20 avril 2009

Lutter contre l'apathie

On a tous ces moments d’apathie où l’on se sent tels des mollusques avachis dans un plat de restaurant sur la côte bretonne, mornes, mous, sans énergie, avec pour seule perspective la panse acide d’un débonnaire imbécile. Et pourtant les moyens de s’en prémunir existent ! Quoi ? Vous n’êtes pas au courant ? Vous pensiez qu’une fois la télévision coupée point de salut ? Mais il faut donc tout vous expliquer ! Allez, je vais faire ma bonne action annuelle en vous donnant quelques recettes efficaces pour retrouver un peu d’énergie et d’entrain.

Commencez toujours la journée en insultant ceux que vous détestez. Pour ce défoulement quotidien, plus besoin de hurler à la mort comme un chat agressé par deux pitbulls ! Internet vous sauve la vie : recherchez les sites de vos politiciens les plus honnis, identifiez les profils « communautaires » de vos voisins/collègues/familiers sur la toile et arrosez les copieusement de votre bile de frustré rondouillard. Surtout, pensez bien à mettre le paquet dans les noms d’oiseaux, mais le tout de manière anonyme, ce serait dommage de découvrir que le Net n’est pas aussi « libre » qu’il y paraît. Petite astuce complémentaire : il existe même des solutions pour créer des adresses mails temporaires, le rêve absolu pour bombarder votre casse noix expert en barbecue puant qu’est votre voisin.

Une fois le café et les 3000 mails d’injures envoyés l’un dans votre panse, l’autre de par le monde, préparez vous à la « sale con attitude ». Cela revêt plusieurs formes. Vous allez bosser en voiture ? Pas de problème, roulez 10/20 km/h sous la limitation de vitesse, et si possible répondez aussi violemment que possible aux provocations des autres conducteurs. Ca les ennuie, ce chemin à une voie et ligne blanche que vous embouteillez... comptez donc cette petite victoire nombriliste sur le monde et surtout sur les démons mécaniques ! Vous êtes un ardent défenseur des transports en commun ? Là, il faut s’équiper : soit vous choisissez la méthode « old school » du journal au format insupportable, ou le « new wave » avec le baladeur braillard. Le second est évident : pour peu que vous ayez une dégaine de voyou et/ou de rugbyman, prenez un baladeur, collez lui un haut parleur (si ce n’est pas déjà fait) et balancez le dernier tube inaudible de la midinette en vogue. Pour la première, c’est plus subtil et à tendance mono cible : prenez des canards tels que le Monde qui, dans leur monolithisme, n’ont pas su se faire pratiques. Ouvrez le en grand devant vous pour revendiquer votre statut social et là, à chaque changement de page, agissez comme un bourrin. C’est efficace avec en vrac, la pimbêche pédante et sur-maquillée (et probablement gauchiste à ses heures... histoire d’être dans le coup), la petite vieille hirsute et mal lunée mais terrifiée rien que par votre présence, et même, sublime plaisir, le costumé cravate trois pièce tronche de con tout frais émoulu d’une école de commerce. N’hésitez pas à faire dans le lourdingue en lançant la conversation, et surtout... prenez tout à contre-pied. N’abondez jamais dans le sens de qui que ce soit, soyez ignoble, n’hésitez pas, chargez la mule avec du négationnisme, de la barbarie à pas cher. Vous verrez, quel plaisir de les sentir se mettre en colère contre un inconnu !

Pendant la journée de labeur, c’est à vous de trouver les bonnes solutions pour tuer l’apathie supposée de votre tâche. Donnez du boulot à qui n’en a pas besoin en vidant par exemple la photocopieuse de ses feuilles, en faisant acte d’emmerdeur en bloquant sciemment les toilettes avec un tournevis, ou bien en fatiguant tout le monde en ôtant l’ampoule des pièces sans fenêtre. Con, simple, ludique, donc redoutable. Et les solutions ne manquent pas : toi qui cuisine pour des ingrats, qu’attends tu pour charger en piments la gamelle du sale con qui ne lâche pas de pourboire ? Toi le facteur, pourquoi t’ennuyer avec les lettres de relance du fasciste du second ? Qu’il se trouve dans la merde avec les huissiers oui ! Ah, les petites vengeance du quotidien, quoi de plus agréable pour reprendre vie quelques instants !

Et puis le soir venu, ne vous abrutissez plus ni devant la télévision, ni même devant le Web. Soyez inventifs car tout peut être sujet de loisir. Tenez, les miches de la célibataire d’en face, qu’attendez vous pour aller les visiter ? Pourquoi ne pas aller tromper l’apathie dans un restaurant où, une fois le plat dégusté, un bon scandale comme « le cheveu dans la tambouille » vous vaudra une engueulade, mais une addition gratuite. Et puis finalement le sommeil vous gagnera, le sommeil de celui qui s’est défoulé et a gagné son droit au repos.

Que la connerie humaine soit remerciée !

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