16 septembre 2009

Internet politique ? Pas vraiment

Ah, les frasques de madame Royal avec son fameux site Internet... Après le scandale annoncé des fraudes électorales au sein du parti, la dame, jamais à court d’idées sur le bien communiquer, s’est empressées de s’engager à mettre en ligne une vidéo de ses déclarations. Sauf que là, désastre, aucun moyen ni de visionner la dite vidéo, ni même d’accéder à son site (en tout cas à l’heure où j’écris ce billet). Au mieux déplorable, au pire dramatique. Notez que madame Royal a un certain don pour se coller seule dans le pétrin : discours contradictoires, pieds dans le plat récurrents concernant tant son parti que son électorat, c’est à croire qu’elle aime passer pour une incompétente pour susciter la compassion.

Sauf que les électeurs ne sont pas charitables, loin de là.

Mais si j’aborde mon humeur du moment avec ce sujet, c’est aussi et avant tout pour réfléchir sur un des grands paradoxes du réseau Internet : il faut être dessus en tant que politicien, mais certainement pas compter dessus pour en tirer de bons enseignements. C’est tout de même spectaculaire : dès qu’une phrase est prononcée à tort ou à raison, d’autant plus s’il s’agit d’une vidéo, celle-ci se voit immédiatement répercutée et vue des millions de fois dans la journée ! Vitesse du réseau, additionnée au côté « people » dont sont friands les internautes égal énormes soucis de communication en perspective. A l’ère du numérique, de l’instantané, il n’est notoirement plus possible de se prendre les pieds dans le tapis sans que toute la planète soit au courant. De fait, les politiciens ont dorénavant de véritables structures dédiées à la communication numérique, de manière à au moins restreindre l’expansion de propos incohérents, ou tout du moins faire en sorte que tout ce qui sort des alcôves soit un minimum filtré. Seulement voilà, c’est là que le bat blesse... et gravement.

Personne n’est dupe aujourd’hui : le Net est avant tout un média de communication, manipulable, influençable au point même que la Vérité devient accessoire. Rien n’est plus grave en journalisme que d’extraire une phrase et l’exploiter hors contexte. Or, c’est ce qui se passe actuellement dans bien des affaires médiatiques, et qui plus est avec pour but à peine caché de fournir des armes au parti adversaire. Dans ces conditions, plus grand monde ne gobe directement ce qui traîne sur le Net, et chacun pêche et ponctionne ce qu’il lui convient. Quoi en penser ? Que malgré tous les efforts des politiciens sont potentiellement vains, si ce n’est qu’ils y sont tenus car l’Internet est le média à tenir et à contrôler. Les lois liberticides, les politiques de maîtrise du réseau, tout cela offre un arsenal potentiel pour la censure d’état de ce nouveau média ; N’oublions pas par ailleurs que le CSA peut censurer la télévision, alors pourquoi pas un organisme de censure du Web ?

C’est là tout le paradoxe donc. Il faut être vu sur la toile, alimenter les sites pour que les curieux aient de la matière, mais le tout en sachant que la plupart des propos tenus seront au mieux déformés, au pire carrément détournés. Depuis le président jusqu’au dernier des ministres, tous ont un « blog », ou encore un site plus ou moins officiel. Qui ajoute les notes ? Les politiques ? Des chargés en communication ? La secrétaire du patron pendant ses pauses ? Selon l’ampleur et le poids du personnage concerné, un peu de chacun je pense. Mais l’essentiel n’est pas là. Demandons nous, avant toute chose, s’il y a réellement quelque chose à tirer de l’expérience Internet de notre génération de politiciens. Tous sont d’un âge dépassant la cinquantaine (à quelques exceptions près), et nombre d’entres eux semblent tout sauf à l’aise avec les considérations de ce monde virtuel. Tenez, les HADOPI, DADVSI et j’en passe, ne sont-elles pas les symptômes d’un univers totalement méconnu, voire incompris par les politiciens ? Le Web déstabilise littéralement la façon de communiquer. Seulement, par manque de crédibilité, et surtout par l’abus constant de «rumeurs » de ses utilisateurs, c’est finalement la télévision et les journaux qui restent à peu près fiables. Bien entendu, il y a bien des sites qui ont une ligne éditoriale propre, des idées défendues avec âpreté et détermination, mais au fond, qui saura trier le bon grain de l’ivraie ?

Rappelons nous ceci : les différents candidats à la présidentielle furent visibles sur des vidéos de propagande pendant les deux tours. Leurs humeurs furent retranscrites sur leurs sites...

...Mais aucun n’a accordé une véritable interview à un journal Web, pas plus que les candidats n’ont participés à des forums, et surtout des tchats, pour répondre à leurs électeurs potentiels.

Aucun commentaire: