27 juillet 2009

L’augure

An 2000, 2012 pour les incas, chaque changement de siècle, les jours d’éclipse, l’homme a toujours craint les étapes dans son calendrier. Paniquant à l’idée d’une apocalypse annoncée par les astres ou les oracles, chaque civilisation s’est empressée de sacrifier poulets et jeunes vierges sur les autels des dieux pour s’assurer leur pardon. Amusante coutume que de poignarder les jeunes femmes vierges par ailleurs : et hop, on liquide la richesse génétique d’un peuple pour un bout de caillou au sourire improbable ! Comme quoi, le nihilisme peut devenir institutionnel…

Que l’on soit croyant, agnostique ou carrément athée, les échéances planétaires nous semblent être envisageables. Les uns collent ça sur le dos d’un jugement dernier divin, d’autres sur la chute d’un météore, et certains vont même jusqu’à envisager l’apparition d’un envahisseur à tentacules et à l’accent texan. Statistiquement, il est évident que la terre peut être sur la trajectoire d’un rocher gigantesque, tout comme la probabilité d’une autre forme de vie n’est pas nulle dans l’univers, mais de là jusqu’à trembler au moindre pet de travers de l’espace, il y a des limites, non ? La trouille séculaire du ciel ne s’est finalement pas évanouie avec l’avènement des sciences, loin s’en faut.

De toute façon, la science s’est donnée pour rôle d’être le nouvel épouvantail du monde : pandémies analysées au microscope, désastres écologiques mis en équation, tout est bon pour effrayer le chaland, surtout s’il est friand de chiffres et de tableaux abscons. Moi qui croyais que nous serions juste plus lucides sur notre monde, voilà qu’on se met à nouveau à frémir concernant des échéances dignes d’apparaître dans la bible. Amusant cinq minutes, pénible à la longue, d’autant plus quand de pseudo scientifiques vous gonflent le cortex avec des parallèles sur les oracles de l’ancien temps, et une « conscience » de l’Internet. Hé oui ! La toile serait notre nouvelle religion, où le dieu information serait omnipotent et omniscient. En toute franchise, quand je vois le nombre de conneries proférées à la minute (voire à la microseconde) dans le monde, je doute fort que ce « dieu » soit saint d’esprit… Enfin passons.

Le monde a une durée de vie limitée, tout comme les civilisations ne sont pas éternelles. Nous avons abandonnés le polythéisme, bannis nombre de croyances concernant la nature et les étoiles, mais pour autant, nous pratiquons toujours une forme d’obscurantisme des plus pénibles. Si le monde doit disparaître, nous serons tous aux premières loges, et ce n’est pas à ce moment là que nous serons en position de parler de regrets ou de remords. Invariablement, nous pourrions tous périr, et ce sans l’aide d’un météore ! Un bon gros volcan piquant sa crise, un tremblement de terre plus sévère que les autres, et hop, un hiver digne d’une apocalypse nucléaire ! Et dire qu’on farcit le crâne des gens avec une terreur illégitime ! Qu’on m’explique l’intérêt de coller la frousse dans la tête des téléphages, car techniquement, ils n’iront pas tous acheter un bunker climatisé pour autant !

Je suis passablement gonflé par les oiseaux de mauvais augure. Tous, sans exception, me braillent que je suis un criminel, que les bébés phoques c’est ma faute, que la fonte des glaces, c’est encore ma faute, et que je porte sur le dos tous les malheurs du monde. Hé, dites les crétins, êtes-vous des humains tout comme moi, ou des mollusques tout juste bons à être déversés dans l’aquarium d’un requin tigre ? C’est quand même fort ça, cette façon dont les bouffeurs de tofus, les amateurs de shamanisme aux neurones carbonisés par les stupéfiants, ou encore les voyants de tous poils, se dédouanent de leurs propres responsabilités. J’aime tout particulièrement les prédicateurs qui se font fort de faire la leçon aux foules, avec bien entendu la part belle au commerce « de proximité ». Eau miraculeuse, lectures conseillées et j’en passe, tout est bon pour que le chaland soit accroc aux méthodes du bonhomme. Comme quoi, la peur de la mort et de l’avenir font mieux vendre que toutes les réflexions positivistes sur l’évolution du monde.

A mon tour de jouer les sinistres devins : la terre sera détruite en 2007, le premier janvier…

On me dit à l’oreillette que la date est déjà passée ! ET MERDE !

1 commentaire:

Thoraval a dit…

Sujet délicat que celui-là. Tu y intègre la science comme facteur déterminant, soit de raison, soit de bouc-émissaire. En réalité, la science tient plus du rôle des prêtres antiques, dont ton titre revendique un de leurs rôles.
Tu commences par l'an 2000 ou l'an 2012, mythe judéo-chrétien et mythe amérindien. Phénomène millénariste, pour la consommation médiatique. Mais, quelque part, je crois que notre paléo-psyché et notre part animal, se souviennent de quelques chose de terrible.
Nous connaissons tous une histoire de Déluge. Un mythe, une légende...
Mais ce mythe possède 502 légendes officielles, que nous pouvons réduire en 62 groupes différents, isolés les uns les autres de la façon la plus complète. Ces 62 groupes ont donc racontés une Histoire à leur manière. Une Histoire, car les cohérences et similitudes sont trop nombreuses pour être un fait différent.
Ensuite, je pourrais parler d'autres légendes faisant toutes références à des chiffres de précessions d'équinoxe, de site mal datés officiellement et dont l'existence ssont plus anciennes que ce que nous reconnaissons de l'Histoire officielle. Je ne citerai que le Sphinx dont les traces d'usure sont dû à une pluviométrie constante de plus d'un millénaire. Lorsque nous voyons où repose le Sphinx, nous avons du mal à imaginer la pluie. Cette période a pourtant exister au neuvième millénaire avant Jules César.
Quel rapport avec ton sujet? Imagine au JT du soir. "Mesdames et Messieurs bonsoir! Le Mythe du Déluge n'est plus un mythe mais un fait historique. Il y a eu une Humanité avant la nôtre, une Histoire avant la nôtre. Et suite à une précession d'équinoxe en 10000 avant notre ère, cette Humanité a disparu à cause des changements climatiques et de la fonte des glaces. Nous sommes donc mortels comme eux, puisque la prochaine précession d'équinoxe aura lieu entre 2026 et 2030"...
A ton avis. L'Homme préfère-t-il croire qu'il peut empêcher le réchauffement de la planète à cause de ses erreurs industrielles ou préfèrerait-il attendre patiemment le caractère inéluctable d'un phénomène astronomique contre lequel il ne peut rien?
Certes, certaines précessions semblent ne pas avoir laisser de traces marquantes. Mais qu'en savons-nous finalement? Pas de chercheurs à l'époque pour recenser tout cela.
Ceci expliquant peut-être cela... (Bon, j'ai fait léger dans l'argumentation de ma question, mais tu me connais suffisamment pour savoir que je n'écrirai pas si je n'en avais pas d'autres dans ma besace et donc nous pourrons débattre ou partager ailleurs qu'ici).