20 octobre 2009

Si Satan m’était conté

Après avoir donné la parole à Dieu, je me suis dit qu’il serait amusant d’écouter les griefs de son alter ego, celui qu’on nomme Satan, ce « monstre » qu’on accuse de tous les maux. Ecoutons le, laissons le exprimer ses sentiments, je pense qu’il y a matière à rire. (ou à pleurer, vu notre condition d’être humain aussi lâche que pathétique).

Depuis que le monde est monde, et que les hommes ont été mis sur terre, je suis là, tapi dans l’ombre, à observer ces parasites grouiller, croître et détruire de manière incontrôlée. On me reproche, et ce depuis toujours, d’être celui par qui le malheur arrive. Les tsunamis, c’est ma pomme, les désastres humains, les guerres, c’est encore moi. Pour tout vous dire, on m’a même foutu sur le dos l’arrivée du nazisme ou bien la catastrophe de Tchernobyl. Hé oh ! Faudrait voir à pas me rendre responsable de la bêtise humaine tout de même ! Les hommes sont des cons, c’est l’autre là, le propre sur lui, qui a tout fait ! S’il m’avait écouté au moment de la conception, il n’aurait sûrement pas filé le libre arbitre à des abrutis infoutus de communiquer et de s’entendre correctement.

Vous me trouvez malhonnête quand j’affirme ne pas être responsable ? Et la tour de Babel ? C’est ma gueule qui l’a réduite en poussière ? C’est à moi qu’on doit les langues peut-être ? Non ! C’est à ces prétentieux d’humains qui voulaient défier les dieux en bâtissant une tour à la hauteur de leur orgueil démesuré. Et il a fait quoi le patron ? Il a l’a foutue en l’air, déchiré l’humanité entre des centaines de langues, patois et autres dialectes à la con, au lieu de leur faire subir un châtiment, tout en les soumettant à Sa volonté. Et c’est moi le cynique alors ? Avec Babel, l’Homme s’est pris deux milles piges dans la vue, et encore, je compte un peu juste là.

Et qu’on accuse des gens d’être mes larbins, les suppôts de Satan en personne ! Ouais ! Alors l’inquisition, c’était donc des chasseurs des monstres cachés dans des âmes humaines ? Tas de faux culs ! L’inquisition, ça a été la méthode spartiate, c'est-à-dire on sanctionne, on fait peur, et on discute ensuite. Et moi là dedans ? A part quelques ahuris qui vouent un culte ridicule au satanisme, et quelques paumés au milieu de la jungle équatoriale qui déifient les actes de n’importe quoi, il n’y a pas de main de Satan sur le monde. Je dirais même plus : je suis le bouc émissaire idéal ! Ben oui, un déchu, un type qui a son royaume en enfer, il ne peut être que mauvais et malsain, n’est ce pas ?

De qui se moque-t-on ? Satan, moi en l’occurrence, a pour rôle de servir de catalyseur des peurs. Un fantôme ? Une œuvre de Satan. Un démon ? Forcément un larbin du grand Satan. Vous me faites suer à me foutre sur le paletot toutes les merdes sorties de votre imagination sordide. Les Hommes vivent sous leur propre dictat des idées, et ce depuis qu’ils savent un tant soit peu aller au-delà de la cueillette. Foutus humains : ils ont créés plein d’idées pour s’entraver, s’entretuer, et après ils affirment, sans sourciller, que c’est un acte du démon. Plutôt qu’assumer, les voilà à me blâmer, brûler mon effigie, et à créer des histoires pour faire peur aux gosses. D’ailleurs, pourquoi m’avoir fait rouge, avec des cornes et des sabots ? Et pourquoi l’autre, là, il n’a pas de représentation ? Ah si, le pistonné, le fiston qui revient d’entre les morts. C’est pas du favoritisme ça ? Et moi, si j’ai la mauvaise idée de faire revivre quelqu’un de méritant, on me dira qu’il est démoniaque de rendre la vie. Allez … ah non merde, aller au diable, c’est aller chez moi, et je ne veux pas de ces cons là !

L’enfer, c’est le cachot, le truc pratique pour que les rues du Paradis restent propres et saines. Enfin, propres et saines, ça reste à voir : Parce que Disney n’était pas raciste ? Parce que nombre de grands auteurs n’étaient pas des toxicomanes notoires, ou des brutes avec leur famille ? Ne me faites pas marrer, le paradis, on n’y veut pas des vedettes, des gênants. Les bourreaux, les « monstres à face humaine », ceux là, on me les laisse. Alors oui, effectivement, j’ai un chouette zoo, mais désolé, la conversation d’un psychopathe n’a rien de réjouissant. Tout au plus, j’arrive parfois à entretenir quelque intérêt pour certains génies du mal, non pour le mal lui-même, mais avant tout pour le génie qui a été mis au service de leur cause. Soyez honnêtes, vous autres historiens et autres analystes, n’auriez vous pas voulu pouvoir discuter avec Néron, Alexandre ou encore Napoléon pour mieux les comprendre ? Si ? Alors pourquoi si, moi, je le dis, oui pourquoi suis-je alors taxé d’être malfaisant ?

J’ai des idées qu’on dit déviantes, je suis si cynique que la Mort est devenue une amie de longue date, et mon bestiaire n’a rien de très agréable à l’œil. Mais eux, au moins, ont l’honnêteté de leurs travers, ce n’est pas comme ces faux culs d’anges qui, sous couvert de moralité, vous assènent des vérités de merde. Non ! L’Homme qui est dit malsain aujourd’hui ne le sera pas forcément demain. Tenez, prenez l’homosexualité. L’autre con et sa clique de curetons, ils disaient qu’être pédé était une tare qui méritait la mort. « Condamné à mort pour sodomie », c’est pas de moi ça ! Hé bien, aujourd’hui, c’est dans les mœurs. Alors merci de ne pas me rendre responsable de VOS conneries ! Et puis il faut dire un truc assez tût jusqu’à présent : les âmes vraiment pourries, je ne les garde pas, je les file à mon clébard, le fameux Cerbère. Lui, il aime casser la croûte avec la pourriture de l’âme. Il la bouffe comme les vôtres graillent du Canigou puant, il s’en délecte, et accessoirement m’en déleste une fois pour toute. Le seul amusement que j’y trouve, c’est d’inciter les plus imbéciles à tenter l’évasion des enfers qui, somme toute, est impossible. Quand Orphée ou bien Hercule s’en sont tirés, vous croyez sincèrement qu’ils ont gagnés ? J’ai laissé faire… c’est tellement plus rassurant pour la plèbe que les enfers puissent être vaincus !

Et puis merde, encore un wagon de connards, un de ces tas de débiles qui pensent que le monde leur appartient. Hé, Cerbère ! Au pied ! Y a du Brésilien des favelas au dîner !
Dieu et ses pensées intimes, par moi-même...

1 commentaire:

Thoraval a dit…

Les deux visions sont intéressantes à lire et relire en même temps. Les dieux dépassés par leurs irrascibles créations et la mise en question des dites créatures sur la Création est d'actualité. Côté impact sur la Terre, par exemple.