29 mai 2009

Testament ?

Après ces centaines de messages rédigés par mes soins, il est probable que vous ayez constatés qu’il m’arrive d’avoir une certaine fascination pour le morbide, ou tout du moins une propension à ironiser concernant la mort. A vrai dire, c’est que j’estime la mort non comme une menace, mais plutôt comme une constante, une inévitable finalité qui nous attend patiemment en bout d’existence. Après tout, la vie n’est intéressante que parce qu’elle se termine toujours trop tôt (en tout cas, au goût de nos proches). Alors, franchement, pourquoi s’inquiéter pour l’inévitable ?

C’est sur cet aspect commun à tous que je trouve moyen de rire cyniquement, notamment parce que nous faisons tout pour nous y préparer : conventions obsèques, plans d’épargne, assurances vie, et puis surtout le testament, ce document inique que j’adore pardessus tout. Pourquoi ? Mais réfléchissez un instant : quoi de plus stupide qu’un papier contenant votre façon de concevoir le partage de vos biens terrestres… après votre mort ? Je n’arrive même pas à comprendre comment l’on peut décréter « tiens, un tel aura plus que l’autre, juste pour qu’il y ait une bonne engueulade devant le notaire ». Je caricature, je force le trait, mais après tout, en quoi serions nous concernés par ces tractations pécuniaires une fois les chrysanthèmes posés sur le marbre ?

Il est vrai que la mesquinerie humaine n’a pas de limite, donc, en prévision, nous rédigeons des documents conçus pour que chacun voie sa part rester équitable, et ainsi s’assurer moralement que la faucheuse ne soit pas la cause de dissensions familiales. Soit. Admettons, mais c’est alors oublier une autre habitude de l’homme qui est de systématiquement mettre en doute son prochain. Pas content de l’héritage ? Paf, une expertise médicale, une plainte au tribunal, ou bien encore une mise sous tutelle préalable pour ne pas voir le pécule partir en fumée ! Ah les ingrats, déjà qu’ils sont prêts à vous coller en maison de retraite à la première occasion, les voilà en train de découper les éconocroques sur le papier comme un gâteau pendant un anniversaire. De fait, le testament est donc non pas une préservation, mais je crois une façon cruelle de rappeler à autrui que l’on décide pour soi de ce que l’on fera de nos biens, ceci avec l’aide consciencieuse d’un notaire. Hé oui : le fonctionnaire sera tout simplement un exécuteur testamentaire, le type froid, sans réflexion, validant simplement la légalité des choix de l’auteur du testament. Si ce n’est pas du cynisme ça…

On songe bien entendu aux familles recomposées, aux riches voulant ne pas trembler concernant la dote de chacun, mais il est tout à fait hilarant d’imaginer un fauché s’amusant à rédiger son propre testament. Comment ça ce n’est pas drôle ? Mais si ! Par exemple « Je lègue la télévision couleur qui marche qu’en noir et blanc à ma fille, le magnétoscope qui bouffe les VHS à mon fils. Pour le mobilier Conforama, démerdez vous, il est tellement pourri qu’il vaudra mieux le passer dans le barbecue du voisin ». Et pourtant, chacun se fend de financer, jour après jour, un plan de sécurité pour avoir un « contrat sur la vie ». Les assureurs ont le sens de l’humour n’empêche : vendre à un vivant la façon dont on le traitera une fois la paillasse dans la caisse en agglo. C’est comme s’ils vendaient à une poule la sauce avec laquelle elle sera mangée. Ironique non ? Bref, un testament, c’est le plus drôle des contrats, en tout cas pour son contractant, mais pas pour ceux qui en subiront les effets. Je m’imagine bien, écroulé de rire là haut (ou en bas, allez savoir), à l’ouverture de l’enveloppe. « Vous aurez que dalle, bande de rats, j’ai tout filé à la croix rouge ! ».

Bon… j’ironise la situation, car il est plus que souhaitable d’anticiper les problèmes et de délester ses proches de toutes les complications administratives… mais qu’on m’explique l’utilité d’un testament politique. Hitler s’est fendu d’en pondre un au jour de sa disparition, et cela m’a semblé être d’une prétention indigne d’un dictateur, ou de qui que ce soit d’ailleurs. Politique ? Chacun sait lire le passé à sa façon, et ce n’est pas un de ces papelards prétentieux qui y changera quoi que ce soit. A tout choisir, j’aurais préféré un vrai testament où il aurait listé ses biens, ainsi que la façon dont il aurait voulu les voir distribués. Cela aurait ajouté à son côté monstrueux le côté pathétique de l’être humain ordinaire, l’homme aussi misérable à la fin d’une existence que nombreux croyait être miraculeuse. Que grâce nous soit rendu que son seul héritage soit le dégoût pour la guerre et la bêtise des marcheurs au pas de l’oie !

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