17 septembre 2009

Pollution?

On peut penser ce que l’on veut du progrès. Certains critiquent ouvertement la déshumanisation annoncée et déjà visible par le biais du réseau Internet, d’autres encensent les technologies permettant d’avoir des véhicules plus sûrs, des murs plus isolants, ou encore la capacité à téléphoner n’importe où sans fil à la patte. Fort bien. Le débat est ouvert, complexe et, qui plus, il n’est pas aussi « moderne » que nombre de personnes le pensent. Tenez, n’est-il pas évident que les Montgolfier furent novateur et effrayants pour la cour du roi de France à leur époque ? N’a-t-on pas affirmé, des siècles durant, que l’homme n’aurait jamais sa place au fond des océans ou dans les airs ? De fait, c’est un éternel débat entre ceux qui ont peur, et ceux qui croient trop, les premiers préférant nettement stagner dans la douce sécurité d’un morne quotidien, les seconds adorant se baigner dans les évolutions, quitte à y risquer sa peau à chaque instant. Imaginez donc les conducteurs des premières voitures, et songez donc à la sécurité d’un véhicule sans ceinture, voire sans carrosserie, le tout sur des routes non goudronnées et labourées par les roues des charrettes.

Pour ma part, je raisonne sur notre environnement en le comparant aux époques passées. Nous avons toujours été de gros dégueulasses, des pollueurs incapables de réfléchir aux dangers de notre façon de vivre. Déchetteries sauvages, usage abondant de produits chimiques divers et variés, et même censure absolue sur les risques sanitaires encourus. Le plomb avec son saturnisme, l’amiante avec l’asbestose, chaque produit encensé à une époque peut demain devenir une source inénarrable de scandales. Alors, que doit-on croire ? Ceux qui affirment que nous nous collons une arme sur la tempe avec notre manière de vivre, ou ceux, plus mesurés, qui estiment que l’expérience nous fait progresser ? Je suis très sincèrement circonspect pour les deux discours. Entre l’ayatollah de l’écologie me hurlant à l’oreille que je devrais vivre en autarcie dans une yourte, et son pendant industrieux qui revendique son confort de haute volée, mon cœur balance !

Nous parlons à juste titre de l’automobile, nous observons avec bon sens la réduction des réserves de pétrole, et sommes aujourd’hui tenus de prendre les devants, sous peine de finir en panne sèche. Fort bien, mais, pour autant, l’air était-il plus pur il y a un siècle ? Les industriels sont tenus de filtrer leurs rejets, les usines de prendre énormément de précautions avec leurs déchets, les automobiles progressent vers une propreté acceptable. C’est à comparer avec la révolution industrielle où les usines rejetaient sans vergogne dans les fleuves et rivières, où l’on déboisait à outrance pour faire tourner les machines à vapeur, et où l’idée même de préservation de la nature faisait rire quiconque à qui l’on en parlait. Nous devions alors « battre mère nature », et non pas cohabiter avec elle. Sachant que la Tamise, à Londres, était si sale qu’on estimait pouvoir la traverser à pieds secs, il y a de quoi réfléchir sur notre façon de percevoir notre vie.

Au quotidien, nous absorbons et utilisons nombre de matières modernes qui ont de quoi inquiéter : alimentation industrielle à la composition parfois douteuse (et même toxique, merci aux Chinois avec le lait à la mélamine), utilisation de cosmétiques contenant des particules potentiellement nocives, sans compter les éléments chimiques créés pour notre confort à tous. Que ce soit les peintures (contenant des additifs potentiellement toxiques et même mortels à hautes doses), les plastiques (qui deviennent très nocifs en cas d’incendie), ou encore les produits chimiques tels que les détergents et produits d’entretien, nous sommes aujourd’hui cernés par des menaces autrement plus pernicieuses et difficiles à déceler que ce que connaissaient nos ancêtres. Il s’avère, par exemple, que nombre de déodorants contiennent des microparticules si fines qu’elles pénètrent dans l’organisme. De fait, on a donc la présence d’agents chimiques non maîtrisés qui, au lieu de se déposer, passent sous la peau et embarquent au passage des matières qui, techniquement, ne sont pas supposées être ingérées ou même injectées dans notre corps. Quoi en penser ? Que nous nous empoisonnons en nous aspergeant les aisselles ? Potentiellement, oui. Ajoutez à cela l’agroalimentaire qui use abuse des conservateurs, colorants et autres agents de textures et saveurs, il y a de quoi douter de ce que peut contenir notre assiette.

A chaque génération, nous créons de nouvelles menaces écologiques et sanitaires. L’hygiène, à force de progresser, a bien entendu réduite les pandémies du passé, améliorée la qualité de vie... Mais l’on constate également une explosion du nombre d’allergies tant alimentaires que classiques (type pollens ou poussière), une réapparition de certaines maladies que l’on supposait être éradiquées, et surtout la singulière incapacité à traiter ces pathologies. En ville, on peut bien entendu montrer du doigt la pollution atmosphérique et la concentration de population. Mais à la campagne, comment parler de pollution de l’air ? La terre est bel et bien empoisonnée, mais il est à noter qu’à force de vouloir vivre en bulle, notre corps en devient immunitairement déficient, et donc fragile aux agressions du monde extérieur. N’est-ce pas paradoxal ? Je suis propre, donc en danger ! Notez qu’une grande majorité des enfants allergiques aux pollens et autres poussières sont souvent des enfants nés en ville. Hé oui : si le corps n’est pas confronté régulièrement à une menace, il ne se renforce pas contre elle. C’est même le principe élémentaire de la désensibilisation : mettre en contact le corps avec les allergènes de sorte à l’y habituer. Mais, n’est-ce pas alors trop tard ?

Nous nous devons d’imposer aux industriels de réfléchir aux produits qu’ils mettent en contact avec nous. Ce n’est jamais anodin, rien n’est à prendre à la légère quand il s’agit de santé publique. Le savon, l’ancêtre souvent mis au rencard par les gels et autres produits modernes, s’avère être autrement plus sain, moins polluant à produire, et surtout totalement biodégradable. Incroyable, le passé est donc meilleur que l’avenir ? Certes non, ce serait refuser les bienfaits du progrès, ce qui est tout aussi inepte que de se jeter dedans à corps perdu. L’écologie et notre sécurité sont compatibles, à la seule condition que nous soyons tous suffisamment lucides et patients pour que chaque progrès ne se solde pas finalement par un désastre pire encore. Le nucléaire n’est globalement pas plus mauvais qu’autre chose, s’il n’était pas aux mains des hommes. L’éolienne n’est pas une mauvaise idée, s’il n’était pas aussi encombrant et inquiétant par sa taille et ses défauts actuels. La voiture électrique est un beau rêve, si seulement nous nous donnons les moyens de la rendre réellement non polluante.

On nous tanne avec la Prius de Toyota. Voiture hybride par excellence, symbole du rouler écologique, elle a en théorie tous les bienfaits. Mais, au fond, comment est-elle fabriquée ? Apparemment (je précise ce mot car sans preuve, je préfère alerter qu’il s’agit d’allégations trouvées sur Internet) les batteries de la dite Prius contiennent du nickel extrait au Venezuela, acheminé en Angleterre pour y être conditionné, puis retourné en Chine pour y être placé dans les batteries, qui, alors sont livrées au Japon pour l’assemblage final. Et, finalement, le véhicule est livré... dans le monde entier. Je précise que ce cycle était valide il y a quelques années, j’ignore s’il existe, ou non, d’autres usines assemblant la Prius. Dans ces conditions, vraiment écologique la Prius ? Quid du fait qu’elle carbure tout de même à l’essence ? Que ses batteries contiennent des polluants infâmes (métaux lourds) ? Cela ressemble plus à un placebo pour l’écolo aimant se faire rassurer par les industriels, qu’à une véritable solution pérenne...

PS: je n'ai pas mis de lien, de sorte à ce que vous recherchiez, le cas échéant. N'ayant pas trouvé quoi que ce soit de vraiment concluant et non sujet à polémique... à vous de pêcher et de dire, si, oui ou non, cette information tient la route.

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