27 avril 2010

Dans la série des haines gratuites

Avez-vous déjà maudit quelque chose ou bien quelqu’un ? Avez-vous éprouvé le désir ardent de rétablir, par vous-même, la peine de mort ? Bien entendu, j’espère qu’il ne s’agit là que d’envies et de non de mises en pratique, au titre bien évidemment lâche que je ne saurais légalement soutenir l’homicide (bien que je sois moi-même parfois tenté d’agir de la sorte), et puis parce que les tueurs, eux, ne pensent jamais à ceux qui se tapent le ménage derrière eux ! Donc, par respect pour la caste du personnel de ménage, je dis non au meurtre.

Et pourtant, s’il y a des sélections naturelles à faire, ce serait avec une sereine facilité que je pourrais procéder à des exterminations de masse avec les imbéciles, les cons, les demeurés chroniques, les abrutis, bref, toute cette population grouillante d’humains aussi ignares qu’insupportablement convaincus de détenir LA vérité. A les écouter, il n’existe nul autre firmament intellectuel qu’eux-mêmes. Pire : ils sont prêts à tout pour vous évangéliser, quitte à raconter n’importe quoi, mêlant théories fumeuses et parallèles improbables, s’enfonçant dans la bêtise pour vous prouver, chiffres à l’appui, qu’ils ont raison. Tenez, ces derniers temps, ce sont les statistiques qui sont à l’honneur. Il paraîtrait que se faire pardonner souvent de sa compagne (en s’excusant, pas en multipliant les conneries donnant lieu aux dites excuses !) permettrait de lui accorder une plus grande espérance de vie… Ah ben c’est sûr, il est évident qu’une personne stressée, avec la boule au ventre après une violente dispute, aura statistiquement plus de chance de faire un infarctus que la personne calme, sereine et détendue. Alors, on en fait quoi, de ce scientifique à la noix ? On le cloue à la porte de son labo, avec posé sur sa poitrine un petit billet déclarant « A mettre au container classique : déchet recyclable » ?

Prenez donc le web… Non pas sous le coude, prenez le « mentalement » : c’est le plus grand capharnaüm de l’histoire de l’humanité. Nulle bibliothèque, nul amoncellement d’archives ne peut aujourd’hui prétendre à l’étendue et au volume des connaissances disponibles sur la toile. Pourtant, il y a encore toute une population de débiles profonds qui vous pondent des pages ressemblant à des sapins de Noël, bourrés d’animations aussi agressives que disgracieuses, et dont le contenu n’est pas sans rappeler la richesse des paroles du dernier chanteur à la mode. Y a-t-il des choses à garder ? Oh, oui, je pense… L’espace disque utilisé et libéré lors de la suppression de ces horreurs ? Sans déconner, sont-ils convaincus qu’on les lit ? A moins que je sois le seul à frémir d’horreur quand le ton sur ton façon « j’ai vomi sur le papier peint 70’s » soit à la mode. Et on leur fait quoi, à eux ? On les suspend par les pieds au-dessous d’un pont où les péniches passent à fond ?

Je ne parle même plus des analphabètes et autres illettrés qui hantent le réseau, ce serait enfoncer des portes ouvertes. Non, contentons nous de celles et ceux qui s’exposent à longueur de journées, qui racontent leur existence de gens ordinaires, qui vous montrent les photos du petit dernier, les clichés du chat qui miaule, ou qui vous mettent en ligne la petite dernière qui braille sa première chanson (inaudible, mais ce n’est guère sa faute… la pauvre…). Pour autant que je sache, la vie privée, ce n’est pas de la confiture : contrairement au produit sucré susnommé, en étaler en quantité est totalement indigeste. Et puis, qu’est ce que c’est agréable de vivre les choses par procuration (ironie, quand tu nous tiens). Sans déconner : pourquoi vous adresser au monde entier qui s’en fout ? Pourquoi ne pas fournir les accès à vos informations qu’à vos proches et amis ? Pardonnons leur la méconnaissance des outils… donc pas d’exécution sommaire.

Et puis enfin, il y a les imbéciles comme moi. Les jamais contents, les grognons, les mal lunés qui vous font tout un plat d’une broutille, qui noircissent des hectomètres de papier sous prétexte d’expression écrite. Que peut-on leur faire ? Les censurer, les bâillonner ? Tout système se doit, en principe, de faire le ménage avec ses opposants, mais là, il s’agirait d’une mesure de salubrité publique en faisant taire les grandes gueules non progressistes et qui hantent vainement la toile. Que diriez-vous d’un petit stage à la lanterne mes amis ? Si l’on met un tabouret sous mes pieds, cela voudra dire que j’ai été lu, écouté… et que j’ai fait peur !

Et si c’était ça, le but du rédacteur indépendant sur la toile ? Passer pour un con aux yeux d’imbéciles, revendiquer, ceci jusqu’à temps qu’on vous dise « allez, c’est à ton tour, mec ». Chouette ! Pas trop serré le nœud monsieur le bourreau, j’ai la peau sensible…

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