10 juin 2010

Comment ne pas avoir à se taper votre famille en quelques leçons très simples

Comme promis dans le message précédent, je vous annonce une sorte de petit livret à utiliser en cas de problèmes réguliers dans la gestion de votre entourage familial, notamment quand celui-ci vous encombre plus que de raison. En effet, comme le dit la petite phrase assassine « On choisit ses amis, on ne choisit pas sa famille ». Cette phrase peut être élevée en règle de vie tant la notion de famille est volatile : un cousin pénible et qui aime jouer les invités surprise, un demi-frère moralisateur, ou encore une belle-sœur qui ne débarque que pour vous taper de cent balles, les exemples sont nombreux. Il faut donc savoir se prémunir contre ces parasites sociaux, tout en jouant d’une forme particulière de diplomatie. Notez qu’au même titre que les repas interminables et souvent pénibles, il faut parfois faire preuve de tact, et donc éviter les crises.

Tout d’abord, un fondamental : ne perdez jamais votre sourire. Qu’il soit teinté d’ironie, ou qu’il soit crispé comme celui d’une statue de cire, ne faites jamais la gueule. C’est une évidence : plus vous bouderez, plus vous serez la cible de celles et ceux qui n’ont d’autre activité dans l’existence que de se mêler de ce qui ne les regardent pas. A eux, présentez donc un faciès avenant, n’hésitez pas à entrer dans les discussions pour sembler affable, voire même bavard. Un bavard agace, et on aime à l’isoler… Alors parlez plus que de raison ! Enlisez les discussions, pourrissez l’ambiance avec un air si angélique qu’on pensera à de la candeur ; Feinte, bien entendu. Dans les cas où vous ne pourrez pas provoquer la crise comme dans mes exemples de la veille, soyez plus malin que votre pénible cousin, jouez de la charité intellectuelle en lui tendant des perches qu’il aimera saisir, à son grand dam puisqu’il aura attrapé la perche supposée salvatrice, alors qu’elle sera la trique pour le battre.

Maintenant que le décor est planté, fourbissez vos armes en fonction des situations. Il faut dans un premier temps définir qui est votre boulet du jour, et donc spécifier en quoi il vous encombre. Les sujets les plus communs sont ceux qui se plaignent à tout va de l’existence, ceux qui sont fauchés et qui vous empruntent du fric, et ceux qui aiment à critiquer tout ce qui bouge. Il y a d’autres espèces, comme les piques assiettes, les « bonne conscience » et les pires de tous, les candides. Alors, maintenant que vous avez ces critères en tête, utilisons les pour les virer sans que cela soit une déclaration ouverte de guerre… Car ces gonfleurs de rate sont ceux qui savent aussi se faire aimer de tous. « Mais non, le cousin bidule n’est pas un glandeur qui emprunte sans jamais rembourser, c’est un type qui traverse une mauvaise passe ! » … mouais, une mauvaise passe d’une décennie, c’est long. Enfin bref, prenons les un à un et ouvrons les hostilités secrètes.

Alors… commençons par les geignards. Cette espèce est connue de tous, nous les avons tant comme familiers que comme « Merde, c’est le copain d’un pote ». Celui-là, s’il débarque, c’est la larme à l’œil pour se plaindre pêle-mêle de sa copine qui s’est barrée (tu m’étonnes), des impôts qui ne lâchent pas le morceau (10.000 Euros de dettes, ça ne s’enterre pas mon pote), de sa bagnole pourrie (dont il omet de préciser qu’il ne l’entretient jamais), ou encore de sa maladie (imaginaire). Comment le faire taire, comme réussir à le détourner de sa plainte lancinante et casse bonbons ? Facile, contrairement à ce que vous pensez ! Laissez le dans un premier temps vous faire son cirque, mais sans commenter ou abonder dans son sens. Laissez le s’enfoncer péniblement dans ses explications, tout en refusant toujours de prendre parti. « Mais oui, je comprends, mais comprends la aussi » pour sa copine partie, « Tu leur dois ce fric, non ? » concernant les impôts, « Passe au garage pour faire les travaux » pour la voiture, et fin du fin « Tiens, voilà mon médecin traitant, il est excellent » concernant son mal inconnu et intolérable. Bien entendu, cela va pousser le couineur du vendredi soir à se récrier, à vous traiter de sans cœur et j’en passe… Laissez dire ! Ne le brusquez pas, il serait foutu de vous pomper l’air deux heures durant pour vous faire comprendre que vous êtes dans l’erreur. Une fois qu’il se plaint plus brutalement, lancez LA phrase qui solde le contentieux : « Oh après tout, fais comme tu l’entends, c’est ta vie pas la mienne ». Hop ! Vous êtes un sans cœur ! Oui ! Un sans cœur, mais un sans cœur peinard qui va pouvoir aller se reposer au lieu de se coltiner les sanglots long du crétin qui vient tout le temps, même en automne.

Le fauché. Ah, le fauché, l’investisseur malheureux, le ruiné par Eurotunnel (soi-disant), celui qui a fait une mauvaise affaire… Cet énergumène ressemblant plus à un démarcheur d’aspirateurs foireux et vendeur de poudre de perlimpinpin vient toujours vous taper d’un billet (plus ou moins gros selon votre cœur et votre crédulité) pour se retaper (encore soi-disant). Le coller à la porte, ou plutôt le pousser à partir de lui-même ? C’est généralement très simple, encore faut il accepter de mentir comme un arracheur de dents, et y aller franchement au culot. Premier pas vers la délivrance : lui parler de VOS problèmes financiers (imaginaires j’espère). Parlez lui longuement, avec force larmes et gémissements de plainte de votre crédit à taux variable, de la bagnole qui justement commence à battre de l’aile, ou pire encore, de la mutuelle qui refuse de payer les lunettes de la petite dernière. Parlez aussi avec les mêmes jérémiades du pognon que vous versez pour financer une arrière grand tante malade (et imaginaire), ou encore de votre mauvais placement en bourse. Tiens, il a autre chose à faire, il est en retard… chouette, il s’en va ! Efficace, cruel, et surtout… vicieux, parce que le personnage ira colporter tout ceci au tout venant, ceci vous garantissant, à terme, le soutien de votre famille (la partie honnête en tout cas), ainsi qu’une étrange disparition des quémandeurs habituels.

Les critiques sont une espèce réellement protéiforme. Généralement, cet aspect insupportable de leur personnalité fusionne avec d’autres, comme par exemple le piqueur de fric et le critique s’emboîtent bien pour donner « Société de merde qui ne me donne pas toutes les possibilités de m’épanouir ». De ce fait, l’emmerdeur qui critique tout, et vous avec, a le don d’exacerber vos envies d’homicide. N’en faites rien (à moins d’être sûr de votre fait, mais ce ne sera pas l’objet d’un cours sur le meurtre prémédité…) ! Jouez au contraire avec ses nerfs à lui ! Hé oui : le critique cherche soit l’affrontement pour légitimer ses opinions, et c’est là qu’il faut faire preuve de stratégie. S’il sourit de ravissement en vous insultant, jouez les flagorneurs, reconnaissez tous les torts et pire encore, quitte à vous accuser vous-même de légitimer l’usage d’esclaves humains dans les mines de sel de dieu seul sait quelle république ex Soviétique à l’orthographe incompréhensible. Cela l’agacera au plus haut point, et pourtant il ne pourra alors pas vous blâmer, vu que vous lui donnez entièrement raison. Jouez les masochistes ! Il fuira l’absence de résistance, et vous taxera d’être « que des dingues ». Ca tombe bien : les dingues n’aiment apparemment pas les cons.

Le pique-assiette est l’espèce la plus facile à virer : déclarer d’emblée qu’il n’y a rien à bouffer, et que le buffet est payant, et paf il s’envolera en maugréant contre votre pingrerie. Insistez pour qu’il reste en annonçant un tarif exorbitant auquel vous aurez « la générosité » de faire un rabais fort intéressant. Dites « 85 Euros par personne, je te le fais à 50 parce que c’est toi… payable d’avance » ; Tiens, il a fui le pourri ! Chouette, il n’essayera plus de s’incruster à l’heure du repas celui-là !

Les « bonne conscience » n’apparaissent que plus rarement. Ce sont ceux qui se font mousser d’être venus vous soutenir dans les moments pénibles, d’être là quand vous avez besoin d’eux, qui ne se priveront jamais de vous le rappeler. Là, pas de pitié : virez les ouvertement en disant que vous n’avez pas besoin d’une pleureuse dans vos pattes. Radical, méchant, mais excusable puisque vous êtes dans une mauvaise passe. Allez y franco, tirez dessus, soyez cruels en lançant des « tu n’as pas assez de tes ennuis, alors tu viens regarder ceux des autres pour te rassurer ?! » Criez si nécessaire, pour créer un malaise dans l’assemblée, pour qu’il ait une telle honte qu’il n’y revienne plus.

Et enfin, le champion du monde, l’insupportable, l’impardonnable crétin, le candide, celui à qui il n’arrive que des emmerdes parce qu’il est trop candide et con pour les éviter. Ce phénomène social, ce parasite involontaire, c’est le pire des pire, parce qu’il est très difficile de lui reprocher autre chose que son manque chronique de tempérament. L’engueuler ? Inutile, il pleurera comme une madeleine. Le soutenir ? Il vous tiendra alors la jambe pour quémander des conseils. L’aider financièrement ou moralement ? Vous en ferez un assisté qui vous fera les poches, et s’habituera à la situation. Alors, que faire ? Tout dépend. Pour ma part, j’use de la stratégie inversée, qui consiste à lui demander des conseils alors qu’il est déjà largué. J’use et abuse de ses avis éclairés, pour ensuite lui dire « ben tu vois, tu peux me conseiller et m’aider, ça veut dire que tu peux te dépatouiller »… et donc de lui donner temporairement de la confiance et de la contenance, juste le temps qu’il lui faudra pour rejoindre la rue, et qu’il comprenne alors qu’il s’est fait rouler. Ne chargez pas trop la mule, posez des questions sur des sujets qu’il prétend (à tort) maîtriser, emmenez le jusqu’à l’extase de la satisfaction, et vous en serez débarrassé… jusqu’à son prochain gadin. Enfin bon, on ne peut pas non plus tout lui reprocher : c’est un candide après tout… C’est presque excusable !

Quoique…

Allez, vous me les brisez ! Les casses burnes, dehors ! Oui tata machin, je m’en cogne que tu aies de la tension, moi j’ai ma rate qui se dilate. Non cousin bidule, pas un kopeck, je ne suis pas l’armée du salut. Oui Chose, je comprends que cela te fasse du mal… mais tu me les brise à ne pas te bouger le cul ! NON ! Oncle Truc, tu ne boufferas pas dans MA gamelle, sauf si tu aimes les croquettes pour clébard. Non ? Alors dégage.

TOUT LE MONDE DEHORS !

Fais chier, j’ai perdu mon sang froid…

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