10 septembre 2009

Anachronisme

Comment définir facilement, et de manière compréhensible pour le commun des mortels, ce qu’est un anachronisme. En gros, c’est mettre des choses d’époques différentes dans la même situation. Vous ne voyez pas ? Ah merde, faut être clair… Bon. Alors, imaginez vaguement une scène de la Rome antique. Oui, Rome, vous savez, les gars en toge, les centurions avec la quincaillerie et la lance, enfin Rome quoi. Maintenant que vous visualisez et visualisez la situation, imaginez que ces gens soient survolés… par un avion à réaction. Aucun sens ! Voilà c’est un anachronisme.

Dans l’absolu, c’est à peu près aussi stupide que d’espérer faire parler une souris (même si Disney s’est entêté à le faire pendant des décennies). Pourtant, cette incongruité (attention, mot complexe !) a le mérite de me faire rire. Hé oui, l’absurde, le ridicule, s’il n’a pas le mérite de l’exactitude historique ou technologique, a au moins la force de faire rire les demeurés dans mon genre. Personnellement, songer à la tête de marins étrusques voyant débarquer un porte-avion nucléaire, ça vaut le détour ! Et ce n’est pas limitatif ! On peut tout mélanger, faire joujou avec les époques, mêler des choses biscornues les unes aux autres, juste pour le plaisir de l’imaginaire et du non sens.

Bon, là je sens les fanatiques et autres acharnés de l’exactitude me regarder avec circonspection, voire même avec un rien de condescendance. A leurs yeux, je suis un de ces hurluberlus qui ne prendrait pas l’histoire au sérieux. Mais si ! Mais le rire, le Saint rire se doit d’être respecté ! Un Lutèce du moyen age, avec ses paysans, ses crieurs, ses nobles… et son autobus… Hein ? Quel autobus ? Mais oui ! Moquez vous des obligations de cohérence ! Allons plus loin ! Faisons fi de ces limites, et installons un aéroport dans la vallée des rois, sous le règne de Néfertiti !

Certains cinéastes se sont déjà amusés avec cette façon de faire : Alain Chabat, pour ne citer que, a énormément joué sur les références actuelles dans « Astérix contre Cléopâtre ». Bien sûr, cela date le film et le rendra sûrement moins compréhensible pour les prochaines générations, mais qu’importe, une bonne rigolade maintenant plutôt qu’un mauvais souvenir, telle est ma devise ! Alors, envisager l’usage de la grue, du téléphone portable, ou bien du fax sous César… succulent !

J’ajoute qu’il faut savoir s’affranchir de tout. Faisons donc discuter à la même table Napoléon, Staline, César (encore lui !), Alexandre et, je ne sais pas moi… Bush ! (Non pas Bush, trop stupide pour cette discussion). Je pense qu’il y aurait à apprendre sur les tactiques politiques et militaires, et puis, les entendre se jeter au visage des conceptions radicalement différentes du monde, bien des personnes éclairées goûteraient leur plaisir ! Bien entendu, ce n’est pas limitatif aux politiques et aux militaires : Thalès, Einstein et Hawkins à la même table ! Platon, Corneille et Stendhal ! Plateau de choix ! Vous voyez déjà plus l’anachronisme et son côté intéressant ?

Et puis enfin, pourquoi nous refuser les frasques de l’imaginaire ? Nous bridons déjà tout, sous prétexte de ne pas prendre de risque. La création, le rêve, c’est avant tout de s’évader et de développer des mondes qui, en théorie, n’existent pas du tout. J’aime à penser que le rêveur est celui qui est capable de faire avancer son monde, non parce qu’il veut le voir changer, mais parce qu’il l’a déjà réinventé ! Réinventons, remodelons nos points de vue. Notre monde est une glaise que l’esprit peut pétrir à loisir. Oubliez les conventions, elles ne sont faites que pour satisfaire l’ego de quelques aigris de la plume. Fondez un monde bâti sur l’espoir des divagations, et non sur le désespoir du concret. On rêve, c’est peut-être ça notre plus belle réussite !

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