13 novembre 2009

Hilarité involontaire

Qu’on ne me dise pas que les images et les références n’évoluent pas. Bien qu’il soit généralement admis qu’un cliché n’est valide que pour un temps déterminé, force est de constater que l’humanité aime à préserver les images d’Epinal. Prenons la politique : nul n’est dupe sur la moralité des acteurs de ce Vaudeville quotidien, pas plus qu’on n’ait la moindre illusion sur l’honnêteté de nos élus. Pourtant, nous préservons avec entêtement le vain espoir que nous serions gouvernés par des gens de bons sens. Comédie humaine, spectacle de la rue, tout ceci n’est bâti que sur des conventions que nous voudrions résistantes au passage du temps.

Le racisme, ce comportement craintif des animaux humains qui tremblent face à la différence, est l’un des exemples des plus flagrants. Quoi de plus pathétiquement ordinaire que le raciste qui définit « l’ennemi » à travers la différence de teint de peau ? Tous autant que nous sommes, nous hiérarchisons pour se rassurer, nous classons avec entêtement, en oubliant que le critère primaire devrait non pas être le cireux du visage, ou le crépu de la chevelure, mais plutôt le niveau réel d’abêtissement individuel. Avant toute chose, le con blanc est un con, l’imbécile noir est un imbécile et j’en passe. Je ne saurais trop recommander aux racistes de se souvenir que nulle couleur de peau ne garantit l’intelligence, tout comme nulle obédience ne saurait certifier une appartenance sans équivoque à un groupe de pensées. Je suis hilare quand j’entends parler de « race supérieure », tout autant quand mes oreilles sifflent aux mots « peuple élu ». Je suis ainsi : J’abhorre les cons, qu’ils soient bronzés, blafards ou bien citronnés.

Difficile de ne pas rire devant les mouvements de foule. Ah, les xénophobes, qu’ils sont délicieux quand ils s’excitent, banderole en tête de cortège, hurlant leur dégoût pour tout et n’importe quoi. Je les trouve délicieux tant ils sont prompts à défendre des thèses débiles, et qui plus est tant ils sont prêts à verser leur sang pour leurs idées. C’est un régal de fin gourmet que d’imaginer un de ces fascistes convaincu s’apprêter à une hypothétique et improbable guérilla urbaine, puis, deux semaines plus tard, le voir alité dans un hôpital, jurant ses grands dieux qu’il n’ira plus jamais affronter la cohorte de CRS se tenant en face de lui. Les idées stupides sont souvent celles qui fléchissent le mieux sous la trique…Comme quoi, l’opinion se fragilise aussi vite que le crâne se fend !

Qui n’a pas eu de soubresauts de rire trop violemment face à des déclarations sans logique ni fondement ? Les médias, grands pourvoyeurs de connerie humaine, ne sont jamais avares d’idioties intolérables. Je me suis gardé de critiquer les cérémonies du vingtième anniversaire de la chute du mur de Berlin, ceci parce que l’impact moral et historique sont si forts qu’ils atténuent notablement l’incompétence crasse de l’enrobage journalistique. Que dire d’une « journaliste » bafouillant les noms et date, infoutue d’articuler le nom de grands personnages, et, pire encore que penser du sombre abruti déclarant à la cantonade « Le 9 Décembre 1989 » en lieu et place du 9 Novembre ? Hilare je le fus, en tout cas je me suis retrouvé à rire au lieu d’être ému par les photographies et vidéos de l’ère de l’ex RDA. Dramatique, pathétique, mais drôle.

Comme quoi, je me désespérais de trouver des choses méchantes à dire sur la société, estimant à tort avoir fait le tour de la question. Eh non ! Le quotidien me détrompe sur la question avec un humour qui honore la mémoire des génies du calembour. Nul doute que Monsieur Desproges aurait piqué un fou rire suite aux affaires, se serait chargé de ridiculiser un Pasqua devenu bavard, ou encore un Chirac justiciable. Oui bon, c’est facile de se moquer des escrocs en col blanc, d’autant plus quand ils ont été des gens de pouvoir. Personnellement, je ne me limiterais pas à cela ! Allez, rigolons un peu ensemble : n’est-ce pas de l’humour noir que de faire la publicité pour la fonction de maton, ou encore de proposer des opportunités de carrière dans l’armée ? Les Français ne sont pas foncièrement antimilitaristes, ils sont juste, comment dire sans froisser de susceptibilités… Je ne sais, passons.

En tout état de cause, l’humour se cache partout où on ne l’attend certainement pas. Il faut savoir rire, se moquer de tout (et avant tout de soi-même), et dédramatiser la vie. Quelque part, la vie, c’est tout de même se préparer un pécule pour mourir dignement. Bonne rigolade à tous !

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