10 novembre 2009

Merci

Un seul mot, simple, élémentaire même, de ces mots qu’on utilise sans trop y penser. Pourtant, ce mot semble trop rarement prononcé avec une véritable pensée. A croire que nous sommes trop chiches de nos pensées pour aller au bout de la démarche. A bien y regarder, je dirais même que « merci » n’est utilisé que par convention, un peu comme si remercier sincèrement n’avait aucune valeur.

Je ne dis que rarement merci car je ne demande que très peu de l’aide aux autres. Autonome, têtu et orgueilleux, si je dis ce mot c’est lorsque j’estime qu’il est mérité par la personne en face de moi. Acte tant de politesse que de respect, je remercie alors avec honnêteté celui ou celle à qui je m’adresse. Pourtant, il y a plein de gens que j’ai envie de remercier, tant des anonymes que des personnages qui sont passés à la postérité. A eux tous, je dis alors « merci » parce qu’ils méritent qu’on pense à eux. Et dire que sans ces âmes, ces forces de caractère, nous ne serions que peu de chose, d’insignifiants égocentriques se moquant de notre prochain. Grâce à ces cœurs que j’espère purs, nous progressons, nous avançons, et ce même si ce n’est que d’un petit pas.

A ces gens qui luttent contre la mort au quotidien, qui s’épuisent pour notre santé, qui prennent des décisions lourdes de conséquences mais souvent salutaires, je dis merci. Ces infirmières qui hantent les couloirs des hôpitaux la nuit, ces médecins qui, dans l’urgence, rafistolent les blessés, à vous tous je dis merci. Vous êtes pour beaucoup le dernier recours, cette main qui serre celle de celui qui se sait condamné, mais qui vit ses derniers instants sans peur. Les gens observent sans voir, ils parlent sans connaître, et se supposent clients dans les services hospitaliers. Qu’ils prennent en charge tout ce que la société a de plus effrayant : maladies fatales, violences diverses et variées, handicap, gériatrie, tout ce que nous ne savons plus gérer nous-même se retrouve tôt ou tard entre leurs mains. Et on ose leur reprocher d’être froids et insensibles ? Sans détachement, il est impossible de pratiquer des soins nécessaires et pourtant douloureux. Je doute que le médecin pratiquant une amputation le fasse de gaieté de cœur, pas plus qu’il soit simple de prendre soin d’un nourrisson ayant été maltraité. S’attacher, c’est déjà trop se donner, au point d’en perdre son âme. Alors, merci pour cette lutte aussi vaine que sublime contre le destin et la mort qui nous attend tous.

A vous autres soldats du feu, policiers, bidasses en uniforme, je vous remercie. Quelque soit la réputation qui s’accroche à vos tenues, quelques soient les décisions prises par les gouvernements, vous assurez un service difficile, peu reluisant, et qui plus est dangereux. Les gens vous reprochent votre autorité, ils vous assènent des « vérités », et se comportent comme des imbéciles… qui vous appellent ensuite à l’aide en cas de situation de crise. A ces mal aimés de la république, à ces hommes et ces femmes agissant au quotidien pour notre sécurité, je vous dis aussi un grand merci. On me reprochera de le faire, d’autant plus vu le ton que j’ai concernant les débordements et les risques de dictature inhérents à la gestion du droit commun. Nous sommes malheureusement trop obnubilés par notre désir d’indépendance totale pour comprendre que vivre en société, c’est vivre avec des règles. Anarchie ? J’aurais aimé y croire, mais l’homme, encore et toujours lui, sera à jamais le frein à une telle autogestion. J’ai cessé de rêver le jour où j’ai constaté que même les plus grands libertaires de mon entourage se tournaient vers l’autoritarisme et l’extrémisme à la moindre remise en cause de leurs acquis personnels. De ce fait, merci à vous d’exister.

Merci à ces anonymes qui luttent au quotidien pour des causes parfois perdues. Depuis ces petites mains qui aident les sans abris à avoir un peu de réconfort, jusqu’aux sœurs dans les favelas, merci à tous. Vous êtes des phares d’humanité, vous ne réclamez rien, mais vous donnez tout. Donner son cœur est autrement plus difficile que de donner son argent, et vous prouvez, jour après jour, que l’espoir peut naître dans les pires endroits du monde. Vous êtes comme ces résistants qui vivent et meurent pour des idées, comme ces gens courageux qui bravent les interdits des dictatures pour faire entendre la voix de la liberté. Tous, vous êtes unis derrière le même drapeau, celui de l’humanité. Merci de montrer à quel point le monde peut être meilleur quand nous nous en donnons les moyens. Votre combat, même s’il semble vain, ne le sera jamais. J’aime énormément une phrase : « Celui qui sauve une seule âme est comme celui qui a sauvé le monde entier ». Cette phrase est tirée du Talmud Juif, mais j’aimerais tant qu’elle soit une devise pour le monde entier…

Et merci à vous, Monsieur Gorbatchev. Bien que je sois convaincu que votre rôle dans la fin de l’URSS, et du communisme en Europe en général fut souvent exagéré, je reste persuadé que votre désir de détente et de paix eut un impact majeur sur le monde. Vos traits tirés pendant la commémoration à Berlin, ce regard empli d’un mélange de tristesse et de fierté n’était pas feint. Vous représentez la dernière pierre, le dernier symbole d’un système mort et enterré. Vous avez agi pour que l’armée n’aille pas tirer sur la foule, vous avez accepté les conséquences de la dislocation de l’URSS, et même prôné celle-ci pour éviter des guerres civiles. Rien que pour cela, Monsieur Gorbatchev, merci à vous. Je regrette amèrement que Monsieur Kohl, ancien chancelier de la RFA, n’ait pas participé aux cérémonies. J’aurais préféré que ce soit lui qui pousse le domino Berlinois, en lieu et place de Monsieur Walesa. Mais c’est une autre histoire…

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Merci à tous ceux qui sont dans la médecine , merci aux pompiers .
Pour la chute du mur, j'ai regardé pour expliquer à mes enfants le pourquoi de la chute du mur.

corrine