27 octobre 2009

Le langage du corps

J’ai eu l’occasion d’avoir un fou rire en entendant une réflexion d’un sophrologue autoproclamé décrétant qu’il « faut écouter son corps ». Ah ça, dans le genre évidence, voire même lieu commun, tu te poses là mon grand ! Sans rire ? Il faut que l’on soit à l’écoute des réactions de notre organisme de manière à s’entretenir et se préserver, c’est quelque chose d’illogique ? Mais c’est bien sûr ! C’est donc parce que certains ont été sourds à certaines quintes de toux qu’ils ont finalement le cancer ! Et on ne m’avait rien dit !

Moquerie mise à part, je suis épaté par la proportion de gens qui s’estiment capables de faire preuve de compétence quand il s’agit de médecine. Entre les massages prodigués par des incompétents notoires, et les listes de médicaments dignes d’une course de ménagère version caddie, il y a de quoi se détruire la santé en quelques mois. Jusqu’à un certain point, la chose peut apparaître comme amusante, notamment avec les remèdes de grand-mère (ou en tout cas classés comme tel), et dont l’efficacité laisse sérieusement à désirer. Quoi qu’il en soit, depuis que la médecine et surtout la santé sont devenues des causes économiques mondiales, force est de constater que la foule s’acharne à vouloir s’octroyer la compétence des services de santé.

Qui ne s’est pas coupé ? Qui ne s’est pas fait un hématome ? Souvenez vous des conseils aussi contradictoires que pathétique. Ah, le bon vieux « urine dessus », jusqu’au « va à l’hôpital », la latitude des conseils plus ou moins intelligents offrent toute possibilité à la mort de se saisir de vous. Bien sûr, chacun annonce, et de bonne foi, que telle combinaison de pilules a soigné le rhume ou la grippe naissante, que telle molécule est inefficace, ou pire encore, que le restant de la boîte sur ordonnance fera fort bien l’affaire. Eh ! Vous êtes dingues ? Une posologie, un traitement, ça se décide en connaissance de cause, notamment avec les problématiques d’âge, de taille, de poids, de sensibilité voire d’allergies. De plus, il y a des notions de quantité maximale, et de durée. Et là, le voisin bien intentionné, vous offre sa jolie plaquette de gélules blanches en vous disant simplement « prends ça, c’est radical ».

Pour le cimetière, éventuellement.

Bien que je ne sois pas très amical avec le corps médical, et qu’au surplus je peux être taxé de réfractaire concernant l’absorption de substances étranges, il n’en reste pas moins une évidence : ne confiez surtout pas votre santé à un tiers non compétent. Déjà que je ne le fais que rarement avec un toubib, alors les conseils du pote sympa… Enfin bref, on ne saurait badiner avec les médicaments. A tout bien y réfléchir, là je dis une énormité : les laboratoires, eux, ne badinent-ils pas généreusement avec leurs produits ? Depuis moins d’une décennie, le médicament est affiché avec force dans les rues, et la télévision est allée jusqu’à s’emparer du marché en vous causant de « génériques », de « sans ordonnance », le tout juste enrobé d’un platonique « Ne pas prolonger sans avis médical ». Tiens, et on fait quoi si on se découvre une allergie ou une intolérance au paracétamol ? On compte sur notre propre jugement pour ne pas finir à l’hôpital ou dans la tombe ? Ca a un petit côté déprimant, notamment à l’approche des frimas de l’hiver. Les placebos fleurissent tandis que les violettes dépérissent, on vous bourre de petites pilules pour vous « préserver de la grippe », « aider votre organisme », ou plus comique encore « soutenir votre effort minceur ». Intéressant. Si je résume donc l’analyse des laboratoires : votre organisme est une épave, aidons le à ce qu’il fonctionne, mais en dépendance totale avec NOS molécules.

Je suis épaté par l’ampleur du phénomène. Chacun se dit capable de bien expliquer ce qu’est un médicament, ses effets et j’en passe. Quels sont les premiers forums consultés en France ? Un forum médical et un forum automobile ! Tout est dit, non ? Je suis même affolé par certains comportements sur la toile. Prenons un exemple concret et assez intéressant. En France, nombre de médicaments sont testés chaque année, et certains ne sont pas commercialisés faute d’autorisation. Allez sur ces forums, et nombre de références interdites dans nos contrées y sont décrites, et l’on vous donne même la marche à suivre pour vous les procurer à l’étranger ! Les internautes sont-ils compétents pour se substituer aux organismes de contrôle ? J’en doute fort, mais je reste optimiste : il suffira de quelques morts par empoissonnement ou suite à une allergie fatale pour que cette mode disparaisse, ou en tout cas pour qu’elle devienne périphérique au reste des problèmes abordés dans ces lieux de discussion.

Enfin, un conseil essentiel : ne faites JAMAIS confiance à vos amis ou vos proches quand ils vous refilent des pilules qui sont sur ordonnance. Contentez vous, au pire, d’aller voir un médecin et d’en parler. Si vous êtes malades, c’est le meilleur moyen de trouver quelqu’un réellement à l’écoute de votre corps, et qui sera, en principe, d’en comprendre les réponses.

2 commentaires:

Thoraval a dit…

Tu soulèves là un vaste sujet. Je ne crois pas les médecins en cause la plupart du temps, mais bien l'Industrie pharmaceutique. Et l'amlgame que nous faisons entre les deux.
Je pense que les gens se veulent toubib parce que, finalement, tout le monde veut sa petite maladie, son petit droit à la faiblesse dans nos sociétés remplies de droit, d'égalitarisme, de loisirs mais où la seule sanction se fait sur l'Efficacité orthodoxe (loin de la réelle efficacité, la plupart du temps, d'ailleurs).
Ce matraquage intellectuel a entrainé cette forme de pensée, de leitmotiv médical. Si nous y prêtons attention, force est de constater que tout le monde se plaint de sa santé, de son petit rhume qui fut le pire que l'Univers a connu! Et pour se faire pardonner cette fablesse, d'enchainer sur le fait que forcément moins con que les autres, le "malade" a trouvé le Medoc super génial, tout aussi cosmique que le rhume... Fallait bien cela pour le soigner.
Ecouter son corps, oui. Car nous sommes notre premier médecin. Faire confiance aux Anciens, oui, dans la mesure où les remèdes d'antan furent expliqués par la médecine d'aujourd'hui (son urine sur une plaie, son cheveux pour recoudre, le miel comme pansement cicatrisant, j'en passe et des meilleurs. Suspendre une carrotte à la pleine lune en direction de Vatican, ne faisant pas partie des remèdes à suivre...).
Mais pour le reste, je crois que ce besoin de maladie et de soins restent des symptômes du malaise de notre temps. Les gens n'ont que cela à la bouche ou comme modèle de discussions. Leur maladie est l'incapacité de vivre. La peur de devoir exister en dehors d'un modèle établi.
A tous ces gens, je leur conseille généralement de se tirer une balle dans la tête ou d'aller dans des services de grands malades. Catégorie de personnes qui auraient matière à se plaindre, mais qui profite de chaque parcelle de vie, jusqu'au dernier instant.
J'écris cela en pensant avec tristesse et respect pour une Dame, qui se prénommait Fabienne, la compagne d'un ami. Malade depuis des années, qui a trainé dignement sa vie jusqu'au point ultime. Et lorsqu'il lui fut proposé d'être branchée définitivement à des machines pour continuer à vivre, elle a dit non; parce que vivre, ce n'est pas cela. Vivre, c'est être un être humain dans son intégrité et son intégralité.
A tous ceux et toutes celles qui proclament le tout médical et ceux et celles qui en accueillent le commerce et la pathétique psychologie. Vivez ou crevez! Mais Foutredieu! Crevez en silence!!! Que nous puissions entendre les plaintes réelles de ceux qui souffrent vraiment.

Anonyme a dit…

J'ajouterai juste un mot à notre ami Thoraval ,que la chirurgie permet de se soigner...pas toujours les médicaments...Quand on le peut .. encore
D'autre part les tests des médicaments ...se font sur des cobayes humains à l'étranger .. avant les AMM.
Corrine