12 avril 2010

Expérience d'écriture méditative

Pour commencer : je ne réagirai que plus tard, s’il y a lieu, à l’accident d’avion qui a emporté 95 personnes, dont le président Polonais en fonction. D’une part, parce que j’ignore les conditions de « l’accident », et que, d’autre part, je ne serais pas pertinent si je n’attendais pas un peu les réactions locales. Dans ces conditions, soyez patients, j’aurai à redire par la suite (si nécessaire bien entendu).

Avertissement : la vidéo associée à ce message est d’un style des plus particulier. La musique est inclassable, et certains risquent sérieusement de ne pas du tout apprécier. Personnellement, j’adore la musique électronique quand elle est aussi innovante et étrange, alors que d’autres y sont réfractaires. Sachez toutefois que l’article qui suit a été rédigé avec cette vidéo en fond sonore. Vous êtes avertis…

Etre allongé.

Expérimenter le silence intérieur, et se laisser envahir des vibrations extérieures. Respirer profondément, s’imprégner de la nature, y être attentif, et sentir que tout son corps absorbe les particules de l’univers, tel un réceptacle temporaire pour une âme éternelle. Se connecter, s’offrir au mouvement du monde, et ainsi n’être plus qu’un atome parmi un schéma nous dépassant totalement. Ainsi commence la méditation, ainsi renaît en soi l’univers. Nous sommes l’univers, une parcelle d’existence consciente au milieu d’un vaste système obscur, froid et pourtant accueillant. J’écoute alors mes propres désirs, mes propres vibrations, celles qui deviennent plus fortes à mesure que je me concentre sur ce qui est hors de moi. Je suis tout, je ne suis rien, je suis humain, je pense, je vis, ou du moins j’en suis convaincu.

Ouvrir les yeux, l’épreuve étrange de percevoir la lumière, de la voir déferler en nous, prendre sa place dans notre esprit et notre cœur. Je me laisse noyer de la lumière d’une infinité d’astres qui ne vivent pour nous que la nuit venue, je me réchauffe à la lueur pointue qui dessine les galaxies dans le ciel. Tout n’est que motifs, mouvements, balanciers universels où nous ne sommes que des particules accrochées à la géométrie délirante de notre perception. Je laisse reposer mon cœur, apaisé par ce moment de communion, et je perçois la lune, le soleil, la terre, sa texture, les senteurs si multiples, si diffuses, et si complexes que je n’en effleure que la surface. Fait-il beau, pleut-il ? Quelle importance, ce ne sont que des étapes au milieu de la perpétuité de l’instant, cette infime particule de temps suspendue par le jeu de notre pensée. Le temps n’existe que parce que nous le percevons, nous le mesurons. Et une seconde est une éternité, et une éternité devient une seconde.

Je me redresse, et je retrouve peu à peu les sensations d’un corps que j’habite temporairement, l’espace d’un éclair à l’échelle de ce ciel qui rougit au levant. Il fait bon en moi, mon corps est un habitat confortable d’où je ramasse, paisiblement, chaque élément de la vie. J’avance en moi, j’ajoute peu à peu des morceaux d’existence, j’emballe mon cœur à coups de sentiments incompréhensibles, multiples et intimement liés. Amour, haine, torpeur, colère, amitié, fureur, douceur, tout se mêle, s’entrechoque au point que je suis aspiré. Les souvenirs se rejoignent et forment une trame étrange, la mienne, unique, celle que j’ai moi-même tracé au fur et à mesure du temps qui s’écoule dans mes veines. Finement, je vois le motif des visages du passé et du présent qui s’y découpent. C’est une tenture historique, c’est ma tapisserie de Bayeux, ma conquête de mon monde, là où j’y relaterai, jusqu’à ma mort, ce que j’ai été, ce que je suis, et ce que j’aurais pu être. Toutes les combinaisons y sont décrites, et je la regarde se tisser par devers moi, comme si elle était brodée par des mains invisibles.

Et puis finalement je suis debout, je souris, je prends à pleins poumons l’air ambiant. Mes yeux s’affûtent, ils découpent le monde à mon gré, segmentant lieux et objets pour en définir la réalité dans mon environnement. Je suis perception, je suis tactile, je saisis, je regarde, j’observe, je vis. Le premier pas est le plus complexe, l’instant où je dois alors sortir de ma méditation pour briser le temps que j’ai intérieurement bloqué pour l’éternité d’une seconde. Je brise le lien, vieillissant d’une éternité, me lançant dans l’univers pour m’y noyer, pour toujours, pour quelques heures, pour une fraction ridicule du temps.

Je perçois, donc je vis.

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