15 juillet 2009

Cauchemar

Qu’est-ce qui fait le cauchemar ? Est-ce une émulsion chimique à l’intérieur de notre cerveau, la résurgence de tempéraments primaires, ou encore l’expression d’un autre « soi » auquel l’on accède que de manière détournée ? Si j’étais scientifique, je pourrais me contenter des concepts de chimie, de transmissions d’informations stockées dans notre boîte crânienne, et envisager qu’un dérèglement quelconque puisse générer des réponses et des stimuli incohérents. Cependant, cela me semble tout particulièrement réducteur et abscons d’en rester à une vision si étriquée de l’esprit humain. A mon sens, le cauchemar est autrement plus complexe qu’une réaction intellectuelle distordue par le jeu de l’acquis/vécu.

On dit souvent que les cauchemars naissent suite à des angoisses qui ressortent. Fort bien, cette idée me semble convenir quand il s’agit de stress aigu, de frustrations récurrentes, ou encore de terreurs infantiles hantant leur victime. Après tout, l’homme réagit souvent par peur, et se voit infliger un contrecoup à travers un sommeil agité. On pourrait donc envisager l’idée que le cauchemar émerge de soi quand la frayeur en question devient trop encombrante au fond de son esprit. Typiquement, l’enfant réagit brutalement à ses craintes, et son sommeil en pâtit presque systématiquement. De la même manière, les victimes d’incidents violents voient leur sommeil devenir un enfer : rappel de la situation traumatisante, émergence de montages imaginaires reliant toujours tout à l’évènement passé… En clair, l’esprit recompose le rêve avec nos mauvais souvenirs et/ou nos craintes pour en faire des cauchemars.

Mais cette vision est encore trop réductrice, non ? Pour autant que je sache, il n’est pas nécessaire de stimuler l’imagination pour cauchemarder. Le rêve, tout comme le cauchemar, semble fonctionner par devers nos désirs et envies. Cela sous entend donc une dynamique qui nous est inconnue, en tout cas pas maîtrisée par notre conscient. Le sommeil est d’ailleurs un phénomène tout à fait intéressant : d’un côté notre organisme se met « en veille » pour restituer un stock énergétique suffisant, de l’autre notre esprit se met à fonctionner sans véritable contrôle. On dit que l’on se souvient rarement de nos rêves et de nos cauchemars, mais pour autant nous les vivons avec parfois une violence extrême : agitation, somnambulisme, propos incohérents, notre corps vit le cauchemar alors qu’il ne serait qu’une construction de l’esprit ? Cela veut donc dire que notre esprit arrive à dépasser le réel, que nous arrivons à aller au-delà de la perception organique à travers l’alchimie des neurones. Allongeons nous : même les yeux fermés, nous « savons » que nous sommes allongés. Les indices sont flagrants, nous ressentons la position. Endormons nous : si votre cauchemar vous fait courir, il est probable que vous essaierez de courir … à l’horizontale. Etrange, et même terrifiant.

Il est « admis » que l’inconscient est présent en chacun de nous, et qu’il dicte certaines choses qui nous dépassent. J’admets ce raisonnement d’autant plus facilement que visiblement, l’inconscient se comporte comme un filtre de la réalité. Si l’inconscient est le maître de nos nuits, ça peut vouloir dire qu’il est supérieur à l’intelligence et même aux sensations. J’expliquais le cas de la course : si l’on continue à pousser l’investigation, cela veut dire que l’inconscient peut nous faire agir par devers des décisions conscientes ! C’est le cas lors de terreurs vécues où les victimes peuvent en arriver à une endurance surhumaine, ou encore à perdre tout ou partie du temps passé à fuir par exemple. Le cauchemar serait alors une expression brutale de cet inconscient dominant temporairement la conscience humaine. Comme les deux sont liés, je peux même penser que l’inconscient pioche dans les souvenirs, les idées et les fantasmes pour y bâtir les rêves et les cauchemars.

Cet inconscient m’impressionne, car je suis convaincu que la « folie » (au sens très large du terme) peut être une altération de la conscience et de la logique. Cela semble idiot ? Pourtant, il est bien clair que l’inconscient arrive à nous faire marcher les yeux fermés, à nous faire courir allongé, ou encore à ressentir physiquement l’étouffement et ceci sans cause extérieure. Quelque part, l’inconscient semble être (pour moi) un catalyseur émotionnel qui exacerbe le bien et le mal au point d’en faire des images mentales impossibles à traiter par le conscient. L’excès sensoriel est tel qu’il arrive même à surpasser le réel, tel que les sensations tactiles, ou encore la compréhension spatiale. Pour parvenir à désorienter à ce point, il faut de sacrés stupéfiants !

Alors la question de l’âme se pose : aurait-on deux âmes, une consciente et l’autre inconsciente ? L’inconscient est-il la seconde face d’une seule et même pièce ? Le cauchemar n’est-il pas finalement un « signe » que l’âme est autrement plus forte que la chair ? Je me plais à croire que nous rêvons et cauchemardons parce que nous parvenons à en analyser la réalité, et donc à la distinguer de la fiction de notre esprit tourmenté.

1 commentaire:

Voluta a dit…

http://www.cgjung.net/oeuvre/interp_reves.htm