30 avril 2010

Note avant congés

Quelques mésaventures m’imposent, hélas, de ne pas partir en congés comme je le souhaiterais. Toutefois, les deux prochaines semaines étant réservées au repos, je ne suis pas convaincu que je ferai des apparitions régulières ici même… voire pas du tout. Dans ces conditions, à vous de voir s’il est, ou non, pertinent de passer ici chaque jour, à moins de vouloir lire (ou relire) d’anciens articles !

Mais passons à autre chose.

Il m’arrive parfois de regarder avec un certain agacement la prolifération des jeux vidéos, et ce non parce que j’aurais la moindre appréhension ou quoi que ce soit contre eux, mais simplement parce que je suis bien souvent déçus par les sorties les plus récentes. Au contraire d’une tranche de fanatisés à outrance, je n’éprouve aucun plaisir à être abreuvé à coups d’images psychédéliques, de 3D toujours plus précises, d’effets pyrotechniques propres à ridiculiser les meilleurs feux d’artifice. J’aime plutôt la créativité, l’imagination, le rêve, l’improbable rencontre entre le romancier et le développeur, une sorte de fusion entre ce qui pourrait sortir de nos crânes féconds et le média. En l’espèce, je n’éprouve aucune sympathie pour tous ces jeux où le but est d’être le plus rapide, de tirer le plus précisément, ceci hors de tout scénario construit ou même simplement intéressant. Etre un sniper est un fantasme, mais l’être des heures durant, derrière un clavier…

Bref, pour moi le jeu se doit d’être distrayant, ludique, pas juste un défi pour la vue et les réflexes. Et ce n’est pas peine d’avoir joué à énormément de choses différentes ! Cette idée ne remet pas en doute la possibilité de créer des jeux distrayants et « bourrins » comme les jeux de tirs, d’autres où il faut aller d’un point A à un point B (voir la série des Mario sur console Nintendo pour comprendre de quoi je parle), mais plus la créativité générale. On en est arrivé à parler de « Quake like », ce qui signifie « qui ressemble tellement au jeu Quake qu’il est impossible de ne pas y penser en y jouant ». Et c’est un drame à mon sens ! Le coût de développement de ces jeux a littéralement explosé durant la dernière décennie, et c’est en dizaines de millions d’Euros que se chiffrent les budgets… Alors qu’à une époque, certains développaient ces bidules dans un garage à trois ou quatre, voire tout seul, et y mettaient la touche personnelle, le petit plus qui prouvait que c’était le rêve qui dictait les choix, et non pas la bourse.

Je n’ai pas envie de faire de sarcasmes gratuits sur les jeux d’aujourd’hui, car tous ont atteints l’excellence graphique, l’ergonomie très majoritairement bien pensée, et ils offrent un impact visuel digne du cinéma. Ce que je regrette amèrement, c’est qu’ils semblent terriblement plats. On ne s’attache pas au personnage principal, on ne lui trouve pas quoi que ce soit d’agréable ou d’attirant, tout juste est-on fasciné par son aspect caricatural. Et puis, j’ai une question assez cynique : pourquoi s’entêter à faire des choses autour de la guerre, de la haine, ou de restituer des situations hyper réalistes ? N’a-t-on pas assez d’horreurs au quotidien pour, en plus, s’en coller plein les neurones via une séance de jeu supposée nous détendre ? D’ailleurs, c’en est même malsain quand les jeux prônent la violence gratuite pour obtenir des avantages, quand les jeux vous amènent à confondre réalité guerrière et environnement virtuel ? Nous avons bien assez des malheurs du monde pour devoir les reproduire sous la forme de pixels…

Le bilan est, pour ma part, assez mitigé. Le public a vieilli, et ma génération est devenue celle des parents. Nous avons connu la genèse des jeux, leur croissance, et aussi été confrontés aux choix à faire pour nos enfants. De fait, nombre de jeux s’adressent spécifiquement aux adultes, à travers une violence plus crue, des dialogues plus durs, ainsi que des atmosphères pesantes voire horrifiques. C’est difficile de dire qu’il n’est pas intéressant ou ludique de se plonger dans une expérience pareille, par contre je mets en doute l’idée que cela soit disponible pour les joueurs (trop) jeunes. Bien entendu, c’est du rôle des parents de faire les bons choix, et de censurer, si nécessaire, ces titres pour éviter des incompréhensions ou des dérives. Cependant, combien de parents sont désemparés face au choix ? Il faut reconnaître que nombre de personnes de ma génération ne jouaient pas (pour des questions d’intérêt et surtout de budget), et donc ne se sont pas mis au jeu pour autant une fois devenus adultes. Comment leur demander de faire les bons choix ?

Si l’aspect artistique est souvent discutable, ce n’est pas forcément la nostalgie qui parle. J’espère voir apparaître des OVNIS comme « The nomad Soul ». Ce jeu a plus d’une décennie, et il garde un impact ahurissant sur moi. Outre un environnement étrange où l’on était dans un monde parallèle assez glauque, ce jeu avait des qualités qui me surprennent, aujourd’hui encore : une qualité graphique indéniable, un monde cohérent et riche de ses symboles, si étranges soient-ils, et une interactivité très complète. Sans oublier une chose qui manque énormément : une musique hypnotique. David Bowie, ayant participé, avec son épouse, à la composition de la bande originale, le jeu était vendu avec l’album de David Bowie associé ! C’était quelque chose que j’aimerais revoir un jour, parce que la musique est une chose qui nous est quotidienne, parce que la musique véhicule autant une atmosphère que des idées. Pendant le jeu, le joueur pouvait assister à deux concerts virtuels du groupe de David Bowie, avec l’identité visuelle du jeu. Stupéfiant, envoûtant, je me suis surpris à recharger la sauvegarde juste pour revoir le concert, de manière complètement non interactive, planté derrière mon écran. CA, c’est de l’impact, ça, c’est une expérience ludique unique.

Mesdames et messieurs les businessmen, pensez à nous, pensez à notre plaisir de jouer. Admettez enfin que culture et jeu vidéo peuvent très bien fusionner. L’expérience ludique n’est pas cantonnée au tir en rafales, elle peut être emprunte de poésie, d’intelligence, de sensations diverses et variées. Le jour où vous mêlerez émotion et interactivité à vos productions, alors oui, les joueurs auront plaisir à vous dire non pas « votre jeu est pourri », mais au contraire « votre jeu est une expérience unique ».

Je mets quelques vidéos symbolisant ce à quoi je pense, dont le concert de David Bowie dans « The nomad Soul ».

The Nomad Soul: Something in the Air, le concert virtuel de David Bowie


The nomad Soul: New angel of promises, la chanson d'introduction du jeu par David Bowie


ICO: Un jeu OVNI...


Shadow of the colossus: Magnifique... tout simplement

2 commentaires:

Eathanor a dit…

J'espère que ces congés involontaires ne sont pas synonymes de pépin de santé ou autres "réjouissances" dans le genre.

En tous les cas, j'espère te relire rapidement Frédéric.

JeFaisPeurALaFoule a dit…

Non pas du tout... juste un souci d'automobile me bloquant à Paris, au lieu d'un départ longuement attendu!