16 avril 2010

Pétrifié

Je sais que j’ai, et ce plus d’une fois, exploité le filon de la peur et de l’anticipation sombre dans mes textes. Je sais aussi, que par le jeu de l’extrapolation, décrit un futur des plus terrifiants. Pourtant, ce n’est pas dans le but de faire peur, mais au contraire de faire réfléchir. Est-ce vraiment inutile d’avertir les gens des risques qu’ils prennent en n’ouvrant pas les yeux ? Le laisser faire est aussi criminel que le crime lui-même, la lâcheté fait autant de morts que les assassins en font, et ce n’est qu’au bord du gouffre que l’on peut compter ceux qui ont de véritables opinions, et le courage qui va avec. C’est dans les jours sombres que les lumières de l’esprit s’éteignent à jamais, ou au contraire, s’allument pour éblouir et amener la foule vers un chemin certes douloureux, celui du déterminisme et de la rédemption.

Je ne crois pas à la vertu de la dénonciation du passé. Je ne crois pas plus à l’utilité des lamentations éternelles. Les morts ne se plaignent pas, et les vivants cessent, tôt ou tard, de pleurer et de fleurir les tombes. Quand on se sert d’un tombeau comme d’un prétexte politique, on déshonore la mémoire, on déshonore celui ou celle qui gît sous le marbre glacé. Oublier n’est pas tolérable, pas plus qu’il soit tolérable de s’approprier les souffrances d’autrui. Quand un politique annonce, avec la mine grave de circonstance, que son état s’excuse pour les exactions du passé, il n’est pas représentatif en quoi que ce soit, si ce n’est d’une forme élémentaire de lâcheté électoraliste. Ce n’est pas cinquante ou cent ans après, voire plus, qu’on est en mesure de faire pardonner les errements d’un gouvernement. Qui est légitime dans l’exigence d’obtenir des excuses ? C’est au bourreau de faire acte de rédemption, ou de payer pour ses crimes, pas à des descendants qui n’ont souvent même pas idée de la portée idéologique qui pouvait être le véritable fondement intellectuel des actes de cet aïeul.

Je suis pétrifié d’horreur quand des crimes racistes et xénophobes sont commis. Je suis effaré quand ils mettent en cause des êtres humains qui se massacrent pour des différences qui ne devraient même pas être prises en compte. Mais je suis encore plus ulcéré par l’attitude désinvolte des adultes, qui n’acceptent pas que le monde n’est pas fait d’une seule couleur, et qui enseignent à leurs enfants la haine et la violence. Quand comprendra-t-on que ce n’est pas en massacrant autrui qu’on obtient la paix ? Quand admettra-t-on que ce n’est pas en imposant ses convictions qu’on peut prétendre à être respecté ? Ces derniers mois, la France subit une des pires périodes de crise identitaire de son histoire : débats sur la religion, l’immigration, les violences urbaines, l’incompréhension croissante de la population face au laxisme général, et une montée progressive de l’intolérance. Et les gens s’étonnent ? Mais étonnez vous d’être aussi couards pour ne pas défendre de vrais idéaux, et pas ce que l’on vous sert à longueur d’années pour vous rendre plus faibles et sensibles : crise économique, violence permanente, état de phobie paranoïaque de la différence, de quoi rendre fou n’importe quel esprit sain !

Qu’on me taxe de fasciste, allez-y, gavez vous, je vais donner du grain à moudre aux biens pensants. Alors, non je n’accepterai pas qu’on mélange l’Islam avec la burqa, et non je ne tolèrerai pas la burqa en France. Non, je n’accepterai pas qu’on me colle la responsabilité de la politique des USA au moyen-orient, et non je ne cèderai pas face à la dictature de la peur instaurée par les terroristes. Non, je ne fléchirai pas d’un millimètre quand on m’annonce que je suis fliqué pour mon bien, tout comme je ne fléchirai pas face aux gens qui vomissent leur bile gauchiste sur la police et l’armée. Non, je ne défilerai pas le bras tendu dans la rue pour satisfaire une idéologie nihiliste, pas plus que je ne défilerai pour montrer ma honte face à des crimes contre l’humanité dont je ne suis ni coupable par les actes ni coupable par les idées. Non, je ne pardonnerai pas aux politiques de fermer les yeux sur les atrocités qu’ils cautionnent par l’inaction, pas plus que je ne pardonnerai la lâcheté des électeurs qui les ont mis au pouvoir. Et enfin, non, je ne tuerai pas mon voisin parce qu’il est différent, et non je ne baisserai pas la tête si celui-ci se mettra à me menacer parce que je suis différent de lui.

Je suis tel que la nature, la vie, l’humanité m’a créé. Je me suis forgé autant que j’ai été forgé par l’existence. Je suis autant glaive prêt à être brandi pour défendre une certaine idée de la nation, de la France, autant que je suis miel et coton pour les gens que j’aime. Et là, oui, j’espère avoir le courage de me déterminer pour défendre la démocratie et la république avec mon sang, et oui s’il le faut m’opposer à des gens différents de moi. Oui, j’espère avoir le cran de me présenter face aux matraques de la dictature si elles venaient à revenir dans nos rues. Oui je collerai au pilori celui ou celle qui usera de la terreur pour faire passer ses idées liberticides, et oui j’userai de la même terreur pour empêcher que la France ne devienne un état de non droit. Oui, je refuserai le vote fasciste parce qu’il n’est que folie et destruction, et oui je donnerai tout de même le droit à la parole à ceux qui votent ainsi, parce que c’est ainsi qu’une démocratie se doit d’être. Oui, j’exige que la parole soit donné à tous, et oui je veux que cette parole soit écoutée, critiquée, comprise, traitée, et pas juste dénigrée par sa différence.

Je ne serai pas celui qui revendiquera la dictature comme solution. Je ne me prosternerai jamais face à l’autel d’un être humain élevé en héros de la nation, pas plus que je ne comprendrai un jour ceux qui le font. Il n’est pas plus acceptable que l’on puisse se dire meilleur parce que faisant partie d’une ethnie, qu’il soit acceptable qu’un gosse porte un maillot marqué du drapeau tricolore frappé du croissant de l’islam, ou de quelque symbole que ce soit. Vous autres, les politiques, les votants qui refusez le débat ou l’action, en croyant en la démarche modérée, vous souillez les idéaux que représentent le drapeau et la devise de la république. En repoussant toute forme de discussion, vous agissez comme les fascistes que vous dites maudire, et c’est en estimant l’autre fasciste que vous salissez ce qui fait la richesse et la grandeur de la France. L’Algérien qui a le courage, chaque matin, de se lever aux aurores pour faire le boulot que les autres refusent, le Sénégalais qui conduit son taxi toute la nuit, le Polonais qui a la silicose pour avoir extrait le charbon dans le nord, tous ont le droit au respect et à l’amour du drapeau. Etre né Français, ça ne rend pas meilleur ou pire, cela donne des droits, mais aussi des obligations. Evitez surtout de me dire que l’étranger n’est pas bon, ne me faites pas vous rappeler le sacrifice des troupes indigènes pour une certaine idée de la France. Ne me faites pas non plus l’affront de parler de l’irrespect des étrangers, qui, pour l’immense majorité, ont pris leur courage à deux mains, et se sont battus dignement contre la misère et le racisme.

Je ne suis pas né Français, je n’ai pas une goutte de sang Français dans mes veines. Je ne suis pas né ici par hasard, mes parents ont fait la démarche de croire en un avenir meilleur sous le drapeau tricolore. La France m’a offert l’avenir que je n’aurais même pas pu espérer chez moi. J’ai obtenu la nationalité Française, et je la revendique haut et fort, fier d’être ici, fier d’être Français, orgueilleux de ses richesses, fier de son histoire, de sa culture, et surtout fier des possibilités que la France pourrait s’offrir. Mais j’ai honte, honte pour nous, pour la lâcheté générale, la politique du pantalon sur les chevilles, de la non décision, honte d’avoir à entendre qu’on négocie au lieu d’être ferme. L’état se doit d’être paternaliste, puisque c’est cela qu’aime les Français… Alors, en bon père, l’état doit aussi avoir la prérogative de la sanction, de la punition, avec l’accord des citoyens. Vous voulez un monde plus responsable, plus intelligent, mieux géré ? Alors cessez de geindre sur votre sort et agissez ! Ce n’est pas en attendant la béquée qu’on apprend à se nourrir, c’est en sortant du nid, et en apprenant à voler de ses propres ailes. Alors, déterminez vous, choisissez la voie, votre voie, pas celle que vous trace des penseurs poubelles, pas celle que vous impose paisiblement le formatage médiatique, pas celle que votre éducation n’a réussi qu’à vous enfoncer dans le crâne. Le monde change quand les gens pensent autrement, alors usez de ce droit inaliénable de penser !

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