02 février 2010

Les jamais contents

Tradition nationale par excellence, le Français n’aime pas s’exprimer avec patience et pondération. Exacerbant chaque chose, il aime se plaindre, râler, et vociférer, à qui veut l’entendre, que tous les autres sont des salauds, des égoïstes, ou des incompétents. Jeu prisé par les bornés, être « jamais content » semble être une constante de l’éducation à la Française : je ne suis pas content, je le dis, quitte à ce que tout le monde en pâtisse.

Non que je sois de ceux qui se taisent et bêlent en suivant un leader d’opinion, mais, tout de même, reconnaissez que la France a de quoi faire des envieux : une belle nation, des paysages splendides, un climat exceptionnel, et des possibilités quasi illimitées ! Et pourtant, on se plaint, on n’aime la France que pour la traire, alors qu’il faut tout autant participer que vivre sur la bête pour que cela fonctionne. Tenez, il y a toujours un ahuri pour pester contre la météo : « fait trop chaud ! », « Il pleut ! », ou l’inusable « Ca caille ! » sont des choses qui vous sifflent dans les oreilles à longueurs de journées. Qui n’a pas eu envie de dire « Mais tu vas arrêter, oui ? On est en hiver bordel ! » ?

Notez aussi que le côté « jamais content » n’est pas unique à la météo ! La politique est un terrain où se renouvelle sans cesse les discours de mauvaise foi : un coup, on paye trop d’impôts, un autre, c’est le système de santé qui est pourri, ensuite c’est le fait de voir les prix à la pompe jouer les yoyos, et nos politiques ont toujours le mauvais rôle. Cela m’amuse, je l’admets, d’autant plus quand l’attaque est portée sur un mauvais terrain, alors qu’il y a tant à dire ailleurs. Prenons notre président : les gens se plaignaient de trop le voir, de trop l’entendre s’exprimer, alors que son prédécesseur, lui, était taxé d’être trop absent des ondes et de la presse. Rigolos, c’est tout ce que j’ai comme épithète à lancer aux énergumènes qui ne réagissent que dans l’instant, sans réfléchir au passé, et encore moins au futur. S’il a été médiatisé à outrance, c’est aussi à la demande de ses électeurs, non ? Le populisme a fait long feu, on lui a reproché d’être sanguin… mais c’est ce qui l’a mis au pouvoir il me semble. Enfin bref, les gens sont des idiots : jamais contents, mais jamais prêts à agir pour que cela change. A votre avis, qui sera réélu aux prochaines élections ? Ah merde, la réponse est dans la question !

Je suis souvent saisi de stupeur face au racisme à peine voilé des gens. Les médias ont fait mine d’être étonnés quand l’Italie s’est révélée avoir, en son sein, une population attachée aux discours néo fascistes. Tiens, parce que cela n’existe pas en France, peut-être ? Et pourtant, demandez à vos amis et voisins, et soyez prêts à rire (avec cynisme), ou, pire encore, à être déçus : ils soutiendront d’un côté ne pas être racistes, mais de l’autre, auront des propos inacceptables à l’encontre de l’Islam, des arabes, des noirs, en tout cas de tous ceux qui sont différents. Par contre, ne soyez pas pris au dépourvu si ces mêmes xénophobes de bac à sable viennent vous annoncer qu’ils ne se plaignent jamais des asiatiques par exemple. Pourquoi ? Une minorité peu visible, de nature discrète, ça ne dérange pas suffisamment pour qu’on s’en plaigne, tout simplement. Du moment qu’on est convaincus qu’ils bossent, qu’ils rapportent de l’argent Ah, la haine envers ceux qui ne sont pas pareils, c’est un puissant moteur pour les « pas contents »…

Et puis il y a aussi celui qui n’est jamais content de ce qu’il possède : jamais assez d’argent, toujours trop de problèmes, jamais assez de bonheur, toujours trop de soucis. Vous me gonflez ! Vous le savez ça ? A force de vous plaindre, on vous croirait vivant près de Kaboul, au milieu des ruines, slalomant chaque jours entre les balles, les obus et les mines. Cela mériterait un stage intensif dans le tiers monde, à prendre des coups de triques de la part de « policiers » réellement dangereux, de découvrir la saveur des rations de l’ONU, ou encore d’apprécier une balade sur un rafiot supposé vous sauver de votre pays en guerre ou en dictature. Allez, je me propose : j’ouvre une compagnie de voyage dédiée à ce genre de prestation ! Envoyez moi votre voisin trop idiot pour comprendre que la vie en communauté est une obligation et non juste un fantasme, offrez à votre beauf un petit stage « nature » pour lui rappeler que le respect n’est pas un vain mot… Et moi, je me ferai fort de faire fructifier l’investissement tant moral que financier !

Club JeFaisPeurALaFoule ! A votre service, dans toutes les conditions !

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