25 août 2010

Imagerie médiatique

C’est en écoutant, en pleine journée de travail, un morceau de Rammstein, que je me suis rendu compte d’une chose surprenante : si l’on devait sélectionner des images marquantes de notre passé, des évènements, nous sommes souvent tentés d’adosser tant nos souvenirs personnels, que des situations mondiales. Aussi surprenant que cela paraisse, nous ferons forcément ressortir des photographies ou des vidéos tirées des médias. Cela peut déranger, voire même choquer certains, tant nous sommes pourtant convaincus que nous avons plus retenus de notre vécu que de l’histoire mondiale.

Et pourtant…

Vous voulez quelques exemples ? A chaque question que je vais poser, essayez de répondre aussi rapidement que possible, sans prendre le temps de trop réfléchir ou analyser. Ensuite, lisez la réponse.

Premier lien : Cliquez ci-dessous, et identifiez de quel pays est originaire l’avion ci-dessous.
Première image
Vous avez une idée ? Qu’avez-vous répondu ? Si ce sont les USA, vous avez tout juste. Maintenant, regardez à nouveau, et demandez vous comment diable vous avez réussi à reconnaître un avion militaire Américain, alors que vous n’avez pas nécessairement de passion pour l’aviation, ni même pour l’armement en général. Parce que cet avion, vous l’avez vu dans les médias, vous en avez probablement entendu parler, ou, pire encore, vu le dit avion dans un film quelconque. Hé oui : nous sommes sensibles à la propagande, et nous sommes des éponges pour des informations qui, pour utiles qu’elles soient, colportent des thématiques violentes et guerrières.

Second lien : Même principe, cliquez sur le lien, et tentez de définir quel évènement est présenté par la photographie.
Seconde image
Si vous me dites qu’il s’agit de la chute du mur de Berlin, vous avez tout juste. C’est incroyable, de pouvoir reconnaître un coin de mur, sans avoir même déjà vu le fameux mur de la honte ! Nous identifions immédiatement la fin d’une ère, la disparition du bloc Soviétique, et ce par des photographies choc. C’est terrifiant : nous n’avons parfois même pas vécus l’époque en question, mais nous sommes capables de la situer avec une certaine précision. Est-ce que j’ai appris la chute du mur à l’école ? Pour le moins pas vraiment, car le sujet était quasiment tabou, d’autant plus qu’une éducation faite par une majorité de gauchiste déprimés par l’échec de 68 ne pouvait certainement pas intégrer le fait que l’idéal communiste était en plein naufrage. Stupéfiant comment une seule photographie peut préciser énormément de choses.

Troisième lien : Identifiez la région où a été prise la photographie, voire, si possible, précisez l’époque.
Troisième image
Vous avez trouvé ? Vietnam, suite à un bombardement au napalm. Cette image a fait le tour du monde, elle a été instrumentalisée pour décrier les USA, et surtout pour être une critique de l’usage des bombes incendiaires. Etions-nous nés ? Pour ma part, non. Pourtant, je connais ce visage qui hurle de douleur, je le reconnais immédiatement, même s’il est utilisé dans un montage quelconque. A croire que ce cri de douleur m’a autant marqué que les situations dures de ma vie. Je me demande même si je ne serais pas tenté par l’envie de placer autant de clichés historiques que personnels dans ma vie. Je suis assez particulier sur cet aspect, eu égard à ma passion pour l’histoire en général. Pourtant, vais-je alors insérer des livres parmi mes expériences ? Probablement.

Dernière image : situez l’évènement de manière temporelle et géographique.
Dernière image
Marquant non ? Inutile d’épiloguer, nous avons tous vu les images de cette catastrophe, nous avons tous réagi face à l’horreur de cet attentat. Nous l’avons « vécu » en temps réel, via les médias, nous avons tous retenu notre souffle en pensant à ceux bloqués dans les étages, et nous avons tous eu un moment d’horreur absolu en voyant la première, puis la seconde tour s’effondrer. Marquant, atroce, définitif, cet évènement sera à jamais gravé dans l’inconscient collectif comme étant le tournant fatal aux USA concernant sa politique de sécurité intérieure.

Et là, c’est notre album personnel qui en est chamboulé. Où plaçons nous notre vie alors ? Les anniversaires, ils sont récurrents, souvent ordinaires. Quelques faits marquants peuvent aller dans le calendrier (naissance, décès, mariage…), mais globalement, combien de mois, voire d’années sans nouveauté ou fait marquant ? Serions-nous donc en pleine compensation de ces trous avec les histoires des autres ? C’est à se poser sincèrement la question…

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