16 novembre 2009

Travailler avec une hypothèse

On pourrait prétendre que ce titre laisserait entendre une réflexion scientifique quelconque, voire même une incitation à agir avec les bienfaits de l’analyse. Détrompez vous chers bipèdes ! Si je me suis fendu d’un titre pareil, c’est avant tout pour exprimer ma colère face à l’incurie de certaines personnes, fureur si forte que j’en serais presque tenté d’user de la trique pour corriger les dites personnes. Certains de mes lecteurs ne douteront pas que cette volonté puisse, tôt ou tard, se muer en mise à exécution, d’autres estimeront qu’il s’agit juste d’un cri pour soulager la pression qui s’exerce dans ma boîte crânienne. Je pense que la vérité est à mi chemin.

Quoi de plus énervant que ceux qui lancent des hypothèses sans même se demander si, par le plus grand des hasards, celles-ci sont valides ou non. A l’instar d’un météorologue allant coller un thermomètre dans les miches d’une colline ou d’une plaine verdoyante, ce cher « travailleur » aura l’imbécillité de se dire « Tiens, et si ceci ou cela arrive, alors… ». Bien, jusque là, aucun risque. En effet, une hypothèse, qu’elle soit saugrenue ou non, ne met rien en danger, si ce n’est sa propre crédibilité. Prenons un exemple : tant que vous ne dites pas que vous estimez crédible l’idée qu’un président de la république puisse être un animal de ferme, aucun risque pour vous de passer pour un con. En revanche, déclarez cela devant une assemblée et vous ressentirez les regards narquois de vos interlocuteurs (exception faite d’une situation où votre hypothèse est faite par ironie, ou, mieux encore, dans un but de dérision ostensible). Cela confirme donc le précepte du : « Tu peux avoir des hypothèses, mais évite de les utiliser à tort et à travers ». Et c’est là que cela commencer à merder.

Eh oui ! Notre abruti (que l’on ne nommera pas par décence pour sa famille, risquant, via une délation mal sentie, d’être lapidée en place publique) va poser ses hypothèses, non validées, et sorties d’on ne sait trop quel cerveau malade, et qui plus est, les mettre en application dans le cadre de son emploi. Imaginez donc des gens lançant une fusée, avec l’hypothèse saugrenue du « S’il y a de l’eau sur la lune, il faudrait alors fournir des maillots de bains aux astronautes ». Débile, non ? Alors, appliquons cette façon de penser à notre quotidien et regardons le résultat autour de nous. Ca y est ? Vous commencez à frémir ? Pour ma part, je croise régulièrement des choses qui me font dire qu’au mieux mon prédécesseur se moquait du résultat final, au pire qu’il était suffisamment stupide pour saboter son propre ouvrage. J’en viens à me dire que les idiots sont plus dangereux qu’il n’y paraît…

Quand j’étais petit, on m’a enfoncé dans le crâne que « Les adultes savent ce qu’ils font ». Tiens donc, je serais donc d’une mauvaise foi maladive, et mon regard cynique serait juste le résultat d’un manque chronique de confiance en l’être humain ? Allons bon ! Voilà que je deviendrais donc méchant de manière gratuite et inconsidérée ? Si je suis ce raisonnement, les types qui ont pondus les subprimes étaient sains d’esprit, les architectes qui construisent des maisons dans fenêtres des pointures dans leur domaine, ou encore les constructeurs de routes qui ne mènent nulle part des visionnaires. Vous frémissiez un peu, moi je tremble de toute ma carcasse à cette seule suggestion. Bien entendu, on peut aussi prétendre qu’ils « ne se doutaient pas que cela allait mal se passer ». Bien entendu. On peut toujours se chercher des excuses dans le passé, y pêcher quelque obscure raison de l’échec d’un projet…

J’ai un exemple assez parlant en tête. Vous êtes une région (au sens administratif du terme). Vous pensez faire une nouvelle rocade pour désengorger et détourner le trafic routier des petits villages qui râlent à cause de la circulation, du bruit, et de la pollution. Jusque là, tout va bien. Passons les étapes du tracé, des expropriations et tout le tremblement. Force est de constater qu’il va y avoir des croisements. Bon. Alors deux solutions : coupures (feux rouges, ronds points, et j’en passe), ou alors ponts ? Adoptons les ponts. Quelle est la première question à se poser quand on fait passer des véhicules SOUS le pont ? LA HAUTEUR ! Rien d’étonnant ni de complexe, sauf que, régulièrement, nos chers experts posent l’hypothèse du « Y aura jamais de camions ici ». Bien joué les neurones… Alors : jolie rocade toute neuve, tous les camions (donc la partie la plus pénible du trafic routier) non déroutés dessus, donc rocade désertée par la cible initiale du projet. Grandiose ! Et on me dit de mauvaise foi ?

Là, je regarde mon boulot de la journée, et je me rends compte que je viens de passer la majorité de mon temps à élaguer le même genre de bêtises… « Ca ne sera jamais faux ». Dommage andouille, ça arrive régulièrement ! Et une correction. « Ca ne peut pas être égal à cette valeur ». Encore raté le demeuré, ça l’est souvent. Et de deux… Je me sens un peu Sisyphe sur ce coup là. (Oui Sisyphe, le type qui devait, sans arrêt, remonter le même rocher en haut d’une colline, et qui dégringolait à son point de départ). Merci aux hypothèses hein !

Rrogntudjû !!! (Merci Prunelle)

1 commentaire:

Anonyme a dit…

les hypothèses .... curieusement on la pratique souvent ...des fois sans s'en apercevoir ...

corrine