26 mars 2010

Leçon historique

Je ne pense pas avoir été très obscur concernant mes orientations politiques, qui plus est concernant la véritable haine que je voue aux systèmes totalitaires. Je pense d’ailleurs avoir été plus que vindicatif en alertant mes lecteurs sur les risques d’avoir un système dérivant vers la dictature (notamment la loi R.Dati sur la détention de protection, ou encore mes réactions concernant la liberté d’expression sur le réseau, et donc sur la loi HADOPI). De ce fait, on ne pourra clairement pas me taxer, ni de fasciste, ni de nazi en puissance, pas plus que d’être un soutien pour un système autre que démocratique. Cependant, il faut aussi avoir un peu de bon sens, notamment quand il s’agit de s’attaquer à des sujets aussi sensibles que le fascisme ou la dictature légale (qui est surtout à ne pas confondre avec la dictature militaire qui s’appuie sur la force, et non sur la loi).

Le FN… quel sujet empoisonné ! Depuis son apparition sur la scène politique, le FN a toujours représenté l’épouvantail, les souvenirs d’une France collaborant avec l’occupant, un Pétain dépassé, ou un Laval plus qu’actif pour résoudre « la question juive ». Jean Marie Le Pen, porte flambeau d’un parti jadis obscur et faisant peur, est devenu, à force de confrontations dans les urnes, les médias, mais aussi au juridique, un des représentants de la contestation face à la balance gauche droite traditionnelle. Aujourd’hui, le FN est un parti aussi implanté et lisible que l’est le PS ou l’UMP, et même plus légitime dans son statut de contestation que l’est la NPA, ne serait-ce que pour l’antériorité, ou, plus encore, si l’on prête attention aux scores lors des suffrages.

Pourtant, il est une chose qui ne change pas, c’est l’incompétence politique ! Je vous invite à lire l’article suivant, puis de revenir lire la suite de ma chronique.

L'article complet sur lemonde.fr

Alors. Lu ? Compris ? Qu’en pensez-vous ? Pour ma part, j’appelle cela une énormité tant stratégique que politique. Tout parti qui serait fasciste en France serait immédiatement interdit, et ses membres gentiment conviés à ne plus jamais se réunir. De plus, l’histoire et sa lecture démontrent qu’il y a eu collusion dans tous les partis, car ce sont les membres qui font une politique, et non la politique qui font les membres. Dans ces conditions, Michel Vauzelle a non seulement dérapé, et pardessus le marché reçu un cour d’histoire. Dramatique, surtout quand il s’agit d’aller jouer sur les terres du nationalisme, celles de prédilection pour le parti nationaliste, et non fasciste (par ailleurs, FN veut bien dire Front National, et non pas Fascisme National).

Je n’ai aucune affinité avec le FN : je n’ai guère d’amitié pour des propos plus que malsains concernant l’immigration (même si, sur le fond, la question doit être posée et traitée avec intelligence par tous les partis), et je n’éprouve aucun plaisir à voir un parti prendre pour étendard Jeanne d’Arc, car, en tant que tel, je ne vois ni légitimité, ni bon sens à s’approprier ce symbole. Alors, évidemment, le FN séduit comme vote contestataire, la dureté du comportement et des propos de leur leader actuel (amené à prendre enfin sa retraite au profit de sa fille) peuvent plaire aux nostalgiques de la droite « dure » du général De Gaulle, attirer les déçus de la politique sociale qui (d’après ces mêmes électeurs) « favorisent les étrangers et les fainéants » (sic), ou encore une certaine population effrayée par la mutation de la société Française. Qu’on ne se leurre pas : la France change, cela a effrayé durablement les notables, l’ancienne génération se cramponnant au cliché de la femme au foyer, et de l’immigré ouvrier qui n’est visible qu’à l’usine.

Pour ma part, je remercie sincèrement le FN d’exister, et, pour répondre aux râleurs qui m’attendent au tournant, non, ça n’a rien de contradictoire avec le fait que je n’aime pas ce parti politique, pas plus que ses idées. Souvenez-vous de 2002 : Le Pen au second tour. A quoi cela a mené (temporairement hélas) ? A l’éveil des consciences, au fait que tout électeur est responsable du résultat final, et que le vote blanc, tout comme l’abstention légitiment la montée des extrémismes. Mécaniquement, plus il y a de gens qui ne votent pas, plus ceux qui votent pèsent lourds. Ainsi, le FN a accédé, et ce pour la seule fois de son histoire, au second tour d’une présidentielle ! L’électrochoc, la claque ! Comprenez donc qu’il faut des partis aux discours radicaux, afin que les plus timorés puissent se souvenir que l’absence de décision n’amène que l’anarchie, ou la dictature, tout dépend du creuset où mijotent les idéaux nationalistes.

Enfin, Je suis vraiment hilare quand je constate que, malgré l’humiliante remise en place de l’élu, d’autres se sont octroyés le droit de brandir « Liberté, Egalité, Fraternité », ceci dans le but évident d’être les pseudo garants de ces valeurs. Quels garants ? Le gauchisme a créé le national socialisme, tout comme l’extrême droite a inventé les ratonnades. Tout parti, toute opinion peut dériver vers l’aspect totalitaire, et le PS, tout comme le FN, contient des éléments qui doivent être observés avec prudence. J’aurais été J.Marie Le Pen, je me serais alors empressé de répondre :
Liberté : j’ai le droit et le devoir de l’exprimer, et de me défendre, vu que je suis un élu du peuple.
Egalité : j’ai tout autant le droit d’exprimer mes opinions que M.Vauzelle, et qui plus est dans le strict cadre de la loi. M’accuser de fascisme, c’est m’accuser d’être un criminel, ce que je ne suis pas.
Fraternité : S’il y a quelque propos que ce soit qui puissent mettre en doute mon respect de la fraternité des Français, qu’ils me soient reprochés en toute légitimité.

Dégueulasse comme défense ? Parce qu’accuser de fascisme quelqu’un n’est pas dégueulasse ? Si j’ai le malheur de tenir des propos contre Israël, je suis antisémite ? Si je critique la gauche, je suis fasciste ?

Qui est le fasciste : l’accusateur, ou l’accusé ? Me concernant, l’accusateur devrait se souvenir qu’une chasse aux sorcières comme le maccartisme n’a mené qu’au naufrage du système supposé être protégé contre le dit « ennemi »...

1 commentaire:

Thoraval a dit…

D'autant plus qu'il ne sert à rien de vilipender un parti, alors qu'on en intègre les préceptes...
Ce qui ne glorifie pas les partis dits classiques.
Texte efficace que celui-ci. J'espère que tes lecteurs sauront le lire et réfléchir dessus, sans parti pris (justement!) et de ce fait, reprendre un peu le pas sur la pensée libre et non la médiatique libre pensée.
Bravo pour ce courage d'expression.