04 janvier 2010

Virus mon amour

Je suis épaté par la mauvaise foi chronique dont peuvent faire preuve les gens. Spécialité humaine s’il en est, l’hypocrisie et la mémoire courte semblent fort être adaptées à notre nature profonde. Mentir, tricher, dire tout et son contraire en quelques phrases, telles sont nos habitudes quotidiennes, et j’avoue ne jamais être las de me moquer de ce travers. Tenez, l’actualité me soutient de ses petits cris de joie cynique, avec le « scandale » de la revente des doses de vaccins contre le H1N1. Anormal ? Véritable scandale ou tempête de bénitier ? Me concernant, mon opinion est déjà toute faite, voire même immuable tant je me suis gaussé de la population et des politiques. Je m’en fous ! Ils veulent le vendre ? Qu’ils le refourguent ce damné bidule ! Ils veulent nous vacciner de force ? Alors qu’ils s’attendent à des réticences de ma couenne concernant l’injection. Ca y est, je m’emporte.

Revenons à nos moutons de panurge, en l’occurrence les bêlants politiques et citoyens qui se disent « concernés » par la crise sanitaire, et qui hurlent à la mort que la dépense est inacceptable, et la revente des injections intolérable. Dites, bandes d’imbéciles boursouflés de votre importance, n’est-ce pas vous qui réclamiez, à grands renforts de cris, que les états prennent la situation en main et qu’ils prennent les mesures nécessaires pour lutter contre la pandémie ? Si ? Et vous grognez contre la dépense pharaonique ? Ah, c’est la belle mauvaise foi qui revient à la charge alors ! Fallait le dire tout de suite, que vous cherchiez un prétexte pour taper sur le gouvernement ! Je vous en filerais bien quelques caisses, mais chacun son boulot : moi je chronique gratos, vous, vous le faites avec les deniers du parti, voire de l’état. Faudrait voir à ne pas me demander de jouer les nègres pour vous non plus !

Oui, ça coûte bonbon de vacciner un pays entier, mais, petite question stupide, et si la pandémie s’était réellement étendue dans les proportions envisagées par les pessimistes ? N’aurait-on pas crié au génie et à la prévoyance du gouvernement ? Ou alors auriez-vous aussi insulté le gouvernement pour son manque de réactivité ? En toute franchise, la France démontre, une fois de plus, que le principe même de débat ne fonctionne ici que lorsqu’il est vulgaire, de caniveau, et qu’il s’appuie sur des propos populistes. Dites, les gauchistes médisants, et si l’on allait balayer devant votre porte avec le sang contaminé ? Tiens, Fabius, il n’est pas de gauche ? Dufoix non plus ? Ben je me coucherai moins con… C’est quand même lamentable : agissez, on vous le reproche. Attendez, on vous le reprochera aussi. Peu me chaut le coût au final, on paiera tous notre obole pour les piqûres que techniquement je n’ai jamais (et n’aurai jamais) reçu dans la paillasse. Après tout, je paie ma dîme comme tout le monde, sans vraiment en profiter… Principe de solidarité socialiste, non ?

Là où j’ai peine à comprendre, c’est sur un autre terrain concernant les élus. Ils savaient tous qu’en jouant les francs tireurs, que la nation se poserait des questions. Entre analyses contradictoires, discours tronqués voire imbuvables, le pauvre type de la rue, vous, moi, s’est demandé avec intelligence « mais qui a raison ? ». Personnellement, avec ma manie maladive d’avoir l’esprit de contradiction, je me suis demandé « Lequel de ces cons dit des conneries ». De fait, face au choix, le Français moyen s’est senti pris au piège : pas de vaccination, des chances de passer à travers. Une injection : qui sait les risques par la suite. Alors, messieurs dames les élus, vous auriez pu faire corps bordel ! Il n’y avait aucun enjeu politique, aucun enjeu autre que la sécurité sanitaire de la nation. Maintenant, bouffez vous tous les doigts, car cette crise va coûter cher, tant financièrement que politiquement. Hé oui : ceux qui disaient « ça ne sert à rien de vacciner » auront temporairement raison… jusqu’au prochain pic épidémique, ou jusqu’à la probable mutation du virus qui rendra tous les traitements inefficaces. Et là… j’ai dans l’idée que tous vont rire jaune. Allez, un petit carnage comme avec la grippe espagnole, ça nous donnera à tous de bonnes raisons de réfléchir à notre attitude face à l’hygiène et la nécessité de la prévention.

Demain sera pire, car, après tous, à force de vouloir dédramatiser les pandémies, nous en sommes au point où nombre de jeunes pensent, à tort hélas, que l’on guérit du SIDA. Dites vous bien que le fait de vacciner n’est qu’une protection basée sur la statistique, espérant que votre corps l’accepte ! Je me demande dans quelle mesure le H1N1 va marquer les esprits. A mon avis, il va marquer par l’inconséquence de la communication des politiciens, mais aussi par l’inévitable dérive du système sanitaire Français où, à terme, l’on pourra faire admettre de grandes campagnes de vaccination, ceci sans même que le choix soit offert au citoyen. Vaccinés comme l’on vaccine en masse les moutons ou les bœufs… Et à quand l’abattoir ?

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