessés… ou éventuellement les planqués à qui l’on colle pudiquement l’étiquette « dysenterie » en lieu et place de « pétochard fini et inutile ». La brutalité du marché équivaut bien à ces grandes batailles d’antan, ces charges titanesques où chaque corps était brisé, sauf qu’aujourd’hui l’on brise les corps en brisant les sociétés. Mutation de la façon de lutter je suppose.

Alors quoi ? Vous vous attendiez peut-être à ce que je propose des solutions viables et saines ? Ai-je l’air d’un enfant de chœur ou bien d’un expert en finance ? La seule constante dans l’être humain c’est qu’il soit envieux et veule. Rien n’est plus cruel qu’un humain cherchant à survivre car il n’hésitera pas à dévorer ses congénères. La moralité s’achète, pas la vie, du moins pas au sens revenir des morts. Alors pour survivre chacun saura trouver midi à sa porte (comme dit le dicton). On peut dire que ma vision du futur est sombre et terrifiante. Je l’admets, je n’ai guère confiance tant dans les électeurs que dans les élus car les premiers sont suffisamment imbéciles pour ne pas se prendre en main, et les seconds profitent clairement de la bêtise des premiers. Nous sommes tous attentistes, calmement pendus aux lèvres des « connaisseurs » qui, tout comme nous à mon avis, tentent désespérément de comprendre l’insoluble équation qui tient pourtant en quelques mots :

L’homme a toujours faim
L’homme ne saura jamais être rassasié.
L’homme finira par se dévorer lui-même.

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