18 septembre 2009

Ils recommencent à diaboliser le jeu

Que j’aime les chroniqueurs incompétents qui, grâce aux effets de manches indispensables à la vie de leurs torchons, instaurent de véritables psychoses. Le jeu, dans son ensemble, a une assez mauvaise presse : addictions graves, financièrement dangereux, le jeu a tous les maux de la terre. Qu’on soit joueur de casino ou bien joueur derrière un écran, nous sommes donc tous logés à la même enseigne, c'est-à-dire celle de l’inadapté social qui se réfugie dans un loisir solitaire… Tout en profitant, bien entendu, de la manne financière représentée par les taxes de ces secteurs.

Hier soir encore, un reportage supposé « choc » s’est posé en juge de paix sur l’addiction numérique : univers virtuels, réalité augmentée, simulations de plus en plus proches de situations réelles, tous ces loisirs se sont vus cloués au pilori sous prétexte (je cite) « qu’à force de trop reproduire la réalité, ces univers rendent la distinction réel/virtuel difficile ». Ben voyons ! C’est tout de même ahurissant de se dire qu’à travers un écran, des gens seraient susceptibles de croire que, quand on se fait tirer dessus, on peut revivre ! Magnifique ! Je rappelle un fondamental des loisirs : s’amuser.

Le marché du jeu vidéo suit les désirs et les modes des joueurs. Un style ne fait plus recette ? On se rabat sur un autre, ou, plus fort encore, on en crée un de toutes pièces. Typiquement, la technologie a permis l’émergence d’un nouveau genre à part entière nommé le MMORPG, que l’on nomme par raccourci « univers persistants ». Pour celles et ceux qui vivraient en ermites depuis un bon quinquennat, les univers persistants on pour principale fonction de recréer un univers avec une thématique, et qui a pour principale particularité de ne jamais s’interrompre. Grossièrement, le joueur se connecte donc à un monde où plein d’autres joueurs sont déjà présents, ce monde vit, change et évolue avec et sans son aide. Et là, c’est le drame : donc, si cela vit sans arrêt, il faut donc être systématiquement présent ? Non ! C’est là toute la « force » de ces jeux : bien que le monde soit dynamique, les principaux intérêts et atouts sont sélectionnables par le joueur à tout moment de sa partie. De fait, ce n’est donc pas le jeu qui impose au joueur d’être présent, c’est le joueur qui s’impose une discipline.

On cite bien entendu le cas d’étudiants échouant dans les études par excès de jeu, tout comme l’on peut également cerner les crises familiales pour les personnes dont le portefeuille se voit plombé par une addiction aux courses par exemple. Mais, est-ce le virtuel qui est responsable ? C’est la responsabilité individuelle qui entre en ligne de compte, tout comme la communication des parents avec leurs enfants. Ma génération fut celle du « tout télé » : on collait les mioches devant Dorothée, on pouvait compter sur la boite à images pour les occuper toute la journée. Etait-ce plus sain et plus responsable d’agir ainsi ? Qu’on n’aille pas me dire qu’une famille qui dévore 12 à 15 heures de programmes par jour est une famille saine ! Le virtuel n’est que l’évolution de cette politique d’éducation laxiste où un tiers est supposé faire le boulot des parents.

L’addiction aux jeux est souvent le signe d’autres problèmes plus profonds : solitude, déprime isolant le joueur et le poussant donc à augmenter son temps de jeu, c’est donc sur un terrain psychologique que se pose donc la question. Que les jeux puissent être violents n’est pas un problème en soi, bien au contraire. J’aimerais que l’on m’explique la différence entre le cinéma qui produit des genres allant du dessin animé pour enfants jusqu’au porno, et une société de jeux qui développe… hé bien la même gamme de produits. Les jeux s’adressent à des publics, charge aux acheteurs de savoir identifier si le joueur final est, ou non, capable d’appréhender le contenu de ces médias. Il ne viendrait certes pas à l’idée des parents de mettre des enfants d’une dizaine d’années face à films gores, alors pourquoi acceptent-ils de les mettre face à des jeux violents et sanglants ?

Censurer n’est et ne sera jamais une solution viable. Je n’ai pas le même genre de loisirs ou de médias qu’un gamin, tout comme je ne pense pas être judicieux d’interdire à tous pour le bien d’un petit nombre. FDF (Familles De France, oui les fascistes qui pensent pouvoir contrôler le monde par la morale et la censure systématique) s’est attaquée à plusieurs reprises à la violence des mondes virtuels, et a cité comme exemple le lycée de Columbines. Tiens, donc les deux ados psychotiques qui ont descendus leurs camarades se sont vus influencés par les jeux vidéo ? C’est quoi ce raccourci stupide ? N’ont-ils pas étés bon public pour les tontons flingueurs, alors que ce film est une comédie que l’on pourrait prendre pour une apologie du crime et des bandes organisées ? Quelle est cette morale débile qui, pour nous « protéger », se permettrait alors de nous engoncer dans des rôles et des médias propres sur eux ?

Le jeu, tout comme la littérature, la presse, la télévision, la musique, en fait tous les médias, se doit d’être contrôlé et encadré par ceux qui mettent à disposition, et non ceux qui produisent. Il est aussi irresponsable de laisser un enfant choisir ses sites Internet et ses jeux que de le laisser jouer au ballon sur une autoroute. Là où le problème est malheureusement d’actualité, c’est face à l’incompétence de la population, ainsi que son laxisme qui part du principe que « tant que c’est virtuel, ça ne fait pas de mal ». Le jeu vidéo ne fait pas de mal. Il ne rendra pas violent. Il peut, en revanche, sans maîtrise, devenir une addiction comme l’est le poker, les machines à sous, ou encore à une autre échelle le fanatisme dans les stades. Le jeu est symptôme, pas une cause. J’ajoute enfin que nombre de parents sont d’une incompétence crasse (ce qui peut se comprendre), et ne font pas la démarche de se renseigner (ce qui, en revanche, est inacceptable). Depuis quand un préado est capable de se payer un abonnement à un jeu en univers persistant ? Depuis quand peut-il, de ses propres deniers, acheter l’ordinateur et la connexion Internet idoine ? C’est donc bien du portefeuille parental que sortent les sommes indispensables pour assouvir ce « vice », non ? Vous, payez vous aveuglément toute facture qu’on vous présente à la fin du mois ? Non ? Alors pourquoi ces parents là acceptent-ils une telle situation ? Parce que la majorité s’achètent une paix du ménage, et n’osent plus contredire l’adolescent boutonneux qui reste, des heures durant, collé à son écran.

A ce que je sache, personne ne taxe plus la télévision d’être moteur de violence. Au pire, on peut changer de chaîne, ou mieux encore, l’éteindre pour faire autre chose. Les consoles et les ordinateurs ne peuvent pas subir le même sort ? Depuis quand ?

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