01 mars 2010

Des sales gosses

Les beaux jours finissent enfin par arriver, le soleil, bien que capricieux, se décide enfin à nous réchauffer la couenne, et les fleurs de la politique repoussent dans la fange et l’infamie. Jamais à court d’arguments, nos chers politiciens, faute de débat construit et d’idées utiles ou constructives, se tirent dessus à coups d’affaires, de casiers judiciaires, et s’insultent par avocats interposés. Les passes d’armes sont succulentes, au point qu’il serait judicieux d’envisager de créer une épreuve olympique pour la diffamation. Pourquoi pour les JO ? Parce qu’il ne faut manquer ni de détermination, ni de courage (assimilable à de la bêtise) pour fouiller dans les poubelles de l’adversaire, et d’en tirer les feuillets les plus sales et nauséabonds.

Qu’on ne me fasse pas dire ce que je n’ai pas dit : j’exècre la malhonnêteté, d’autant plus quand il s’agit de pourvoir un poste d’importance pour la communauté. De plus, j’estime comme nécessaire que l’honnêteté soit une vertu représentative de nos élus. Or, il est de notoriété publique que le Français moyen aime à chercher les magouilles lui permettant d’améliorer son quotidien : menus larcins comme le piratage informatique (copies à la pelle), les petites fraudes au FISC, ou encore les infractions au code de la route… Bref, le Français aime à jouer au gendarme et au voleur, donc difficile pour lui de critiquer ses élus, puisqu’ils sont censés représenter ce que nous sommes ! Là où le débat m’interpelle, et bien entendu excite mes zygomatiques, c’est quand cette bande d’ahuris viennent étaler sur place publique les conneries des uns et des autres, ceci en guise d’argument électoral.

Vous ne voyez pas ce qu’il y a de risible là-dedans ? Pourtant, ça devrait vous secouer le diaphragme que de les entendre se chamailler de la sorte. En substance, le discours tenu est « Ne votez pas pour lui, c’est un escroc-voyou-pas gentil-méchant pas beau » (rayez la ou les mentions inutiles). Ah bon ? Pour moi, cela ressemblerait presque à du « N’achetez pas la lessive du concurrent, ceux qui la fabriquent sont des cons ». Mais… On s’en fout ! Ce qui compte, c’est ce qu’ils proposent, non ? Jusqu’à preuve du contraire, c’est sur un programme qu’on est supposés, nous électeurs imbéciles abreuvés de discours péremptoires, choisir un élu parmi la liste de tronches de premier de la classe. Dans ces conditions, aller affirmer que l’autre est un pourri est plus que fallacieux… D’autant que chaque parti traîne de grosses casseroles judiciaires, et non des moindres.

Le PS n’a-t-il rien à se reprocher ? Parce que des emplois fictifs, des embrouilles financières, des marchés militaires douteux, ou encore des fraudes fiscales, ils ne connaissent pas ? De l’autre côté, l’UMP n’a guère mieux à montrer, d’autant que la vieille garde n’a jamais été avare en bidouilles en tous genres. L’humour voudrait qu’on prenne cela avec philosophie et un brin d’ironie, pour ma part je vais jusqu’à l’hilarité la plus sauvage. Mais allez y, mettez vous sur la tronche, je compterai les dents cassées une fois la bataille terminée. D’ailleurs, il y a un dicton par chez moi qui s’applique fort bien à la situation : « Ne va pas regarder les fesses de ton voisin, surtout si tu n’es pas sûr que les tiennes sont propres ». Dommage que nos politiciens, malgré leurs années d’ENA, malgré l’expérience d’être forgés par les institutions et l’usure du pouvoir, trouvent encore le moyen de jouer dans le caniveau.

Le bon sens manque énormément chez nos élus, et d’autant plus dans les partis. Depuis quand envoie-t-on au charbon un gars qui n’a pas un CV sans accroc ? Depuis quand met-on en avant un personnage sans se préoccuper des attaques potentielles ? Ne pas être prudent, c’est prêter le flanc à la critique, aussi minable soit-elle. De toute façon, je me marre : on se renvoie la balle médiatique par des avocats qui vont s’enrichir par des procédure sans fin, et qui, au final, seront aussi vite oubliées que les « bons mots » de ces candidats d’opérette.

Enfin, j’estime que si le débat se délite de la sorte, c’est avant tout à cause des électeurs. Loin de s’intéresser aux fondamentaux, à l’actualité, et surtout à la vie de leur cité, ceux-ci s’inquiètent avant tout des passes d’armes et de la rhétorique des candidats. Je crois que la population ne serait pas plus inquiète de son sort si les futurs élus réglaient leurs différends sur un ring, gants aux poings, et cloche du début de round sonnant le glas des discussions. Et puis, quelque part, la campagne est si dramatiquement creuse qu’elle ne trouve d’attrait aux yeux du quidam que dans ces enfantillages. Tiens, ça colle super bien à la situation ce terme ! Ca donnerait presque du : « Toi t’es un salaud ! » avec en réponse « C’est celui qui le dit qui y est ! Et puis ton papa c’est un méchant ! »

Des sales gosses que j’vous dis…

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